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Flash-back : un tableau du regretté Miloud Labied, offert aux enfants de l’hôpital en 1994, a disparu d’Ibn Sina pour se retrouver à la nouvelle galerie de la Trésorerie du Royaume. Après une enquête, nous avons conclu à la disparition de trois autres tableaux. Les fonctionnaires de la pédiatrie, les traces des tableaux sur les murs le confirment.
Dans une «mise au point» envoyée par le directeur de la pédiatrie Mohamed Elkhorassani à notre journal, il déclare : «A mon avis, accrocher un tableau d’une valeur importante dans une institution hospitalière, où les enfants souffrent et parfois meurent faute de moyens serait un crime. Une contradiction de taille : ni l’artiste, ni l’enfant, ni les soignants ne pourront admirer une toile dans un climat de misère et de maladie».
D’ailleurs, il admet qu’il a «agi de –sa- propre initiative» et qu’il s’«en excuse». Pour lui, on «ne peut –lui- reprocher de prendre le devant», et ceci pour des raisons telles que l’absence des «traces de contrat ou d’engagement entre l’ancienne administration et les artistes par rapport à ces toiles». Cela le pousse à soutenir que «les toiles ne sont pas protégées». Il ajoute que les toiles «du fait de leur exposition se détériorent de plus en plus» et qu’«il n’y a aucun moyen de les surveiller ».
Pour ce qui est de l’œuvre de Miloud Labied, il précise que le tableau « a commencé à subir des altérations du fait de son exposition au hall de l’hôpital, et à attirer l’attention des « voyous » après la mort de l’artiste ». Il a indiqué aussi qu’on lui a proposé des «sommes importantes pour la substituer». Action qu’il juge de « honteuse ». Donc, il a pris l’initiative en vendant cette toile, et ce pour utiliser ses recettes pour «traiter les malades et améliorer les soins». Enfin de sa «mise au point», le directeur El Khorassani lance un appel aux artistes pour qu’ils offrent leurs tableaux à l’hôpital.
Signalons également que le directeur a répondu aux questions que nous lui avons posées et portant sur le prix de vente, la société intermédiaire entre l’hôpital et la trésorerie, le nom du vendeur, le nombre de tableaux vendus, la destinée de l’argent… A cet égard, il a affirmé que c’est la galerie Compagnie marocaine des œuvres et objets d’art (CMOOA) qui a effectué la vente et que le montant est de 650.000 Dh. Il admet qu’il avait reçu un chèque en son nom de 330.000 DH pour le tableau de Miloud Labied. De plus, il regrette que l’ancienne administration de l’hôpital n’ait pas répertorié les tableaux. Il dit dans sa lettre que l’argent servira à «payer les travaux et les équipements des services cliniques». Enfin il nous fait savoir qu’il y a plusieurs enfants qui souffrent et qu’«il ne faut pas dévier les problèmes».
Après ces informations préliminaires, beaucoup de choses se sont clarifiées. D’abord, le tableau de Miloud Labied a été vendu au nom du directeur à une société de décoration et d’œuvres artistiques au prix de 650.000 Dh. Cette vente s’est effectuée dans un cadre informel et sans procédure administrative ni appel d’offres. La Trésorerie du Royaume, ayant acheté ce tableau sans en connaître l’origine, endosse une part de responsabilité. En plus, ce n’est pas à travers la vente des tableaux que les enfants mourants vont survivre. Et ce n’est plus via la vente au marché noir des tableaux d’une valeur esthétique, artistique et humaine précieuse que les infrastructures des hôpitaux seront construites. La question à poser : pourquoi le tableau a-t-il été vendu après la mort de Miloud Labied et non avant? D’ailleurs, de bonnes sources nous ont indiqué que le regretté Miloud avait refusé de vendre son chef-d’œuvre et insisté pour qu’il soit offert aux enfants de la pédiatrie.
Vendre un chef-d’œuvre artistique sans aucune considération et d’une manière peu transparente, ne peut être ni explicable, ni justifiable a posteriori. Aujourd’hui, l’Appel pour le réveil du peuple de la Gauche s’est inquiété du sort des œuvres d’art destinées aux enfants : Après la publication par notre journal de cette information, la CMOOA nous a téléphoné et affirmé sa volonté de remettre le tableau à sa place initiale. Ce qui porte davantage d’eau au moulin de tous ceux, (et ils sont nombreux), qui demandent qu’une enquête générale soit initiée pour jeter la lumière sur les manquements à la procédure qui ont accompagné la vente des tableaux de la pédiatrie Ibn Sina, mais aussi sur l’ensemble des biens de cet établissement et de la gestion de son budget. Comme nous l’a signalé Omar Balafrej, une enquête judiciaire s’impose ; cette pédiatrie n’étant pas un «chez soi» des hauts fonctionnaires.