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Ayant fait planer le doute jusqu’à la dernière minute, les Etats-Unis, l’Australie et les Pays-Bas ont finalement annoncé dimanche qu’ils ne participeraient pas à la conférence, qui doit assurer le suivi de celle, houleuse et très controversée de Durban, il y a huit ans en Afrique du Sud. Dans la soirée, l’Allemagne est venue s’ajouter à la liste des pays qui seront absents. Il est à craindre “que cette conférence ne soit détournée au profit d’autres intérêts (que ceux qu’elle est censée servir), comme l’avait été la précédente en 2001. Et cela, nous ne pouvons l’accepter”, a déclaré dans un communiqué le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.
Israël et le Canada ont fait savoir depuis longtemps qu’ils boycotteraient la conférence de Genève. L’Italie, qui a fait de même début mars, a confirmé sa décision dans la soirée.
La Grande-Bretagne a en revanche annoncé sa présence, quoiqu’au niveau de son ambassadeur à l’ONU. La France participera à la conférence “afin de défendre son point de vue concernant les droits de l’Homme”, a déclaré à l’AFP une source proche de la présidence française.
De nombreux pays redoutent que la réunion ne soit l’occasion d’attaques antisémites du type de celles qui avaient gravement entaché la réunion de 2001, avec le départ fracassant des Etats-Unis et d’Israël.
Le président iranien, connu pour ses diatribes antisémites, devait prononcer un discours hier après-midi au siège des Nations unies de Genève, lieu de la conférence.
Comme pour alimenter ces craintes, M. Ahmadinejad a déclaré dimanche que “l’idéologie et le régime sionistes (étaient) les porte-drapeaux du racisme”, selon la télévision iranienne.
Le Congrès juif européen a appelé les pays européens à “tirer les leçons du passé et à se retirer” de la conférence.
La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) a salué la décision des pays qui ont opté pour la non-participation. “Les absents ont raison”, affirme l’organisation dans un communiqué.
Les pays qui boycottent la conférence “font l’honneur des démocraties, car ils restent fermes sur les principes, refusent les compromissions et ne participent pas au marchandage des droits de l’Homme auquel on a assisté ces dernières semaines”, estime la Licra.
Outre les craintes liées à M. Ahmadinejad, la plupart des pays occidentaux butaient encore dimanche sur le projet de déclaration finale produit par les diplomates et qui semblait avoir obtenu un consensus, s’inquiétant d’atteintes à la liberté d’expression.
Le document, entériné vendredi par le comité préparatoire de la conférence, ne fait pourtant plus mention d’Israël ni de la diffamation des religions, deux “lignes rouges” pour les Occidentaux, tandis que le paragraphe sur la mémoire de l’Holocauste était maintenu contre l’avis de l’Iran.
Reconnaissant les “progrès” accomplis, les Etats-Unis ont toutefois déploré que figure dans le texte la réaffirmation de la Déclaration et Programme d’action de Durban (DDPA) de 2001, document qu’ils n’ont pas adopté.
La DDPA comporte en effet deux paragraphes traitant du conflit israélo-palestinien que Washington conteste. Celui sur le “sort du peuple palestinien vivant sous occupation étrangère” figure qui plus est au chapitre des “victimes du racisme”, ce qui revient de facto à assimiler l’occupation à du racisme.
Lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet des Amériques à Trinité-et-Tobago, le président américain Barack Obama a déclaré que l’inclusion de certains propos dans le document “était souvent absolument hypocrite et contre-productive” et n’était pas acceptable pour Washington.