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Percées diplomatiques et développement tous azimuts
En cette conjoncture de marasme économique, le gouvernement se doit également d'adopter non seulement des mesures à court terme, mais aussi d’entreprendre des réformes structurelles à même de permettre à notre pays de relever les défis auxquels il se trouve confronté. Ce qui nécessite l’instauration d’un climat de confiance, l’écoute des différentes composantes de la société, ainsi que la communication et l’interaction dans tout débat sérieux et responsable ; et ce loin des polémiques stériles, effets d’annonce, affrontements fictifs et lancements de slogans aussi creux qu’inutiles.
de l’intervention
d’Ahmed Zaidi, président du Groupe socialiste
à la Chambre des
représentants devant
la Chambre des
représentants lors
de la séance mensuelle
sur la politique générale.
La crise ne nous a pas surpris en tant que Groupe socialiste, du fait que nous avons exprimé nos craintes à ce sujet, lors de l’examen de la loi de Finances le lundi 9 avril 2012. Aujourd’hui, nous arrivons au 200ème jour après l’investiture du gouvernement, soit deux fois la période de grâce accordée à l’Exécutif.
Nous avons constaté que les résultats économiques, financiers et sociaux ont été décevants. Nous avions dit alors au gouvernement que les hypothèses fragiles adoptées au cours de la préparation de la loi de Finances déboucheront sur une issue sombre. Nous avions formulé explicitement notre appréhension quant à la perte de la souveraineté financière et le retour du Fonds monétaire international dans le but de dicter ses recommandations à notre pays, et c’est ce qui nous guette aujourd’hui.
La sonnette d’alarme a été tirée cette fois-ci par le gouvernement à travers des chiffres choquants dévoilés par le ministre de l’Economie et des Finances. Des chiffres qui augurent que le Maroc est entré dans la phase de la crise économique et financière. Mais ce qui est grave, c’est que la confusion prime. Si le ministre de l’Economie et des Finances Nizar El Baraka a donné des chiffres précis, dévoilant des régressions à tous les niveaux, le ministre chargé du Budget, Driss El Azami, s’est montré optimiste, indiquant que la situation est sous contrôle.
Par contre, les critiques formulées par le HCP dévoilent une situation de confusion en termes de chiffres, ce qui n’est pas nouveau en tout cas.
Les indices suivants illustrent l’ampleur des dysfonctionnements et des régressions
- Un recul au niveau de la croissance de 3,4% et le HCP avance un taux de 2,4% pour les 6 premiers mois de l’année en cours.
- Baisse des recettes non fiscales.
-Augmentation du déficit budgétaire susceptible d’atteindre 9%.
-Recul des transferts des MRE.
-Baisse des recettes du tourisme de 6%.
-Baisse de la production agricole brute de 5,5% et déficit commercial allant jusqu’à 100 milliards de dhs.
-Baisse de la réserve nationale en devises ne pouvant couvrir qu’une période de 4 mois.
Parallèlement à cette situation économique et financière alarmante, les secteurs sociaux faisant partie des attentes des citoyens, comme la santé, le logement, l’agriculture et l’emploi, restent dépourvus d’initiatives sérieuses. Au moment où le ministre de l’Education nationale annonce l’échec du programme d’urgence, se caractérisant par l’incapacité à débloquer des fonds financiers exorbitants alloués à la réforme de l’école marocaine, le ministre de l’Enseignement supérieur a fait savoir, pour sa part, de procéder à la révision du principe de la gratuité dans le supérieur pour les riches. Une décision qui a été démentie par le chef du gouvernement, même si un débat sur ce sujet aurait été positif. Ironie de l’histoire, je cite à titre d’exemple une décision courageuse qui exonère l’ensemble des étudiants universitaires des taxes d’inscriptions et des dépenses, sauf que cette décision a été prise cette semaine par le PJD turc.
On ne peut plus occulter l’impact de la crise sur l’économie marocaine. Aujourd’hui, il est dans l’intérêt et du pays et de l’Exécutif que le gouvernement dise la vérité aux Marocains comme il l’a fait au sein de la commission des finances au Parlement, car la perte de confiance des citoyens peut accentuer davantage la crise. Les citoyens sont dans l’attente des promesses du gouvernement au niveau de la couverture médicale, de la caisse de solidarité, de l’autofinancement, de la caisse de Compensation et du soutien aux petits agriculteurs en ces temps de sécheresse et de hausse des prix des aliments pour bétail.
Le gouvernement s’est engagé à lancer plusieurs chantiers, je vais en citer quelques exemples.
En premier lieu, le gouvernement a fait de la lutte contre la prévarication son cheval de bataille et aujourd’hui nous nous interrogeons sur les glaives du gouvernement qui ont retrouvé leurs fourreaux et sur les engagements qui ont émerveillé plus d’un. Où en est ce chantier qui s’est transformé en slogan encourageant l’impunité ? Déclaration qu’on vous a attribuée, Monsieur le chef du gouvernement.
