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« On a déposé une demande en bonne et due forme auprès de la préfecture de Tétouan le 7 janvier, laquelle n’a pas jugé utile de nous répondre. Ce qui nous a amenés à lui adresser une autre lettre de rappel qui ne semble pas avoir été prise en compte elle non plus puisqu’on n’a reçu aucune réponse », nous a déclaré Mohamed Ben Yacoub, président de l’AMS. Et de poursuivre : « Le silence des autorités nous a obligés à envoyer une autre lettre au pachalik de Fnidek, mais recommandée cette fois-ci». Il a fallu attendre le jour de l’organisation de la caravane médicale pour que les militants de l’AMS découvrent la réponse de ces autorités, à savoir l’envoi de dizaines d’éléments des forces auxiliaires pour interdire cet événement. « J’ai reçu l’ordre d’interdiction de la part du pacha de Martil le samedi vers 10h30 alors qu’on était déjà en pleine action. Le représentant des autorités locales sur place a argué que cet ordre lui avait été transmis par le caïd. Ce qui est archi-faux», nous a expliqué notre source. Cette décision d’interdiction est des plus absurdes puisque l’AMS avait déjà dispensé ses services aux migrants de cette région. « On est à notre troisième caravane en ces lieux. Mais, la menace d’interdiction avait toujours plané sur nos têtes et c’est grâce à l’intervention du ministère des MRE et des Affaires migratoires qu’on avait pu accéder à ces migrants. Cette fois-ci, on a été contraints de plier bagage et de rebrousser chemin alors que nous avions déjà entamé la distribution des vivres et effectué certains soins médicaux », a-t-elle précisé.
Selon un communiqué de l’AMS, le caïd et les 60 éléments des forces axillaires présents sur place ont catégoriquement refusé tout dialogue avec les membres de l’AMS et n’ont nullement jugé utile de prendre en considération les documents administratifs attestant de la légalité de la caravane et du respect des procédures en vigueur. Pis, cette intervention musclée a privé 200 migrants malades de soins et de médicaments et a empêché l’équipe médicale de diagnostiquer l’origine des cas graves de tuberculose enregistrés en décembre dernier au niveau du siège de ladite association sis à Tétouan.
Pourtant, l’AMS n’est pas la seule à avoir eu des difficultés pour accéder à cette zone qui s’étend au-delà de la forêt de Belyounech et qui englobe tout l’espace qui entoure les présides occupés de Sebta et Mellilia. Plusieurs témoignages émanant d’autres ONG nous ont confirmé que ces régions sont strictement interdites d’accès. « Une délégation de journalises venus de Barcelone a été obligée de rebrousser chemin vers l’Espagne alors qu’elle envisageait de pénétrer dans cette zone via Nador. En fait, les journalistes et les militants des droits de l’Homme sont devenus persona non grata dans cette région », nous a confié une source de l’AMDH-section Nador. Et de poursuivre : « Notre association a dû, elle-aussi, batailler dur pour acheminer des vivres vers les migrants installés dans la forêt de Khamis Akdim ».
D’autres témoins nous ont également affirmé que l’encerclement sécuritaire de la région au cours des dernières semaines a aggravé la famine des migrants irréguliers installés dans ces forêts.
Des pratiques qui en disent long sur les contradictions de la nouvelle politique nationale de la migration et des principes qui l’encadrent. Notamment ceux afférents au respect des droits de l’Homme. Ainsi nombreux sont ceux qui s’interrogent sur le sort réservé à la Convention-cadre d’assistance humanitaire signée avec le Croissant-Rouge marocain dans l’objectif d’assurer l’assistance humanitaire d’urgence aux migrants vulnérables et la mise en œuvre des droits énoncés par la Charte internationale des droits de l’Homme qui englobent, entre autres, la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH), le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (ICCPR) et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (ICESCR).