L’ actualité mondiale demeure suspendue aux intentions belliqueuses de la Russie de Vladimir Poutine quant à l’éventuelle invasion de l’Ukraine d’une part et aux tractations diplomatiques des acteurs du monde occidental, USA et Union européenne précisément de l’autre. Manifestation, entre autres, de ce bien nouvel ordre géopolitique mondial dans une conjoncture internationale aux mutations politiques, économiques et sociales complexes et confuses marquée par une multipolarisation stratégique non encore bien définie avec cette guerre commerciale opposant la puissance chinoise émergeante aux puissances –en lice pour la domination- les Etats-Unis, l’Europe et la Russie.Cette dernière renaît de ses cendres et se fraye un chemin de retour sur la scène internationale. Toutefois, la situation, au vu de l’évolution des relations internationales dans ce contexte nuageux, n’est pas complètement insaisissable car la logique des rapports de force avec toutes ses facettes et selon toutes les acceptions géostratégiques ramène tout observateur averti vers la conception d’une nouvelle guerre froide bien que différente de la précédente eu égard à la multiplicité des parties antagonistes. La crise de l’Ukraine ressuscite la course classique entre ce qu’on appelait communément le bloc de l’Est et le bloc de l’Ouest. Certes, les USA et leurs alliés européens ont continué à progresser vers la suprématie économique et militaire malgré les interférences chinoises, par ailleurs vertigineuses, mais la Russie, nostalgique de l’époque de la toute puissante URSS a opéré, ces deux dernières décennies, un retour en force, à travers plusieurs régions du monde, notamment le continent africain, l’Europe et le Moyen-Orient… Jean-Luc Mélenchon, candidat de la «France insoumise» aux prochaines présidentielles françaises, résume ladite crise lors d’une prestation télévisée électorale, en ces termes : «Les Etats-Unis d’Amérique ont décidé d’annexer dans l’OTAN l’Ukraine et la Russie se sent humiliée, menacée, agressée». Il a indiqué, là-dessus, que s’il devenait président de la France, il prendrait comme position «le non-alignement». Il estime que l’OTAN devrait demander la condition du retrait des troupes russes des frontières avec l’OTAN avant de se tenir, prêt à réagir militairement. Pour le député de la «France insoumise», si cette condition est de «garantir que l’OTAN ne soit pas en Ukraine», il signerait. Après plusieurs semaines d’intenses activités diplomatiques et de multiples tractations parallèles au déploiement de plus en plus ostentatoire de l’armée russe aux frontières de l’Ukraine et alors que les services de renseignements américains, talonnés par ceux de certains pays de l’Union européenne, ont sonné l’alarme quant à une attaque militaire russe imminente en territoire ukrainien allant jusqu’à préciser que cela pourrait se produire dès ce mercredi, voilà que peu avant une rencontre programmée entre le chancelier allemand Olaf Scholz et le président russe Vladimir Poutine, le ministère russe de la Défense a annoncé qu’une partie des 100.000 hommes déployés retournait dès mardi en garnison, diffusant pour cela des images de blindés chargés sur un train. Poutine a confirmé, en outre, ce «retrait partiel», sans que ni le Kremlin, ni l’armée n’en ont précisé le calendrier et les propositions. A cet égard, lors d’une conférence de presse avec le président russe, le chancelier allemand a déclaré : «Le fait que nous entendions maintenant que certaines troupes sont retirées est en tout cas un bon signe. Nous espérons qu’il y aura des suites». De son côté, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a exprimé un «optimisme prudent» tout en disant attendre un «signe de désescalade». «Les paroles, c’est bien. Nous attendons les actes. Si les actes sont là, ce sera encore mieux», a, quant à lui, dit le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian. Cependant, devant une telle profusion d’optimisme, par ailleurs, prudente et incertaine,Vladimir Poutine a, pour sa part, assuré que «bien sûr», il ne voulait pas d’une guerre, mais a martelé que l’expansion de l’OTAN et les ambitions de l’Ukraine de rejoindre l’Alliance atlantique constituaient une menace pour la Russie. Lui emboîtant le pas, Scholz a relevé que les Occidentaux et les Russes doivent trouver un compromis «sans abandonner leurs principes». «C’est notre satané devoir de nous engager pour la paix», a-t-il clamé. Quant au maître du Kremlin, tout en dénonçant le rejet parles Occidentaux de ses principales exigences et en déplorant ne pas avoir reçu «de réponse constructive», a affirmé : «Nous sommes prêts à aller sur le chemin de la négociation». Les revendications évoquées par Poutine sont la fin de la politique d’élargissement de l’Alliance, l’engagement à ne pas déployer d’armes offensives à proximité du territoire russe et le retrait d’infrastructures de l’OTAN d’Europe de l’Est. A l’inverse, les Occidentaux ont rejeté ces exigences et ont proposé en échange des pourparlers sur des sujets comme le contrôle des armements, les visites d’installations sensibles ou des discussions sur les craintes russes en matière de sécurité. Ce à quoi rétorque le chef du Kremlin en tenant à ce que toutes ces exigences et questions fassent partie d’un même « ensemble » de négociations. Dans ce contexte où le compromis semble très difficile à trouver, tant les visions géostratégiques s’avèrent diamétralement opposées, les Etats-Unis, estimant encore le risque à son maximum, ont abandonné, lundi, leur ambassade à Kiev pour l’installer à Lviv plus à l’Ouest. D’autre part, le porte-parole du Kremlin a qualifié d’«hystérie sans fondement»le fait que plusieurs pays aient exhorté leurs ressortissants à partir d’Ukraine, malgré les appels du président ukrainien, Volodymry, à garder le calme. Là-dessus, parmi les points de discorde qui attisent ce conflit, un fait géopolitique de taille : La Russie avait annexé en 2014 la Crimée et soutient assidûment des séparatistes prorusses dans le conflit qui les oppose dans l’Est à l’Ukraine. Dans le même ordre d’idées et de faits, la France sort de sa réserve diplomatique et menace la Russie doublement de «sanctions très fortes» en cas d’offensives en Ukraine et d’un renforcement des moyens de l’OTAN à ses frontières si elle accroît sa pression militaire sur les nouveaux Etats membres de l’Alliance atlantique. «Les relations entre l’OTAN et la Russie résistent par un texte de 1997 qui établit qu’il n’y a pas de déploiement de missiles de l’OTAN dans les nouveaux pays adhérents», a, dans ce sens, noté un conseiller présidentiel. «Il est évidemment clair que si le président Poutine doit, au fond, se rapprocher des frontières de la Pologne et des membres de l’Alliance qui sont à l’Est de l’Europe, nous pourrons, de notre côté, considérer qu’il faudra revisiter l’acte fondateur de 1997», a-t-il prévenu. Somme toute, les développements de cette crise s’accélèrent, la diplomatie mondiale s’active tous azimuts mais l’issue demeure encore incertaine.