Le Printemps arabe a sonné le glas de Ben Laden


A.S
Mardi 3 Mai 2011

Le Printemps arabe a sonné le glas de Ben Laden
Une victoire militaire pour Washington, un coup de maître pour le Pakistan et une perte irréparable pour Al-Qaïda.
L’annonce dimanche soir par le Président Obama de la mort d’Oussama Ben Laden au cours d’une opération menée par les services spéciaux américains au Pakistan fait partie de ces évènements qui permettent, parfois, de changer le cours de l’Histoire.
Ayant vécu par le glaive, c’est par le glaive qu’il a péri. Mais sa véritable mort, c’est au Printemps arabe qu’on la doit, puisqu’en battant le pavé, les manifestants qui sont en train d’écrire l’avenir des pays de la région ont porté un coup fatal à son programme fait de haine régressive et d’attentats meurtriers. Du Maghreb au Machrek, jeunes et moins jeunes n’ont nullement appelé à la haine, ni hurlé des slogans intégristes. Ils se sont soulevés pour établir, non pas un califat rétrograde, mais la démocratie et l’Etat de droit
Si Oussama Ben Laden avait réussi dans les années 90 à surfer sur les frustrations arabes que suscitait la politique américaine dans la région, les foules arabes, au gré de la dernière décennie, ont, en effet, tourné le dos à celui qui incarnait le radicalisme jusqu’au-boutiste et le terrorisme.  La haine anti-américaine, il ne l’avait certes pas inventée, mais il l’avait habilement exploitée. Soutien massif à Israël et aux dictatures arabes pro-occidentales, embargo cruel contre l’Irak de Saddam Hussein etc. Il n’en fallait pas moins pour engendrer un fort ressentiment teinté d’impuissance au sein des masses arabes. L’indicible attentat contre le World Trade Center de New York et le Pentagone à Washington avait impressionné nombre d’Arabes et même, il faut le dire, réjoui les plus traditionnalistes d’entre eux. Pour une fois, ce n’était pas un pays arabo-musulman qui souffrait le martyre. Pour la première fois de son histoire, l’Amérique était atteinte au cœur…
Mais Al-Qaïda n’avait rien d’autre à proposer qu’une haine tenace et une violence injustifiable. Et, pendant que se développait une traque fiévreuse de Ben Laden, l’Occident se lançait dans une première guerre en Afghanistan qui n’apportait aucune solution. Puis, George Bush et ses néoconservateurs s’en prirent à Saddam Hussein sous les fallacieux prétextes qu’il disposait d’armes de destruction massive.
Alors que l’Amérique et ses alliés s’embourbaient en Afghanistan puis en Irak, le monde arabe évoluait. La jeunesse regardait les télévisions par satellite, s’informait par Internet et communiquait par Facebook et Twitter. En dix ans, ses aspirations à la liberté, à la justice, à la démocratie, sonnaient comme le glas de l’idéologie – mais y en a-t-il une ? – d’Al-Qaïda.
Malgré la mort de Ben Laden et nonobstant le Printemps arabe et ses multiples révoltes toujours en cours, il restera peut-être encore des partisans du radicalisme terroriste, qui croient que seul le martyre peut rapprocher d’Allah. Mais force est de constater que les harangues  intégristes n’ont jamais réussi à mobiliser les foules arabes. Lesquelles se sont soulevées, ces derniers mois, pour revendiquer leurs droits à davantage de liberté et de démocratie. Haro donc sur toutes les formes d’obscurantismes ! Une nouvelle phase de l’Histoire du monde arabe vient de commencer.
Reste que la mort de Ben Laden constitue assurément une perte vitale pour Al-Qaïda. Ce dernier n'est certes ni l'éminence grise, ni le directeur logistique de cette nébuleuse terroriste, mais il en était le symbole historique et… vivant. L’avoir tué, et surtout être à même de l'identifier voire d'exhiber sa dépouille mortelle, va mettre un terme au mythe de cet homme que l’Amérique et les autres pays occidentaux n’ont cessé de traquer durant plus d’une décennie. 


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