Comme d’autres métiers, celui d’infirmier n’échappe pas au malaise dont souffrent beaucoup de praticiens. Un déficit en ressources humaines criant, des conditions de travail épuisantes, des rémunérations dérisoires, un manque de reconnaissance déplorable, l’image est loin d’être reluisante. Un état des lieux de ce métier s’impose en ce 12 mai qui célèbre la Journée internationale de l’infirmière.
Il va sans dire que le déficit en personnel qui plombe le secteur de la santé est plus aigu qu’ailleurs. Comme nous l’a confié Mohammed Dahmani, secrétaire général du Syndicat national de la santé publique (SNSP), la profession d’infirmier compterait entre 25000 et 26000 personnes. Un chiffre qui persiste depuis 1993. Cette situation place le Maroc parmi les pays les moins pourvus de la région d’après les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé. En effet, le Maroc a besoin de 9.000 infirmiers pour pallier le déficit en ressources humaines dans ce secteur. Un manque difficile à combler vu les restrictions budgétaires qui impactent les recrutements sans parler des départs à la retraite. « Il faut rappeler à cet égard que la vague des départs volontaires a emporté dans son sillage beaucoup de professionnels», a encore rappelé M. Dahmani. Les chiffres officiels parlent de quelque 1.183 infirmiers à avoir jeté leurs blouses. Ce qui est loin d’arranger les choses. En attendant une amélioration, ceux qui travaillent le font dans des conditions déplorables. «Bien évidemment, le manque d’effectif débouche sur une surcharge de travail, ce qui augmente davantage leur stress». Peut-être bien que la contrepartie est à la hauteur des sacrifices réalisés, serait-on tenté de penser. Loin s’en faut. Toujours d’après notre interlocuteur, le nombre d’heures supplémentaires comptabilisées pourraient atteindre 20 heures par semaine, soit 240h par an, pour des indemnités qui ne dépasseraient pas elles, les 3000 DH par an. Dérisoire !
C’est pourquoi les infirmiers sont nombreux à répondre de plus en plus à l’appel de l’étranger. Ainsi des professionnels qualifiés sont tentés par les offres alléchantes venant de pays comme la France, l’Australie, le Canada ou les Etats-Unis. Dans ces pays, le salaire d’un infirmier peut facilement atteindre 70.000 euros par an.
Mais au-delà de toutes ces préoccupation d’ordre financier, les infirmiers cherchent avant tout une reconnaissance sociale. En effet, la profession a plutôt une mauvaise presse de par l’image qu’elle renvoie dans la société. En témoigne le classement 2013 de Transparency international sur l’indice de perception de la corruption qui classe le Maroc au 91ème rang, plaçant ainsi le secteur de la santé sur le podium des professions les plus corrompues.