Le programme “Villes sans bidonvilles” sous le feu des critiques

Clientélisme et corruption mis à l’index


Hassan Bentaleb
Mardi 14 Mai 2013

Le programme “Villes sans bidonvilles”  sous le feu des critiques
«La résorption des bidonvilles est un problème compliqué et difficile à résoudre « . C’est ainsi que Nabil Benabdallah, ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la ville décrit l’état d’avancement du programme « Villes sans bidonvilles ». Selon lui, nombreuses sont les familles bénéficiaires du programme de relogement qui refusent de quitter leurs baraques. « On se trouve aujourd’hui avec 11.000 logements vides sur 131.000 unités et vous pouvez imaginer les conséquences financières d’une telle situation sur les caisses d’Al Omrane chargé de mener ce programme », a indiqué le ministre qui semble, cependant, optimiste concernant la réussite de ce programme.
Intervenant lors des questions orales, la semaine dernière devant la Chambre des conseillers,  Nabil Benabdallah a précisé que le programme en question a touché 50 villes dont 13  cette année et que d’autres contrats et conventions de financement sont en cours. Mieux, une nouvelle approche intégrant la lutte contre les bidonvilles sera mise en œuvre dans le cadre de la politique de la ville. A ce propos, il a annoncé que 23 projets viennent d’être approuvés dans ce sens. « Je crois qu’on sera au rendez-vous de 2020 », a-t-il assuré.
Un optimisme que ne partagent pas certains députés de l’opposition qui pointent du doigt le retard et les lenteurs enregistrés dans l’exécution dudit programme. En effet, ils critiquent la régression du nombre d’unités destinées au relogement qui ne dépasse guère actuellement 10.000 unités par an contre 30.000 lors des années précédentes.  Alors que le ministère de l’Habitat s’est engagé à venir à bout en 2013 de ces logements indécents dans onze autres villes pour rattraper le retard enregistré, vu que l’année 2011 était une année «creuse», et que près de 400.000 nouveaux logements insalubres ont été édifiés, profitant de la situation engendrée par les soubresauts du Printemps arabe.  
Les députés ont noté également que la commission ministérielle spécialisée présidée par le chef du gouvernement et dont la mission concerne l’opérationnalisation du dossier « Villes sans bidonvilles » n’a pas tenu de réunion jusqu’à nos jours. Une situation qui correspond à celle de la commission nationale tripartite et les commissions provinciales chargées de la coordination et du suivi de l’exécution du programme.
Les mêmes députés se sont demandé pourquoi l’objectif de faire de la ville de Rabat une cité sans bidonvilles en 2010 tarde à se concrétiser. « Sur 6.755 ménages, seule une partie infime a été relogée. En d’autres termes, 5.000 ménages vivent encore dans 60 bidonvilles », a précisé un député.
Une situation qui rappelle étrangement celle de Casablanca, ville qui aurait dû être déclarée, elle-aussi, comme ville sans bidonvilles en 2010. « Le programme devait normalement être achevé en 2010 mais cette date butoir a été reportée à plusieurs reprises.
Aujourd’hui, on parle de 2014 pour boucler cette opération», nous a expliqué Moustafa Mhnina, acteur associatif.   D’après lui, cette situation est due, entre autres, au non-respect de leurs engagements par les différents intervenants et à la mauvaise gestion des critères de sélection des dossiers des bénéficiaires de relogement. « L’Etat manque d’une vision globale et l’ensemble des mesures prises relèvent plutôt de l’improvisation que d’autre chose», nous a-t-il déclaré.
Pourtant, notre source a tenu à préciser que l’un des points noirs de ce programme reste sa gestion par les autorités locales qualifiées, par notre source, d’inaptes à assumer  cette mission. Ceci d’autant plus que leur travail s’est effectué sans aucun contrôle. Une situation encouragée par un réseau d’intermédiaires bien informés et qui ont leurs entrées dans les hautes sphères au niveau des autorités locales. Des personnes qui offrent leurs services même aux bénéficiaires de l’opération de relogement en se chargeant de négocier à leur profit les meilleurs emplacements et le choix des meilleures parcelles de terrain. « Ce qui ouvert les portes devant le clientélisme et la corruption », nous a confié notre source.  


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