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Combien sont-elles aujourd’hui à vivre le drame des terres collectives, les terres de la Jmaa, dont ne profitent que les hommes selon une coutume archaïque, perpétuée par une loi de 1919? Elles sont des milliers et des milliers, qui proviennent de toutes les régions du Maroc, du Nord au Sud, et plus seulement du Gharb. Difficile d’avoir un chiffre exact.
Dans ce pays, les femmes des tribus ne sont pas reconnues, n’ont pas d’identité, n’ont pas le droit de se revendiquer « Soulalyate ». De bureau en bureau, elles sont dans l’incapacité d’obtenir un papier officiel, un certificat témoignant de leur appartenance aux « soulalyate ». La loi du silence pèse de tout son poids, le poids des coutumes, forcément discriminatoires. « Ces femmes n’ont aucun droit, sinon celui de se taire au même moment où le Maroc a réformé son code de la famille, a adhéré à la convention pour l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard de la femme, parle d’égalité et permet à la Marocaine de transmettre sa nationalité. Dans ce dossier des terres collectives, c’est précisément la mentalité masculine, toute puissante qui domine. Les représentants des ayants droit au sein du conseil de tutelle que préside le ministère de l’Intérieur déclarent haut et fort qu’ils représentent les hommes de la tribu pas les femmes ! » s’exclame le bâtonnier Abderrahim Jamaï, avocat de ces « Soulalyate » du Gharb qui ont choisi, avec le soutien sans faille de l’Association démocratique des femmes du Maroc et du Forum Alternatives Maroc, d’introduire un recours d’une action en justice devant le Tribunal administratif. Une action donc pour contester et annuler les décisions du conseil de tutelle qui excluent les femmes du partage et la cession de ces terres et leur dénient la qualité d’ayants droit. Six dossiers sont donc devant la justice. Et l’Etat marocain, contre qui le recours a été déposé, a déjà fait savoir sa réponse. En effet le représentant de l’Etat « s’est attaché à examiner la forme des requêtes en justice introduites par les femmes en leur demandant d’apporter les preuves de leur qualité de membres des tribus soulalyate alors que cette qualité a été reconnue à leur parentèle masculine ». « C’est un scandale, de la mauvaise foi. Les soulalyates ne retrouveront jamais leurs terres qui ont été vendues. Elles réclament seulement leur droit à l’indemnisation », explique l’activiste Rabéa Naciri, l’une des principales fondatrices de l’ADFM.
Adapter les lois avec l’évolution du pays
Le problème est en fait éminemment politique. Et la volonté pour changer une loi coutumière datant du protectorat existe-t-elle réellement ? « Les pouvoirs publics n’ont pas adapté les lois avec l’évolution que connaît le pays. Le Parlement est invité à assumer ses responsabilités et à légiférer pour que les soulalyates ne soient plus exclues en tant qu’ayant droit», répond l’avocat Abderrahim Jamaï.
La justice n’a pas encore tranché. Et le combat s’annonce long et difficile. Les terres collectives représentent des enjeux économiques aujourd’hui importants. Face à l’urbanisation et la rareté du foncier, les terres « jmou’ » sont au cœur de toutes les convoitises spéculatives. Parce que les femmes sont les premières victimes de l’exclusion, de l’injustice, de la précarité, la mobilisation ne fait que commencer. Pour que les Soulalyate fassent entendre leurs voix.
L’ADFM organisait jeudi 2 juillet un sit-in devant le Parlement pour soutenir « la mobilisation des femmes soulalyate dans leur reconnaissance comme des ayants-droit ». Les actions de sensibilisation vont se multiplier, l’opinion publique continuera d’être alertée. « Nous avons bien écrit aux responsables. Personne n’a daigné répondre à nos correspondances. Nous faisons le pari de l’Etat de droit en saisissant la justice. Notre action va se poursuivre devant les tribunaux du pays », soutient l’activiste des droits des femmes, Rabéa Naciri.
Les Soulalyate, elles, sont déterminées à aller jusqu’au bout de leur combat en livrant bataille aux archaïsmes. Leur mouvement se constitue dans la spontanéité et, surtout, dans une communauté de valeurs, celles de la justice et de l’égalité.