Le chantier du respect
de la Constitution
Votre affirmation selon laquelle vous n’êtes que le chef du gouvernement constitue une régression dans l’action politique au Maroc. C’est ainsi que le militantisme des partis, des instances et des organisations nationales et celui des honnêtes gens de ce pays nous interpelle devant une déclaration de cette envergure. Vous n’avez pas le droit de dévaloriser votre noble responsabilité en tant que chef d’un gouvernement élu, fruit d’une dynamique politique nationale. Et aujourd’hui, nous discutons avec vous en tant que tel et non comme coordinateur de la majorité gouvernementale.
Un autre chantier qui rentre dans le cadre de la bonne gouvernance. Il s’agit du respect des droits de l’opposition garantis par la Constitution et l’adhésion effective à ce principe. Permettez-moi de vous dire Monsieur le chef du gouvernement que nous nous acheminons vers une marginalisation du rôle de l’institution du Parlement au bénéfice de l’Exécutif. Celui qui ne fait pas partie du gouvernement est qualifié d’ingrat, d’opportuniste et de perturbateur, allant contre le bon sens ou bien il est traité de laïc, d’où la diabolisation des individus et des instances. Le propos n’est pas attribué au chef du gouvernement, mais vous saisissez ce que nous voulons dire. Nous suivons les différents commentaires et réactions et les moyens utilisés. Certains de vos ministres et proches collaborateurs n’hésitent pas à profiter de chaque événement pour s’attaquer à l’USFP faisant partie de l’opposition en recourant à des méthodes éhontées qui n’ont rien à voir avec la démocratie participative, ni la transparence, ni la lutte contre la prévarication. Nous comprenons ces procédés et nous ne tomberons pas dans les réactions absurdes. Nous ne renoncerons pas à notre noble mission ; que Dieu pardonne ceux qui n’ont même pas lu nos prises de positions et se permettent de les critiquer. Bref, nous disons aux concernés que celui qui osera pour toi aujourd’hui, osera contre toi demain.
Au lieu de se concentrer sur les maux dont souffre le pays et trouver les solutions adéquates aux problèmes posés, votre gouvernement, hélas, crée des batailles et des affrontements fictifs avec l’USFP. Entreprise à laquelle nous nous ne souscrirons jamais eu égard à notre approche pour faire face à la crise. Notre Groupe s’est comporté, comme à l’accoutumée, avec un esprit nationaliste constructif lors des discussions au sein de la commission des finances. Après avoir rappelé les avertissements émis auparavant, enregistrements à l’appui, nous avons contribué grâce à notre savoir, à ce processus durant les années 2009, 2010 et 2011. Aujourd’hui, nous mesurons l’impact favorable de la bonne gouvernance des finances publiques qui a été adoptée lors des années 1999 et 2007. Ce qui n’a pas été le cas en 2008 avec la diminution de cet élan qui a été ralenti faute de réformes adéquates concernant «la soutenabilité des finances du Maroc». Convaincu de la conjoncture difficile que traverse le pays et qui nécessite la participation de toutes les potentialités, le Groupe socialiste a présenté des observations, des analyses et des propositions pratiques qui ont été enregistrées par le gouvernement. Cependant, il aurait été nécessaire de procéder à des réformes permettant l’amélioration du rendement de l’Etat dans les services publics.
Dans ce cadre, l’opérationnalisation de l’investissement public constitue la priorité des priorités, et ce en mettant l’accent sur la nécessité d’accélérer la cadence des règlements opérés par les opérateurs publics et de verser l’excédent qui n’est pas dépensé en 2012 à la Caisse de compensation. Cette mise en œuvre de l’investissement public exige également le soutien des secteurs industriel et touristique pour sauvegarder l’emploi, l’amélioration des échanges extérieurs, ainsi que l’ouverture d’un dialogue national avec les différents partenaires économiques et sociaux, et ce pour parvenir à une paix sociale.
Et parallèlement à ces mesures à court terme, le gouvernement est appelé à adopter une nouvelle génération de réformes structurelles urgentes dont particulièrement:
1-Réformer la déconcentration sur laquelle a insisté le Souverain lors du dernier discours du Trône eu égard à l’importance de cette réforme pour la restructuration de l’Administration marocaine au niveau territorial.
2- Réformer la décentralisation et renforcer le rôle des collectivités locales dans le développement territorial.
3- Réformer la loi organique des finances en vue d’améliorer la productivité de l’Etat, et ce à travers des interventions de développement.
4-Réformer le système des retraites qui connaissent une crise financière à même de donner lieu à une grave crise sociale.
5- Réformer le système de compensation et la Caisse de compensation.
En dernier lieu, nous voulons confirmer que la nouvelle génération des réformes demandées démontre l’importance des défis auxquels fait face le pays. Cela nécessite l’écoute des différentes composantes de la société dont le Parlement en premier et l’interaction avec tout débat sérieux, la communication afin d’avoir une connaissance précise et objective des problématiques. Il ne fait aucun doute que tout cela reste conditionné par un climat de confiance qui ne peut s’instaurer que si l’on cesse de se cacher derrière les perturbations qui caractérisent le contexte régional global tout en optant pour un dialogue national responsable et en tranchant avec le lancement quasi permanent de slogans inutiles à l’instar des menaces fréquentes de présentation de démissions ou autres.