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Défis, leviers d’action et perspectives pour un développement local inclusif, durable et équitable
En contrepoint de la Vision Maroc 2010 qui ambitionne de faire du potentiel culturel un levier de promotion et de développement du secteur touristique, il y a toujours des ambitions et des intérêts personnels dénués de toute logique ou légitimité. A Essaouira qui vit de et pour son patrimoine bâti, musical et linguistique, il est des gens qui ont du mal à assumer leurs responsabilités pour préserver, capitaliser et promouvoir cette richesse en vue d’en faire le levier d’un processus de désenclavement.
Ici, on a pris l’habitude de tolérer l’intolérable, de composer avec l’absurde et les paradoxes. Mais, les choses ont atteint le comble la dernière semaine, car le conseil municipal s’est encore une fois surpassé en absurdité en envisageant de transformer le musée de Sidi Mohammed Ben Abdellah, seul musée de la ville, en siège municipal.
Une décision qui a fait des vagues à tous les niveaux et qui a été accueillie par un rejet total et une condamnation de toutes parts. L’Association des lauréats de l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine a vivement réagi à cette manœuvre en saisissant le ministre de la Culture, le gouverneur et le maire de la ville. Elle a exprimé son rejet catégorique de ce projet, tout en affirmant son soutien à la conservatrice dudit musée qui a été la cible d’injures et d’humiliation de la part du deuxième vice-président de Mohammed El Ferraa.
Jusqu’ici, tout laisse croire qu’il s’agit d’une décision maladroite qui reflète la véritable identité d’un conseil municipal toujours fidèle à lui-même. Mais il y a une regrettable histoire derrière cette affaire qui n’avait pas lieu d’être. Que l’on se rappelle le fameux contrat de bail signé par le deuxième vice-président du maire au profit d’un particulier. On avait alors parlé d’un dépassement dudit édile de ses prérogatives limitées au secteur de l’urbanisme, et de la violation des procédures et règlements en vigueur puisque le contrat de location du bazar avoisinant le musée de Sidi Mohammed Ben Abdellah n’a jamais été soumis au conseil municipal. On se demande encore ce qu’ont fait les autorités locales pour rendre ce deuxième vice-président à la raison. Qu’ont-elles fait contre cette décision illégale et injuste ? Qu’ont-elles fait pour protéger les biens de la commune cédés sous forme de contrats de bail au profit de l’ex-secrétaire général de la province, d’un restaurateur, et du bénéficiaire du bazar en question ?
«C’était le 14 mars 2011, j’avais reçu un coup de fil de la part de mes collègues m’avisant de certains travaux de construction entrepris sans autorisation dans le bazar attenant au musée. J’ai tout de suite avisé le délégué de la Culture qui a fait le nécessaire pour alerter les autorités locales qui ont arrêté les travaux. Le lendemain matin, et à notre grande surprise, nous avions découvert que les travaux ont été achevés la nuit. Nous étions alors devant un fait accompli qui nécessitait une réaction urgente. A cet effet, le délégué du ministère de la Culture accompagné du premier et deuxième vice-présidents du maire s’est déplacé au musée dans le but de remettre de l’ordre. Malheureusement, j’ai été la cible d’injures et d’humiliation de la part du deuxième vice-président qui a affirmé ne pas avoir besoin d’autorisation pour réaliser ces travaux ! Tout en me menaçant de réagir une fois revenu à la municipalité. Effectivement, la semaine dernière, la transformation du musée en siège municipal avait été à l’ordre du jour de la session d’avril ! », nous a déclaré non sans amertume Zhour Amhaouch, la conservatrice du musée qui a saisi le ministre de la Culture ainsi que le gouverneur d’Essaouira à propos de l’agression verbale dont elle a fait l’objet de la part du deuxième vice-président de la commune.
Quelle est la relation entre l’adjoint d’El Ferraa et le bazar en question ? Comment peut-il se permettre d’être le premier à violer la loi de l’urbanisme tout en étant responsable au niveau du conseil municipal ? Avons-nous atteint ce niveau si dangereux en termes de gouvernance pour qu’un simple édile décide du sort d’une institution culturelle importante rien que pour régler ses comptes avec une fonctionnaire qui a dit non au massacre du patrimoine et à la violation des lois en vigueur ? Quel est le but réel de cette décision ?
Des questions, entre autres, qui inquiètent et donnent à réfléchir, mais qui mettent à nu les connexions qui ont orchestré cette affaire depuis le départ.
« La délégation de la Culture a été surprise par la programmation d’un projet de décision municipale visant à transformer le musée en bâtiment municipal, sachant que ledit musée a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre la commune et le ministère de la Culture depuis 1981. Notre surprise était si grande, car nous n’avons été ni avisés ni consultés d’une part ; d’autre part ; aucune alternative ne nous a été proposée pour remplacer cette infrastructure culturelle qui a toujours gardé vivace l’identité et la richesse culturelle d’Essaouira », nous a déclaré Abderrahim Bartia, délégué du ministère de la Culture. Ledit point de l’ordre du jour du conseil municipal avait été reporté, mais il avait dévoilé la mentalité de ceux qui décident des biens et de l’avenir de la ville, tout en créant une grande solidarité autour du musée de la ville qui avait nécessité de gros efforts financiers, techniques et scientifiques du ministère de la Culture. Lequel avait pris en charge la restauration, l’équipement et la gestion de cette vieille bâtisse qui a su toujours refléter la singularité architecturale, musicale, vestimentaire et culturelle de l’ancienne Mogador.