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«Nos équipes seront là dès l’ouverture de l’audience. Et un point de ce procès sera fait tout au long de la journée, à chaque bulletin d’information de la chaîne », confie une source proche de 2M.
Sanaa et Siham, les deux jeunes coiffeuses au cœur de cette tempête politico-médiatico-judiciaire, pensaient-elles un seul jour se transformer en symbole de la liberté? Pas sûr. La pétition en ligne «Mettre une robe n’est pas un crime» a recueilli plus de 24.000 signatures. Plusieurs manifestations de soutien à ces jeunes filles coupables de porter des robes d’été ont été simultanément organisées à Rabat, Casablanca, Agadir. Au Maroc, la robe est devenue l’emblème de la défense des libertés individuelles.
Manifester pour le Maroc de la tolérance, de l'égalité et du respect de l'autre
En l’espace d’une semaine, les Marocains ont décidé d’investir de nouveau la rue. De nouvelles actions de mobilisation devaient être programmées lundi soir à Rabat, devant le Parlement, à Casablanca sur la place des Nations unies, à Tanger derrière la bannière d’un événement dédié, «Journée nationale pour défendre nos libertés».
«Nous assistons ces jours à une poussée d'extrémisme dans notre pays. En effet, une véritable armada politique et administrative est lancée contre nos libertés individuelles et droits fondamentaux. Notre devoir en tant que citoyennes et citoyens de ce pays est de faire face aux différentes formes d'obscurantisme qu'essayent de nous imposer quelques partis politiques et courants idéologiques. Participons à cet événement afin de montrer notre détermination à défendre nos libertés, pour que le Maroc de la tolérance, de l'égalité et du respect de l'autre puisse enfin voir le jour », expliquent les organisateurs .
L’avocat des deux femmes d’Inezgane que rien ne prédestinait à quitter l’anonymat le confirme. Ses clientes ne sont pas habituées à un tel « buzz médiatique ». « Les filles savent qu'elles sont soutenues et cela leur fait beaucoup de bien, mais ne veulent pas apparaître dans les médias pour la simple raison qu'elles sont très sollicitées et sont mal à l'aise avec cela. Aujourd'hui, il est important qu'elles assistent à l'audience même si elles ne s'en sentaient pas capables parce qu'elles ont peur du regard des autres. Je leur ai expliqué qu'elles devaient se préparer à participer à barrer la route à tous ceux qui veulent décider de ce qui est bon ou pas pour les citoyens. Car cela pourrait être le début d'une série de débordements sur les libertés si ce cas n'est pas traité avec fermeté », a-t-il déclaré au site d’informations d’Huffpost Maghreb.
Le procès d’Inezgane n’est pas celui de la robe contre le voile. C’est ce que martèlent en choeur tous les démocrates et défenseurs des libertés. Pourtant, c’est la thèse que veulent dangereusement faire accréditer des gardiens du temple et autres tenants du conservatisme aigu. Un groupe d’activistes a été lancé sur les réseaux une campagne «Hijabi houryati», mon voile ma liberté. Difficile de croire à une initiative spontanée en ces temps pré-électoraux.
«Hijabi houryati»
Ces activistes soutiennent que leur action vise à dénoncer « les injustices que subit une femme voilée ». Dans la foulée, appel est également lancé au mouvement féminin du Maroc. « Si vous défendez vraiment les droits des Marocaines et leur liberté de porter ce qu’elles veulent, ne soyez pas extrémistes et ne nous ignorez pas car nous sommes la majorité et non elles», peut-on lire en guise de prélude à la campagne «Mon voile, ma liberté». Ces activistes en voile ont appelé elles aussi à un sit-in pour fustiger «l’oppression dont sont victimes les Marocaines voilées». La manifestation a réuni une poignée de voilées dimanche en fin de matinée devant le Parlement sous les slogans de «A bas les robes», «Vive le voile», «La laïcité tue notre société» scandés par la petite dizaine de manifestantes présentes. «Qui a dit que la société était conservatrice et que la majorité des Marocaines étaient voilées?», jubile une cinéaste célèbre.
«C’est de la surenchère électoraliste dangereuse. On veut diviser le Maroc en deux camps. Celui des porteuses de robes et celui de celles qui revêtent le hijab. Les citoyens se sont mobilisés pour les filles d’Inezgane parce qu’elles se sont retrouvées poursuivies par un procureur pour outrage à la pudeur. Il ne faut pas se voiler la face. Les gens manifestent pour défendre les libertés. Il n’y a pas de débat robe Vs voile, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire. Dans ce pays, les uns et les autres vivaient en symbiose entre nos grands-mères qui portaient le ngab et nos mères qui s’habillaient à l’européenne. Aujourd’hui, certains veulent ouvrir le débat sur le voile à défaut de présenter un bilan social et économique », conclut cette députée de l’Union socialiste des forces populaires.