Réinventer l’avenir par la science et l’innovation

La cinquième édition de la Science Week de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) s’est tenue du 17 au 23 février 2025 sous le thème “Shaping the Future” à Benguerir. Cet événement d’envergure a incarné une vision dynamique de la science : une discipline ancrée dans le réel, au service de la transformation sociale et économique.

Avec plus de 4.500 participants, dont des étudiants de diverses universités, 90 experts internationaux, 45 conférences et 30 ateliers, la Science Week a exploré des enjeux stratégiques majeurs : le rôle de l’intelligence artificielle dans les transitions industrielles, la souveraineté scientifique en Afrique, les défis énergétiques et miniers, ainsi que l’innovation dans les secteurs de l’agriculture et de la santé.
 
Un savoir-faire national mis en lumière
 
L’édition 2025 a également célébré l’excellence marocaine avec l’intervention de Tarik Oualalou, architecte du Grand Stade Hassan II, qui sera le plus grand stade du monde avec 115.000 places. Son design, inspiré des traditions marocaines, allie esthétique et performance énergétique. Un pari audacieux qui pourrait permettre au Maroc d’accueillir la finale de la Coupe du monde 2030 dans ce stade.
 
Hydrogène vert, transition minière et agriculture durable
 
Les discussions autour de l’hydrogène vert ont mis en avant la nécessité d’une approche intégrée, combinant production locale, infrastructures adaptées et industrialisation des chaînes de valeur. Philippe Esposito, cofondateur de DH2 Energy, a insisté sur l’importance de sécuriser les investissements et de développer des partenariats entre recherche et industrie pour éviter toute dépendance technologique.

Dans le secteur minier, la session “Mining the Future” a souligné la tension croissante entre la demande mondiale en métaux stratégiques et la nécessité d’une exploitation durable. Richard Lilly, géologue d’exploration, a présenté les avancées en matière d’automatisation et d’optimisation des ressources, tandis que Toufik Ait Ettajer, conseiller en stratégie chez Repsol, a mis l’accent sur les stratégies de neutralité carbone et le captage du CO₂.
L’optimisation des ressources agricoles a également été un sujet clé. Jacob Jones, directeur du Centre STEPS, a plaidé pour une gestion plus efficiente du phosphore, élément essentiel à l’agriculture, en encourageant le recyclage des engrais phosphatés.
 
L’intelligence artificielle en médecine: promesses et défis
 
Les applications de l’intelligence artificielle en médecine ont suscité des débats sur les biais algorithmiques, la fiabilité des diagnostics automatisés et leur impact sur la formation des professionnels de santé. Choukri Ben Mamoun, professeur à l’Université de Yale, a mis en avant les progrès en médecine prédictive, tout en insistant sur les limites actuelles des modèles d’IA. De son côté, Intissar Hadiya, professeure de néphrologie, a rappelé que l’IA doit rester un outil complémentaire à l’expertise humaine et être encadrée pour garantir des pratiques éthiques.
En génomique, les avancées dans la cartographie du génome végétal et la médecine personnalisée ont illustré le potentiel des biotechnologies et de l’édition génétique.
 
Innovation et engagement des jeunes chercheurs
 
L’édition 2025 a aussi été marquée par la présentation de projets innovants portés par des chercheurs et étudiants, notamment :
AlgaTech, un robot capable de collecter et recycler les algues pour produire des biocarburants et des engrais naturels.
Ecolink, une plateforme numérique facilitant la collaboration entre entreprises et recycleurs pour optimiser la gestion des déchets.
Le Village Scientifique, quant à lui, a offert un espace immersif où chercheurs, étudiants et grand public ont pu explorer les dernières avancées technologiques à travers des expositions interactives, des démonstrations et des ateliers pratiques.
 
Quand l’art rencontre la science
 
L’événement a également accueilli l’exposition “Le 5e Elément”, une célébration du patrimoine naturel à travers l’art et la science. Des artistes africains de renom, tels que Barthélémy Toguo et Jems Koko Bi, ont exploré l’interaction entre les quatre éléments – Eau, Terre, Air, Feu – et leur influence sur notre environnement.
 
Une vision pour l’avenir
 
Au-delà des débats et présentations, cette édition a posé les bases d’une réflexion globale sur les transformations en cours et sur la nécessité d’une collaboration accrue entre recherche, industrie et institutions publiques.

“La science n’est pas une abstraction confinée aux laboratoires et aux publications. C’est une force en mouvement, un levier qui transforme nos sociétés, nos économies et notre manière d’appréhender le monde”, a fait savoir Hicham El Habti, président de l’UM6P.

Cette dynamique se poursuivra en 2026, avec une nouvelle édition placée sous le thème “Convergence(s)”. A l’heure où les frontières entre disciplines s’estompent et où les synergies entre recherche, industrie et politiques publiques deviennent essentielles, il est impératif d’envisager la science comme un carrefour d’interactions, un espace où savoirs et innovations s’entrelacent pour façonner l’avenir.

Youssef Lahlali