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Si dans toutes ces villes et régions, le service de santé demeure bien en deçà des attentes des populations, le personnel, quant à lui, est très mécontent de sa situation et le fait savoir.
Libé a rencontré le Docteur Benjelloun, directeur de l’hôpital Belmahdi de Laâyoune. Il a déclaré que le communiqué dont il a reçu copie ne mentionne pas l’intention ou la menace de démission collective. Il a souligné que bien que la grève soit un droit garanti par la Constitution, il n’en demeure pas moins que dans les provinces du Sud, connaissent des problèmes et que si celui de la santé venait à s’y ajouter, la situation serait catastrophique. Il a ajouté que le centre de diagnostic est fermé depuis quelques jours et que les autres services connaissent une grande léthargie dont seuls les malades subissent les conséquences.
Après le Docteur Benjelloun, Libé a rencontré le chirurgien pédiatre Younès Alichane, de ce même hôpital. Celui-ci a détaillé les revendications du personnel soignant dont les problèmes ne sont pas le lot des seuls provinces sahariennes, mais bien de tout le personnel de la santé au Maroc.
Il a déclaré que les médecins de la zone Sud se sentant lésés, réclament leurs droits légitimes qui sont les droits standards de tous les médecins du Maroc. Bien qu’ils soient titulaires d’un doctorat en médecine suivi de six années de spécialité, ils sont à l’indice 336, celui des titulaires de master, soit 100 points de moins par rapport aux professeurs de géographie, d’histoire ou de littérature qui, eux, sont classés à l’indice 446.
Les docteurs en médecine ayant une spécialité, a-t-il ajouté, ont une prime de 1.500 DH de plus que les généralistes, comme si les six années passées pour la spécialité ne méritaient pas plus.
Laâyoune n’étant pas considérée comme zone éloignée, a-t-il poursuivi, le personnel soignant n’a pas de prime d’éloignement. La double solde que l’administration fait, pompeusement miroiter n’excède pas les 1.000 DH, alors que le billet d’avion entre Laâyoune et Rabat est de 3.000 DH
Dénonçant le manque de transparence au niveau des mutations, le personnel de la santé dans la zone Sud poursuit son mouvement de grève entamé, les 13 et 14 avril courant.
«Le centre de diagnostics sera vacant, cependant les urgences seront maintenues. Notre grève vient en solidarité avec nos collègues internes et résidents du CHU et avec le personnel de la santé, en général. Nous la maintiendrons, de façon civique. Les autorités locales et centrales avaient été informées de cette grève qui a commencé par deux jours, la première semaine. Elle se poursuit, cette semaine, avec trois jours et nous continuerons progressivement jusqu’à satisfaction de nos revendications légitimes. Nous commencerons dans une première phase par arrêter les urgences pour ensuite déposer une démission collective qui concernera les médecins des trois régions du Sud », poursuit-il.
Et d’ajouter : « Conscients des difficultés que traverse le pays, en général et les provinces sahariennes, en particulier, nous souhaitons qu’un dialogue constructif soit établi, aboutissant à une résolution définitive de nos problèmes.
Alors que les médecins mettaient leur menace de grève à exécution, les habitants des provinces ont organisé des marches déplorant la précarité qui a toujours caractérisé les services de santé dans ces provinces.
L’exemple le plus proche de cette précarité et du laisser-aller que dénoncent les populations, nous vient de Foum Lahcen où quatre personnes appartenant à la même famille sont mortes dans un accident à cause de l’incapacité de l’infirmier chef du centre de santé de cette commune, de leur fournir les soins nécessaires faute de moyens.
Les soi-disant hôpitaux régionaux dans ces provinces ne sont, en réalité, que des mouroirs où les services de maternité sont envahis par les chats des égouts qui disputent leur nourriture aux malheureuses femmes qui viennent pour accouchement. Sans parler des moustiques et autres insectes qui infestent les lieux.
Comme quoi le ministère de la Santé a du pain sur la planche. Si Madame la ministre arrive à satisfaire les revendications des médecins, ce qui est peu probable, il lui restera par contre à répondre aux attentes des populations en matière de soins.