-
Racisme structurel et institutionnel: Une discrimination silencieuse mais omniprésente que subissent les Marocains et autres groupes racialisés en Europe
-
Amina Bouayach : Le Maroc, un acteur majeur dans le domaine des droits de l’Homme au niveau continental
-
El Hassan Daki : Les droits de l’Homme et la prévention de la torture, une priorité première de la politique pénale
-
Une délégation de Sénateurs américains reçue par le ministre délégué chargé de l’Administration de la défense nationale et par le Général de Corps d’Armée, Inspecteur Général des FAR
-
Nasser Bourita s’entretient avec une délégation sud-africaine de l'ANC et des Sénateurs américains
Avec un ton clame et pondéré, il a évoqué le dialogue social, les diplômés chômeurs, la réforme des caisses de retraite, etc. Mais, son ton est devenu moins pondéré lorsqu’il a parlé de l’augmentation des salaires.
Pour lui, il n’y aura pas une hausse de 25% des traitements des fonctionnaires, telle que demandée par les syndicats. Et pour cause, elle représenterait plus de 27 milliards de DH par an, soit 3% du PIB. Ce qui risquerait, si elle est opérationnalisée, de mettre en péril les finances publiques. Ceci d’autant plus que la masse salariale de l’Etat a atteint, selon lui, des niveaux fort élevés par rapport aux ressources. « Cette masse salariale augmente automatiquement de 5 milliards de DH par an à cause des promotions», a-t-il précisé en ajoutant que son cabinet a mis 13,2 milliards de DH sur la table pour honorer les engagements pris par son prédécesseur, Abbas El Fassi, dans le cadre de l’Accord du 26 avril 2011.
Benkirane va plus loin. Il estime que le salaire mensuel moyen dans la Fonction publique est assez élevé et que les fonctionnaires des autres pays au niveau de développement similaire, y compris ceux qui disposent d’une manne pétrolière, le jalousent. A ce propos, il a indiqué que ledit salaire est passé de 5.300 DH en 2007 à 7.500 DH en 2014, soit une hausse annuelle moyenne supérieure à 5%, ce qui est nettement supérieur au taux d'inflation. Un mensonge puisque les statistiques de la Trésorerie générale du Royaume (TGR) arrêtées à fin 2008 ont révélé que le salaire moyen dans la Fontion publique était de 7.150 DH par mois en précisant que le salaire minimum était de 2.400 DH (au cas où l’on prendrait compte de la suppression des échelles 1, 2, 3 et 4 et dans le cas contraire, il ne serait que de 1.560 DH) et que le plus haut salaire s’élevait à 44.000 DH.
Le projet de loi de Finances 2014 a, lui aussi, indiqué qu’au titre des années 2007-2013, le salaire minimum net dans la Fonction publique est passé de 1.586 à 2.800 DH/mois avec un accroissement de 77%. Cette augmentation est due aux différentes revalorisations salariales décidées dans le cadre du dialogue social et à la suppression des échelles 1 à 4 avec l’intégration, dans l’échelle 5, des fonctionnaires classés dans ces échelles.
Pis, ces salaires ne sont pas bien répartis puisque l’analyse des tranches salariales démontre que plus de 18% des fonctionnaires civils de l’Etat perçoivent une rémunération nette mensuelle variant entre 2.800 DH (salaire minimum) et 4.000 DH ; que près de 47% de ces effectifs bénéficient d’un salaire mensuel net inférieur à 6.000 DH et que 1,4% ont un salaire dépassant 20.000 DH/mois. A noter que ces écarts croissent selon les échelles hiérarchiques mais aussi entre départements ministériels.
Benkirane veut ainsi faire accroire que l’ensemble des salariés de la Fonction publique sont grassement payés. Souvent, des fonctionnaires perçoivent des salaires 5 voire 8 fois moindres que ce qui est en vigueur dans les établissements et entreprises publics, pour ne pas dire du secteur privé alors qu’ils ont les mêmes compétences et les mêmes responsabilités. Ainsi, s’il suffit de quatre à cinq ans d’ancienneté pour qu’un fonctionnaire touche 41.000 DH par mois dans les établissements et entreprises publics, il en faut une vingtaine, voire davantage pour atteindre pareil niveau pour les autres fonctionnaires.
Mais, qu’a fait le gouvernement pour faire face à cette situation irrationnelle et absurde ? Rien ou disons plutôt pas grand-chose. En effet, l’Exécutif a déjà annoncé l’élaboration d’un projet de loi visant l’instauration d’un système de rémunération à la performance, «plus équitable et plus transparent». Une sorte d’individualisation des salaires, basée sur le mérite, le rendement et l’efficacité. Deux ans après son annonce, rien ne semble venir hormis le tour du Maroc effectué par le ministre délégué auprès du chef du gouvernement, chargé de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration pour prendre l’avis des responsables administratifs et des élus à propos du plan d’action de ce ministère qui devrait prendre fin en 2016.