Leur combat pour devenir mère et père, ils le vivent en silence depuis plusieurs années. Pas un seul jour ne passe sans que l’envie d’être parents ne les quitte. Malgré toutes les tentatives qu’ils ont faites, ils ne peuvent toujours pas avoir d’enfants. Mais ce qui rajoute encore à leur peine, c’est surtout le combat qu’ils livrent sur le plan médical en termes de traitements appropriés. « Les couples infertiles mènent un combat quotidien sur le plan médical, notamment en termes de traitements médicaux », indique Aziza Ghallam, présidente de l’Association marocaine des aspirants à la maternité et à la paternité (MAPA). Cette dernière, qui intervenait lors d’une rencontre organisée, jeudi 15 mai à Casablanca, ajoute :«Ces couples, qui souffrent en silence, ne sont malheureusement pas assistés sur le plan médical ». Et de poursuivre : «Les couples infertiles mènent aussi chaque jour un combat social lié surtout au sentiment de culpabilité de la femme, laquelle vit avec l’angoisse d’être un jour répudiée à cause de son infertilité ».
Par cette première journée, souligne la présidente de MAPA, « nous voulons surtout attirer l’attention des responsables du secteur de la santé sur les difficultés des couples infertiles qui font un long chemin douloureux et difficile pour réaliser leur rêve d’être enfin parents». Car, dit-elle, « le prix à payer est très coûteux. Les couples infertiles ont besoin, pour surmonter leurs difficultés de fertilité, de grands soins. Or le prix à payer pour ces soins est très coûteux et peut dépasser facilement les 30.000 dirhams. Mais ces frais ne sont jamais remboursés. C’est injuste ». Pourtant, « les difficultés d’avoir des enfants, il faut désormais les considérer comme n’importe quelle autre maladie, qui a des effets psychiques, physiques et aussi sociales », lance Aziza Ghallam, qui a fait savoir qu’un dossier revendicatif de l’Association sera à cet effet présenté aux responsables en charge de la santé.
Les témoignages qui ont suivi l’intervention de la présidente de l’Association prouvent que le parcours des couples stériles est long et les années de luttes pour déjouer le sort sont parfois longues. « Nous étions, mon mari et moi, prêts à tout pour devenir parents. Nous avons d’abord vécu notre infertilité comme un handicap dans une société qui met en avant la maternité. Mais nous n’avons pas perdu espoir. Nous avons pris la décision de faire tout pour avoir un bébé. Nous avons fait appel aux techniques de la procréation médicale et même aux pratiques traditionnelles. Hélas, il n’y a pas encore de résultats», raconte, non sans émotion, l’une des femmes souffrant de difficultés de procréation.
Ces témoignages bouleversants ont révélé, sans tabou, le combat de couples marocains qui espèrent avoir des enfants, lesquels se disent peinés à surmonter leurs difficultés financières. « Le coût de ces nouvelles techniques de la procréation médicale et des médicaments sont très élevés. Malheureusement, on n’est pas remboursés », tient à souligner Hafida, une jeune femme mariée depuis neuf ans. Et cette dernière d’insister :«On ne demande pas que l’Etat prenne en charge la totalité des dépenses. On demande, par exemple, que le ministère assume une partie des frais engagés pour les soins ». Dans son intervention, la représentante du ministère de la Santé, Hafida Yartaoui, a annoncé une bonne nouvelle pour les couples marocains souffrant d’infertilité et aspirant à la maternité et à la paternité. La responsable a déclaré que le département de la santé est actuellement à l’œuvre pour faire aboutir un projet de loi ayant justement pour objectif d’apporter l’assistance médicale nécessaire à ces personnes frappées de stérilité. « Le ministère est conscient des problèmes de cette catégorie de personnes. Le projet, qui est au stade final de son adoption, devra ainsi résoudre ces problèmes. Il devra permettre à ces couples en difficulté de procréation de profiter des soins en leur garantissant une assurance médicale », a-t-elle souligné lors de cette rencontre, qui a levé le voile sur cette expérience douloureuse.