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Seif el-Islam est peut-être sur le point de commencer sa seconde vie. Si sa nomination au poste annoncé par la presse libyenne est confirmée, le fils du colonel quittera le domaine de l’ambiguïté. Le guide de la révolution libyenne semble s’être enfin décidé à clarifier les attributions du fils aîné de son deuxième mariage, le rapprochant de sa succession à la tête de la «République des masses» libyenne, contrairement aux rumeurs qui le donnaient pour perdant dans la course à l’héritage. Le jeune homme semble s’y être préparé. L’une de ses dernières apparitions publiques le montre en costume traditionnel libyen, long manteau blanc et bonnet rond. Il descendait de la passerelle d’un avion libyen à l’aéroport de Tripoli, accompagnant un homme frêle au pas hésitant, Abdelbasset al-Megrahi, emprisonné à vie près de Glasgow pour l’attentat contre le Boeing de Lockerbie, et libéré par la justice écossaise pour «raisons humanitaires».
Pour l’occasion, Seif el-Islam avait abandonné son look de trader branché, costume sombre très près du corps ou jeans de marque. Le futur nouveau «coordinateur des commandements populaires et sociaux» devra faire des efforts vestimentaires et changer quelque peu de style de vie, au moins quand il sera en Libye. Seif el-Islam a au moins deux visages. People mondialisé et homme d’influence international d’un côté, dignitaire tribal aux ambitions nationales de l’autre.
Côté Occident, l’héritier du colonel, diplômé de la London School of Economics, à laquelle il vient de faire un don de 1,5 million de livres, vient d’acheter une maison cossue dans le quartier londonien d’Hampstead Garden, et compte parmi ses proches le prince Andrew, qu’il a invité en Libye. Il est aussi l’invité permanent d’un autre héritier du même âge, Nathaniel de Rothschild, banquier d’affaires et parfois son associé.
Depuis des années, Seif el-Islam s’est trouvé au cœur des «marchés» diplomatiques les plus secrets, comme les négociations pour libérer les otages occidentaux d’un groupe islamiste aux Philippines, ou encore les «deals» pour compenser les victimes des deux gros attentats libyens contre des avions de ligne, le Boeing de Lockerbie (1988) et le DC 10 d’UTA (1989). Il fut aussi au cœur du «grand marché» passé entre Kadhafi et les États-Unis, l’abandon du programme nucléaire libyen contre la fin de l’embargo contre Tripoli. Comme à son habitude, il ne résista pas à enfreindre la loi du silence, avec une audace calculée, pour asseoir son statut dans la famille Kadhafi.
Le fils du guide semble nénmoins marcher sur une corde raide, sans que l’on sache très bien si elle est tenue ou non par son père. Ces dernières années, Seif el-Islam a fait rédiger par des spécialistes étrangers un projet de Constitution dont on sait qu’il laisserait un rôle symbolique à son géniteur. Ce qui entraîna une levée de boucliers de la part de la «vieille garde» des Comités révolutionnaires. L’entourage du fils du colonel n’en fait pas mystère : né avant la prise du pouvoir par son père, Seif veut faire de la Libye un pays moderne et ouvert à l’Occident, sans nécessairement instaurer la démocratie.
Il y a un an, Seif annonce qu’il quitte une vie politique à laquelle il était censé ne pas participer. Il «n’interviendra plus dans les affaires de l’État». Nombre d’observateurs, hormis quelques diplomates mieux informés, annoncent alors la mort politique de Seif et la victoire de Moatassem, reçu à Washington, le cheveu long et vêtu d’un scintillant costume de soie marron, par Hillary Clinton. L’annonce de sa nomination par le colonel change la donne. D’autant plus que Mouammar Kadhafi aurait déclaré vouloir «se consacrer à l’Afrique». Mais le vieux renard n’a sans doute pas dit son dernier mot. S’il est intronisé, Seif sera désormais exposé. En Libye, ce n’est pas toujours un avantage.