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L'Etat concentre 30% des sans-abri du pays, avec 171.521 SDF recensés par les dernières statistiques gouvernementales, très loin devant New York (13%) et la Floride (5%).
San Francisco, Sacramento, San Diego... toutes les métropoles de l'Etat comptent des milliers de sans-abri. Mais c'est à Los Angeles que la situation est la plus grave: le dernier décompte effectué en janvier a recensé 46.200 sans-abri dans la ville et 75.500 dans le comté, qui inclut sa banlieue.
Ces chiffres ont respectivement augmenté de 80% et 70% depuis 2015. La Californie a ainsi massivement contribué à l'augmentation du sans-abrisme constatée aux Etats-Unis depuis le milieu des années 2010. Le sans-abrisme est une question complexe, qui touche au niveau de pauvreté, à la santé mentale ou encore à la toxicomanie. Mais le facteur principal influant sur le nombre de personnes à la rue reste l'accès au logement, selon les experts. Une gageure dans un Etat aux prix immobiliers exorbitants.
"En Californie, il y a un énorme décalage entre le coût du logement et le revenu des gens", rappelle à l'AFP Margot Kushel, la directrice du Centre pour les populations vulnérables de l'université de Californie à San Francisco. Elle a publié en juin une enquête réalisée auprès de 3.200 sans-abri dans toute la Californie, mettant en évidence ce fossé: le revenu médian de ces SDF pendant les six mois précédant leur arrivée à la rue était de 960 dollars. Soit la moitié du loyer médian (au-dessus de 1.700 dollars) pour un studio en Californie.
L'inflation immobilière est nourrie par la pénurie de logements. Depuis des années, la Californie ne construit pas assez, à cause de plans d'urbanisme favorisant la maison individuelle plutôt que l'immeuble collectif, de règles environnementales complexes et de procédures intentées par les habitants pour s'opposer à la création de logements sociaux. Voilà pourquoi une ville comme Los Angeles compte autant de personnes sans-abri dans ses rues, là où Detroit (Michigan), métropole américaine la plus pauvre, en recense beaucoup moins.
"A Detroit, l'offre de logements est abondante. Si vous touchez le salaire minimum ou l'allocation handicapé, vous pouvez potentiellement obtenir un appartement, ou au moins une chambre", résume Mme Kushel. Des stéréotypes assez répandus dépeignent le problème du sans-abrisme en Californie comme celui d'une migration de personnes pauvres du reste des Etats-Unis, venues supporter leur misère au soleil, ou profiter d'une ambiance permissive en matière de drogues.
L'étude de Mme Kushel révèle une réalité très différente, celle d'un Etat où les locaux précaires ont de grandes chances de se retrouver à la rue en vieillissant: 90% des SDF rencontrés par son équipe avaient un logement en Californie avant de se retrouver à la rue.
Parmi les personnes seules, qui représentent l'immense majorité des sans-abri, 47% étaient âgées de plus de 50 ans et 41% de ces personnes âgées n'avaient jamais été SDF avant 50 ans. "On parle de gens qui n'ont pas pu avoir accès à une couverture santé pendant leur vie, qui ont exercé des métiers très physiques, et qui, lorsqu'ils passent le cap des 50 ans, sont souvent très vulnérables", explique Mme Kushel.
Le sans-abrisme et la construction de logements sociaux arrivent en tête des préoccupations des Californiens, selon un sondage réalisé en mars par l'université Quinnipiac. Loin devant l'inflation, l'immigration, l'avortement ou le changement climatique. A cause de cette crise, la Californie est régulièrement érigée en repoussoir par les républicains, qui raillent un Etat démocrate perverti par son progressisme.
Le dossier fait figure de tâche sur le CV du gouverneur Gavin Newsom, qui nourrit des ambitions présidentielles et souligne régulièrement les centaines de millions de dollars investis par son administration. Mais "si le gouvernement fédéral n'intervient pas pour faire sa part, ce sera très difficile", estime Mme Kushel, en soulignant les succès des financements fédéraux alloués par le Congrès pour réduire le sans-abrisme des vétérans. Grâce à ces efforts bipartisans, le nombre d'ex-militaires SDF a baissé de 55% aux Etats-Unis depuis 2010.