Le déclin des nuages bas, l'autre responsable du réchauffement


Libé
Lundi 16 Décembre 2024

Les émissions de CO2 d'origine humaine et le phénomène climatique El Niño ne suffisent pas à expliquer les records de température observés en 2023, selon plusieurs études. Des chercheurs pointent aussi la baisse du réfléchissement des rayons solaires par les nuages de basse altitude.

Dans une publication jeudi dans le journal Science, trois scientifiques soulignent que 0,2°C du réchauffement de près de 1,5°C observé en 2023 par rapport à l'ère préindustrielle n'est pas la conséquence directe des émissions de gaz à effet de serre de l'humanité ou de l'arrivée d'El Niño.

En utilisant des données satellites, les trois chercheurs basés en Allemagne ont conclu que le premier responsable de cette différence est un "niveau historiquement bas de l'albédo planétaire", c'est-à-dire la proportion des rayons de soleil réfléchie dans l'espace par une surface, "probablement au plus bas depuis au moins 1940".

Cet albédo est "en déclin depuis les années 1970" en raison de la fonte de la banquise en Arctique, puis en Antarctique "depuis 2016", expliquent Helge Goessling, Thomas Rackow et Thomas Jung.

Mais en 2023, c'est la baisse de la couverture nuageuse et principalement celle en basse altitude qui a accentué cette tendance, notamment entre le tropique du Cancer et le cercle arctique, et au-dessus des eaux tropicales, surtout dans l'Atlantique, qui a observé des niveaux de température record.

Les nuages de basse altitude, en dessous de 2.000 mètres au-dessus de la Terre, sont cruciaux pour le refroidissement tandis que ceux situés en haute altitude gardent la chaleur émise par la planète.

"Trois mécanismes fondamentaux ont pu contribuer à ce record", estiment les chercheurs, citant la "variabilité interne", une diminution des aérosols - qui participent à la formation des nuages et reflètent aussi des rayons solaires - dans l'air, mais aussi l'effet même du changement climatique sur la réduction de la couverture nuageuse.

S'ils restent prudents, les chercheurs soulignent que de plus amples recherches et une meilleure compréhension du rôle de chacun de ces facteurs "seront cruciales pour mesurer le réchauffement actuel et attendu à l'avenir".

Ils concluent que si le déclin de la couverture nuageuse n'a pas été causé "seulement par la variabilité" naturelle de la couverture nuageuse, le réchauffement supplémentaire observé en 2023 "pourrait perdurer" avec "des implications conséquentes pour les budgets carbone restants".
 


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