Retrouver l'Allemagne dans le dernier carré d'un Mondial, contre l'Espagne mercredi à Durban, n'est pas une surprise: la Nationalmannschaft est présente à ce stade de la compétition pour la 12e fois en 17 participations.
Mais Joachim Löw a réussi à insuffler un état d'esprit particulier à sa jeune sélection. Volontairement ou pas, le sélectionneur a pris le contre-pied de ses homologues italien et français. Style de jeu: Quelques heures après la finale de l'Euro-2008 perdue contre l'Espagne (1-0), Löw lance à ses adjoints un slogan qui l'anime depuis: "Etre sacré champion du monde avec une vision défensive et en marquant un seul but décisif, comme l'a fait l'Italie en 2006, ce n'est plus possible".
"On ne pourra devenir champion du monde que si on pratique un jeu offensif qui pose problème à nos adversaires", répète-t-il à ses joueurs au cours des matches de qualification pour le Mondial-2010 et des rencontres amicales.
Malgré leur jeunesse et leur manque d'expérience, Löw retient Ízil, Müller, Khedira, Badstuber, des joueurs techniquement doués et rapides. Il écarte en revanche Frings, Metzelder, Hitzlsperger et Kuranyi, qu'il juge trop lents et/ou vieillissants.
Pour Joachim Löw, la discipline tactique est capitale: l'occupation du terrain, les distances entre les joueurs et les combinaisons sont inlassablement travaillées à l'entraînement pour être automatisées, tandis que sur le tableau noir, il divise le terrain en 18 rectangles où chaque joueur se voit assigner des directions de jeu.
"Chaque joueur doit se rendre disponible et aller dans les espaces dès qu'il a passé le ballon. Cela donne du rythme et du dynamisme à notre jeu", expliquait-il après la démonstration contre l'Argentine (4-0) en quart de finale. Gestion des joueurs: Même s'il n'a jamais été international lorsqu'il était joueur, même si son palmarès d'entraîneur en club est plus que modeste, Löw, 50 ans, inspire un respect dont n'a jamais bénéficié le Français Raymond Domenech.
"Jogi", féru de yoga et de psychologie, a parfaitement réussi l'intégration des champions d'Europe 2009 Espoirs (Neuer, Ízil, Khedira, Boateng) dans le groupe qui a terminé 3e du Mondial-2006 et 2e de l'Euro-2008.
La différence d'âge n'était certes pas énorme, et la personnalité des "anciens" comme Lahm, Schweinsteiger, Klose, Mertesacker, travailleurs et fuyant le "star-system", a facilité les choses.
"Personne ne tire la couverture à lui, c'est un véritable plaisir d'évoluer dans ce groupe", admire l'attaquant Miroslav Klose, qui a pu mesurer l'une des qualités du sélectionneur: sa fidélité. Même si Klose et Podolski ont connu une saison difficile avec 5 buts à eux deux, Löw les a toujours considérés comme indiscutables en sélection.
"Je sais ce dont ils sont capables", martèle-t-il devant des observateurs médusés. Depuis le début du tournoi, Klose et Podolski ont marqué 6 buts à eux deux.
A l'inverse, quand un joueur sort du rang et nuit à l'ambiance du groupe, comme Frings après l'Euro-2008, ou Kuranyi vexé d'être relégué en tribunes, Joachim Löw ne pardonne pas.