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Les Egyptiens défient toujours le couvre-feu


L.M.
Lundi 31 Janvier 2011

Les Egyptiens défient toujours le couvre-feu
Des dizaines de corps gisaient sur la chaussée près de la prison d'Abou Zaabal, hier matin, où une émeute avait eu lieu dans la nuit et des coups de feu tirés au cours de l'évasion des prisonniers.
Plusieurs cas de prisons abandonnées et d'évasions ont été enregistrés à travers le pays depuis le début de la révolte sans précédent contre le régime de Hosni Moubarak au pouvoir depuis 1981.
La colère des Égyptiens demeure donc intacte, malgré les remaniements opérés par le Président Moubarak, qui a nommé un vice-Président et un nouveau Premier ministre, tous deux issus des forces militaires.     
Signe que le rôle de l’armée demeure aussi important que par le passé, le Président Moubarak a nommé pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 1981, un vice-Président, choisissant son chef des services de renseignement et confident Omar Souleiman.
Cette nomination, qui pourrait être le prélude à la désignation d’un successeur, intervient parallèlement à la désignation du ministre de l’Aviation, le général Ahmad Chafic, comme Premier ministre.
En attendant, le centre du Caire garde trace de la fureur populaire. Les bâtiments officiels incendiés ont fini de brûler sans que les pompiers interviennent, et les rues sont parsemées de pierres.
La plupart des commerces et des entreprises du Caire sont restés fermés hier.  Idem pour la Bourse du Caire qui n’ouvrira pas ses portes aujourd’hui pour une deuxième journée consécutive et pour les banques auxquelles l’Institut d’émission du pays a intimé l’ordre de garder porte close. Plusieurs pays occidentaux et arabes ont, pour leur part, dépêché des vols spéciaux au Caire pour le rapatriement de leurs ressortissants.
Des dizaines d'investisseurs étrangers ont également quitté le pays du Nil qui a pris hier la décision d’interdire la chaîne satellitaire Al-Jazeera.
L'Union européenne qui va tenter aujourd’hui de tourner la page Ben Ali en Tunisie en gelant les avoirs du clan du Président déchu reste, quant à elle, hésitante sur l'attitude à adopter face à la vague de protestations déclenchée par la révolution tunisienne dans le monde arabe, en Egypte surtout.
Pour leur part, les Etats-Unis, dont le monde entier a salué comme il se doit le discours de Barack Obama, franchement favorable aux «aspirations démocratiques» de la Tunisie, il reste sur sa faim s’agissant de l’Egypte. A croire que la démocratie à l’américaine est, elle-aussi, à géométrie variable selon qu’elle nuise ou pas à ses intérêts et à ceux de ses alliés dans la région. A titre d’illustration, voilà ce qu’a dit Obama de la Tunisie : «Laissez-moi être clair : les Etats-Unis se tiennent aux côtés des Tunisiens et soutiennent les aspirations démocratiques de tous les peuples», devant un Congrès qui l’acclamait à tout rompre.
Voilà ce qu’il pense de l’Egypte : «Les réformes politiques et économiques sont cruciales pour l’avenir de l’Egypte», mais il avoue que le Président Moubarak «joue un rôle très utile sur un éventail de questions difficiles au Proche-Orient». Barack Obama est évidemment convaincu que Moubarak est le pire des Présidents que l’Egypte puisse avoir, mais il est tout aussi convaincu que le Raïs est le meilleur serviteur et homme de main que les Etats-Unis puissent avoir au Caire pour discipliner un peuple connu pour ne pas avoir accepté de gaieté de cœur le mariage de raison entre Israël et l’Egypte.
La proximité immédiate d’Israël, dont la sécurité est érigée en dogme national scellé et non négociable aussi bien pour les démocrates que pour les républicains, rend l’équation égyptienne beaucoup plus complexe à gérer que celle de la Tunisie. Moubarak est en effet à ce point vital pour des enjeux moyen-orientaux qui dépassent largement les préoccupations plus terre à terre des Egyptiens.
Le Raïs, qui s’accroche à son fauteuil malgré le grondement de la rue, sait qu’il est précieux pour Washington dans le traitement des dossiers aussi sensibles que celui du processus de paix au Proche-Orient, la gestion du Hamas et bien sûr la dénonciation de l’Iran. Mais jusqu’à quand ?
Deux inconnues demeurent dans cette équation très égyptienne : la grande muette le défendra-t-elle envers et contre tout et la population serait-elle prête à accepter un autre ancien militaire comme Raïs? Hier, sur la Place de la Libération, l’air ne ressemblait pas tout à fait à la musique orchestrée ailleurs que sur les bords du Nil.


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