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Intervenant lors d’un forum international sur les disparités sociales organisés avant-hier à Rabat, Abdelilazh Benkirane a indiqué que l’éradication des inégalités sociales demeure impossible mais que leur réduction via l’instauration d’une justice sociale est possible. Des propos qui font rire plusieurs sous cape. En fait, le décalage entre le discours du chef de l’Exécutif et ses pratiques en la matière est énorme. Aujourd’hui, au Maroc, cinq régions créent 56,7% du PIB, 80% des ménages ont un revenu inférieur à 6.650 DH par mois, 20% des ménages les plus aisés accaparent plus de 40% des subventions destinées aux produits de première nécessité et plus de 50% des subventions qui vont à l’enseignement secondaire et supérieur. En outre, 10% des Marocains les plus riches consomment 14 fois plus que les 10% des plus pauvres, 69% des emplois créés au Maroc sont concentrés dans le milieu urbain, et la ville de Casablanca, à elle seule, contribue à hauteur de 21,3% de ce chiffre, tandis que les autres régions, comme Tadla-Azilal, ne dépassent pas les 2,6% et que 2 millions de salariés seulement bénéficient de la CNSS ; le reste (les non-salariés) ne bénéficiant d’aucune couverture sociale obligatoire et la liste est longue.
« La question des disparités sociales a été toujours posée et le lancement de l’INDH en 2005 n’a été qu’une tentative de répondre à cette problématique », nous a précisé Hicham Attouch, président du Forum des économistes marocains et professeur d’économie (FEM) à l’Université Mohammed V- Souissi. Et d’ajouter : « Plusieurs études et rapports établis entre 2000 et 2011 ont constaté que les fonds injectés dans la Caisse de compensation et destinés à réduire les inégalités sociales n’ont pas dépassé le dixième des montants qu’ils ont atteint par la suite. En fait, seuls 15% de ces fonds arrivent aux bénéficiaires et le reste profite aux entreprises ». Le Haut-commissariat au plan (HCP) a noté, à ce propos, que les inégalités persistent et, par endroit, s’accroissent. Dans l’une de ses éditions des comptes régionaux de 2014, il a révélé que quatre régions sur seize créent près de 50% du PIB, huit régions en créent plus des trois quarts et six régions affichaient en 2012 des dépenses par tête d’habitant supérieures à la moyenne nationale, au lieu de neuf régions en 2011.
Même avec l’arrivée du gouvernement Benkirane, la situation n’a guère changé. « Il y a eu la réouverture de ce dossier avec l’investiture de l’Exécutif en 2012 et il y a eu mise sur pied d’un plan de réforme progressive de la Caisse de compensation avec pour objectif de permettre l’allégement de la charge de compensation et une libéralisation des secteurs compensés. Pourtant, cette réforme n’a pas été orientée vers le soutien des pauvres et des personnes en situation de vulnérabilité mais plutôt pour alléger le Budget de l’Etat », nous a précisé notre source. Et d’affirmer : « Même les fonds de soutien alloués au programme Tayssir, à celui du soutien aux veuves ayant un ou plusieurs enfants à charge et celui relatif à l'aide au monde rural et aux zones montagneuses proviennent de comptes spéciaux ».
Notre expert est catégorique. L’approche gouvernementale en matière de lutte contre les disparités sociales est fondée sur l’idée de l’assistance. « On est loin de la citation de Confucius : « Si tu souhaites que je ne connaisse plus la faim, au lieu de me donner du poisson, apprends-moi à pêcher ». Pour lui, ces fonds de soutien ont un caractère plus pratique et procédural dont l’effet est limité dans le temps et dans l’espace puisque le problème est profond. « On ne peut prétendre réduire les disparités sociales avec de telles mesures mais plutôt on les traite de manière provisoire. Il est vrai que l’idée de ces programmes de soutien est bonne mais elle reste inapte à résoudre l’équation de la justice sociale au Maroc », nous a-t-il affirmé. Une équation qui va sûrement perdurer puisque le gouvernement n’est pas conscient, selon Hicham Attouch, du fait que la lutte contre les disparités sociales dépasse de loin le seul cadre budgétaire car elle demande la conjugaison des efforts de plusieurs parties prenantes (gouvernement, communes, société civile, ONG internationales…) et qu’elle exige une approche structurelle long-termiste.