Le cash en maître absolu au Maroc

Et la fausse monnaie a la vie dure


H.T
Jeudi 2 Août 2018

L’approvisionnement de l’économie nationale en monnaie fiduciaire est une mission qui relève de Bank Al-Maghrib en vertu du privilège d’émission que lui confère la loi d’une part, et au pouvoir que lui confie son statut d’autre part.
La Banque centrale est, en effet, la seule compétente à apprécier et entretenir la qualité de la monnaie fiduciaire mais elle peut déléguer cette mission à des établissements spécialisés dans les conditions définies par la loi.
Au Maroc, le cash régnant en maître absolu, la demande représentée par les billets et pièces de monnaie en circulation s’est établie en 2016 à 216 milliards de dirhams, soit l’équivalent de 1,5 milliard de billets et 2,6 milliards de pièces. Son rythme de progression qui s’est décéléré en revenant de 7,4% à 4,8% en termes de valeur et de 5,3% à 2,2% en termes de volume, pourrait s’expliquer par le ralentissement de la croissance économique influencée par la baisse des activités agricoles.
2016 a été également marquée par une augmentation annuelle moyenne de la valeur des signes monétaires en circulation d’environ 6% ainsi que par la progression de sa part par rapport au PIB qui a atteint 21%, soit son plus haut niveau enregistré durant les cinq dernières années.
Par habitant, la circulation fiduciaire a représenté, en volume, 43 billets et 73 pièces et en valeur près de 6.300 DH.
Mais qui dit monnaie scripturale dit aussi fausse monnaie.
La contrefaçon existe, en effet, partout à travers le monde où elle est considérée comme un délit particulièrement grave, car elle vise le cœur même du système politique et économique.
Au Maroc, elle est fortement réprimée, l’article 334 du Code pénal disposant à cet effet qu’"est puni de la réclusion perpétuelle quiconque contrefait, falsifie ou altère: soit des monnaies métalliques, ou papier-monnaie, ayant cours légal au Maroc ou à l'étranger; soit des titres, bons ou obligations, émis par le Trésor public avec son timbre ou sa marque, ou des coupons d'intérêts afférents à ces titres, bons ou obligations".
Elle n’a néanmoins pas atteint des degrés de développement à même de compliquer la tâche de l’Institut d’émission, ni des niveaux suffisamment alarmants pour que l’on s’en émeuve outre mesure.
Maintenu aux alentours de huit billets de banque faux par million de billets en circulation (BPM), le taux des contrefaçons de billets de banque demeure, en effet, en deçà du seuil d’alerte fixé par Bank Al-Maghrib, lequel est arrêté à 20 BPM alors qu’il avoisine 40 BPM au Canada, au Brésil et dans la zone euro, et 140 BPM en Grande-Bretagne.
Le dernier rapport que le wali de Bank Al-Maghrib a remis à S.M le Roi, indique à ce propos que le nombre de faux billets détectés en 2017 s'est même replié de 25% à 9.753 faux billets d’une valeur de 1,5 million de dirhams (MDH).
Par coupures, le billet de 200 dirhams a représenté 62% du nombre total de billets contrefaits, tandis que par type de série, c’est celle de 2002 qui reste prédominante avec une part de 58%, indique BAM en précisant que le nombre de faux billets par million de billets en circulation a diminué ainsi de 8,6 à 6,1 d’une année à l’autre et que la Banque centrale a procédé à la destruction de 380 millions de billets ne remplissant plus les conditions de qualité requises pour leur remise en circulation.
Selon son rapport, le volume de traitement réalisé par les centres Privés de tri (CPT) en grandes coupures est demeuré prédominant, avec des parts de 48% pour les billets de 200 dirhams et de 46% et pour ceux de 100 dirhams.
Grâce aux opérations de traitement, ces CPT ont recyclé directement aux banques 1,5 milliard de billets valides (BV) et ont versé à BAM 448 millions de BV. Le taux de recyclage global s’est situé ainsi à 80%.
Pour assurer la qualité des billets en circulation, BAM effectue des contrôles inopinés auprès des banques et des CPT. En 2017, les contrôles des banques ont concerné 234 agences bancaires, fait savoir le rapport, ajoutant que les principaux constats relevés indiquent que 91% des agences contrôlées remettent en circulation des BV issus d’un circuit de traitement ou bien traités par leurs propres moyens, et près de 80% disposent des équipements aptes pour authentifier les billets de banque marocains (BBM).
Quant aux missions de contrôle des CPT, elles ont été au nombre 46 et ont donné lieu à certaines actions de redressement pour corriger les manquements constatés.
Il convient de préciser, par ailleurs, que les résultats de la lutte menée contre les faussaires a suivi une courbe en dents de scie durant les trois dernières années.
En 2015, 10.919 faux billets de banque ont été détectés contre 12.292 en 2016 et 9.753 en 2017.
Selon le rapport de Bank Al-Maghrib relatif à la première de ces années, 10.919 billets de banque ont, en effet,  été falsifiés en 2015, soit une valeur d'environ 1,3 million de dirhams qui correspond à une moyenne de 121 dirhams par billet. Un chiffre stable comparé au rapport de 2014 qui avait vu la falsification de cinq billets de moins.
La coupure à 200 dirhams a été de loin la plus falsifiée et représente 44% de l’ensemble des billets de contrefaçon, suivie de celle de 20 dirhams (29%), celle de 100 dirhams (26%) et enfin la coupure de 50 dirhams (1%).
Bank Al-Maghrib a indiqué, à ce propos, avoir décidé d’émettre une nouvelle série de billets au système de sécurité performant et d’exiger des centres privés de tri (CPT) de vérifier l’authenticité des billets avant leur recyclage et des banques commerciales de procéder à l’authentification des coupures dès leur réception de la clientèle.
Ce qui ne semble pas avoir porté ses fruits avec célérité puisque le rapport 2016 de BAM a révélé que 12.292 billets contrefaits ont été détectés pour un montant global évalué à 1,9 million de dirhams, en hausse de 19% en nombre et de 43% en valeur par rapport à l’année 2015.
Le taux de contrefaçon de billets de banque au Maroc en 2016 s’est donc situé à 8,6 faux billets par million de billets en circulation, contre 7,6 l’année précédente, soit une légère progression de 1,1 point.


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