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« Je suis de nationalité ivoirienne. J’ai 23 ans. Mon travail consistait à faire le ménage chez un couple marocain, une grande demeure de huit chambres. Mais au bout d’une semaine, d’autres tâches se sont ajoutées: laver les voitures (5), nettoyer la piscine, arroser le jardin. Mon salaire était de 850 DH. Je travaillais sans repos. Je commençais le travail à 7h, et je finissais quand mes patrons allaient au lit, après minuit. Je dormais dans une petite pièce à côté des toilettes. Je ne mangeais pas bien. Je n’avais pas droit à la sortie. Je ne pouvais plus supporter. Le travail était très pénible. C’était vraiment atroce de voir les humains faire ça à une autre personne », témoigne N.
« J’ai 28 ans. Je suis de nationalité sénégalaise. Je travaillais chez un couple marocain. Pendant trois mois, je ne me lavais pas. Mes patrons m’ont demandé de me laver une fois par semaine. Je n’avais pas droit au petit-déjeuner et mon dîner était le reste de la nourriture. Je n’avais pas droit à la télé et à Internet. Au bout de trois mois, je n’ai perçu aucun salaire, fixé à 1500 DH», confie Aminata Diop.
Tel semble être le quotidien des femmes domestiques subsahariennes au Maroc selon des témoignages recueillis par l’Association Lumière sur l’émigration au Maroc (ALECMA).
En détail, un rapport d’enquête présenté avant-hier à Rabat par celle-ci a révélé que les différentes Subsahariennes interrogées dans les villes enquêtées ont précisé qu’elles ne sont pas embauchées avec des contrats de travail mais via des arrangements verbaux avec les employeurs. Des contrats tacites souvent rompus après quelques semaines ou quelques mois à cause de violation de leurs dispositions. En fait, ces femmes se sont trouvées contraintes, souvent après un certain temps, à effectuer plusieurs tâches qui n’ont pas été précisées lors de leur embauche. Des femmes recrutées pour faire le ménage se retrouvent en train de laver les voitures, faire la cuisine, le jardinage, la baby-sitter, etc.
Elles travaillent plus que les 48 heures par semaine, temps de travail réglementaire fixé par le Code du travail et elles ne sont pas rémunérées pour les heures supplémentaires qu’elles sont obligées d’effectuer. Certains employeurs les paient en deçà du SMIG fixé à 13,46 DH/h soit 2584,32 DH/mois.
Le rapport en question a précisé également que certains employeurs ont des comportements attentatoires à l’intégrité morale de ces femmes. « Ils n’ont pas de respect ni de considération pour elles. Elles sont humiliées et insultées quotidiennement. La violence est la méthode utilisée par certains employeurs pour dominer leurs employées. Pour cela, ils n’hésitent pas à lever la main sur celles-ci tout en les insultant et en les intimidant. Ils n’hésitent pas non plus à leur rappeler qu’elles sont noires, sans valeur et proches de l’animal. Les mots comme âabid (esclaves), azia (négresse) reviennent régulièrement », a indiqué le document de l’ALECM.
Pourtant, ce rapport qui tente de mener un travail d’identification et d’analyse de la situation de toutes les femmes migrantes d’origine subsaharienne résidant au Maroc et travaillant comme domestiques chez des Marocains et des expatriés péche par certaines carences. D’abord, au niveau du temps consacré à l’enquête. En fait, l’étude en question a été menée en trois jours dans les villes de Rabat, Fès, Casablanca, Tanger, Marrakech et Agadir, et ce du 22 au 24 décembre 2015. Un laps de temps assez court pour appréhender de manière suffisante la réalité liée aux conditions de travail et aux abus en tous genres de leurs employeurs. Ensuite, au niveau de l’échantillonnage. Le rapport n’évoque pas le nombre de femmes enquêtées, ne précise pas non plus si elles sont représentatives de la population en question ni les profils sociologiques de celles-ci. Ceci d’autant plus que le nombre de femmes domestiques au Maroc n’a pas été révélé par cette étude. Laquelle péche également par le manque de quantification des cas relatifs aux insultes, aux violences physiques, à la discrimination, aux modifications des heures de travail et aux abus. Le rapport ne fait que rapporter des témoignages sans en préciser l’ampleur.
Des carences qui ne peuvent en aucun cas occulter la réalité de la situation des femmes domestiques au Maroc qui tient du secret de polichinelle.
En fait, les rapports de la société civile ne cessent de rappeler la précarité et l’absence de protection juridique de ces femmes, qu’elles soient marocaines ou issues d’autres nationalités. Le traitement est le même pour toutes indépendamment de leur race, de leur religion ou de la couleur de leur peau: absence de contrats de travail en bonne et due forme, non-respect des horaires de travail par les employeurs, maltraitance et la liste est longue. Des violations qu’il faut néanmoins contextualiser et relativiser. Un constat agréé aussi par le rapport de l’ALECM qui a indiqué que certains employeurs respectaient leurs employées et les traitaient avec respect.