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Tout est calme ce matin de septembre au sommet du Merapi, à 2.914 m.
Des panaches de vapeurs sulfureuses s’élèvent tranquillement dans le ciel bleu. La lave solidifiée est chaude au toucher mais la terre ne gronde pas.
Les périodes de repos du Merapi ne durent jamais très longtemps. Environ tous les 4/5 ans -un rythme court pour un volcan-, une éruption se déclenche, parfois violente. 68 ont été recensées depuis le milieu du XVIè siècle, dont certaines dévastatrices, comme en 1930 (1.400 morts) et 1994 (60 morts).
“C’est pour cela que le Merapi est le volcan le plus surveillé d’Indonésie”, explique Sri Sumarti, qui dirige à Yogyakarta une soixantaine de personnes chargées de suivre, en permanence, l’activité de la montagne.
Le rôle de ce Centre de recherche, qui dispose de cinq stations d’observation, est crucial. Car “le volcan est situé au beau milieu d’une région extrêmement peuplée”, avec plus d’un million de personnes vivant sous la menace d’une explosion de son dôme de lave, des nuées ardentes et des lahars (coulées de boues), rappelle Mme Sumarti. Ses seuls flancs accueillent ainsi 12.000 habitants, pour la plupart des paysans qui y cultivent fruits et légumes sur une terre extrêmement fertile. La dernière éruption, au printemps 2006, avait entraîné l’évacuation de plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Pour surveiller le Merapi, les services de Mme Sumarti utilisent surtout des sismographes qui décèlent les mouvements provoqués notamment par la montée du magma.
“La sismologie est la méthode principale pour déterminer les signes précurseurs d’une éruption mais elle n’est pas la seule: l’étude des gaz, des températures, des champs magnétiques et des déformations du dôme est également importante”, souligne Jean-Paul Toutain, un géophysicien responsable de la coopération franco-indonésienne de volcanologie. Chaque année, ce chercheur basé à Toulouse stationne durant plusieurs jours sur le dôme, sur lequel ont été installés capteurs et sondes qui résistent, tant bien que mal, à la chaleur et à l’humidité. “Le Merapi est un fabuleux laboratoire à ciel ouvert, où l’on teste des nouveaux équipements et des procédures inédites”, s’enthousiasme le volcanologue.
“Grâce à ses fréquentes éruptions, ce stratovolcan offre des retours d’expérience fondamentaux”, renchérit son collègue italien Francesco Sortino, un spécialiste italien des gaz (oxygène, soufre, azote, radon...) que relâche en permanence le Merapi.
Initiée par le célèbre vulcanologue Haroun Tazieff, la coopération franco-indonésienne permet notamment de tirer de “précieux enseignements” pour la surveillance de plusieurs volcans actifs d’Outre-mer comparables au Merapi, comme la Soufrière (Guadeloupe), le Piton de la Fournaise (Réunion) ou la Montagne Pelée (Martinique), souligne Jean-Paul Toutain. Malgré les progrès de leur science, les volcanologues ne peuvent prévoir si la prochaine colère du Merapi se déroulera dans les prochains mois, dans deux ou cinq ans. Mais ils estiment être désormais “bien armés pour déclencher à temps l’alerte et évacuer les populations menacées”, selon Mme Sumarti. “De toutes les façons, nous connaissons le danger”, souligne Surat, un guide de 35 ans qui habite au pied du volcan. “Notre vie se mélange à celle du Merapi et nous savons prêter attention aux signes qu’il envoie”.