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Fruit d’un travail collectif, cet ouvrage réunit quatre professeurs de renom chacun spécialiste d’un sujet qu’il a développé.
Le Pr. M’hammed Benaboud, historien et chercheur, remonte le temps et conduit le lecteur sur les traces de l’antique Tamouda au 3e siècle avant J.C. Au fil du temps, l’on découvre une histoire marquée par des constructions et destructions jusqu’au 16e siècle lorsque Tétouan est rebâtie par Al-Mandri… Suivra une période des Lumières – dirions-nous – où Tétouan connaîtra un important développement économique et culturel, entre le 17e et le 18e siècle. Cet aspect historique se veut être un prélude pour mieux comprendre les richesses souterraines laissées par nos ancêtres.
Le scoundu en fait partie. C’est ce que nous explique Khalid Rami. Ce terme qui viendrait de l’espagnol « segundo » (deuxième) désigne le réseau de canalisation souterrain – unique en son genre -, datant de plusieurs siècles et dont les tuyaux en céramique s’enchevêtrent sous la médina afin d’acheminer de l’eau, chaude en hiver et fraîche en été jusqu’aux fontaines publiques, aux mosquées, aux hammams et aux demeures privées. Ce réseau a pris le nom de «scoundu» car, après la création d’un nouveau réseau de distribution d’eau pendant le Protectorat, il n’était plus que le « second» système en place.
Un autre pan du patrimoine souterrain est dévoilé par Rodolfo Gil Benumeya Grimau dans la troisième partie de l’ouvrage. Il s’agit des mazmorras. Entre le 16e et le 17e siècle, les corsaires marocains et portugais s’affrontent en mer.
Les Tétouanais enfermeront les Catholiques capturés dans des grottes souterraines. Ce réseau de grottes, énorme labyrinthe souterrain, est un système unique au Maroc qui témoigne d’une histoire partagée entre les deux rives de la Méditerranée puisque ce système de mazmorras existe également dans la Péninsule Ibérique. Des explorations ont permis de découvrir, dans ce réseau de grottes, une église chrétienne « Nuestra Señora de los Dolores » où les prisonniers pouvaient se recueillir.
S’il est un lieu qui peut « dire » l’histoire, c’est sans aucun doute le cimetière. Jaafar Ben Elhaj Soulami préfère parler de « mémoire silencieuse ». Tétouan qui est une cité marquée de manière indélébile par la cohabitation des trois religions monothéistes, abrite trois cimetières pour trois communautés religieuses qui se sont côtoyées des siècles durant et qui continuent à l’être après la mort.
Ce qui témoigne incontestablement de cette longue tradition de tolérance et de respect mutuel. Témoins silencieux de l’histoire, les cimetières font partie intégrante du patrimoine partagé.
Par la lecture de cet ouvrage, l’on découvre des aspects méconnus de notre patrimoine, l’on apprécie les détails d’une histoire non enseignée et l’on admire des photographies d’une grande qualité nous emmenant – comme c’est le cas pour les mazmorras – dans la partie invisible et silencieuse d’un legs ancestral. Certes ! Mais que dire de la préservation de ce patrimoine oublié et laissé à l’abandon?
Il est vrai que « souterrain » rime aussi avec « loin »… Loin des yeux, loin du cœur, comme dirait la chanson.
Quoi qu’il en soit, « Reflets souterrains de l’histoire d’une cité » a le mérite d’avoir défriché un terrain trop souvent occulté…