Le PJD a-t-il des leçons à donner ?


par Driss Alandaloussi
Samedi 4 Février 2012

Le PJD a-t-il des leçons à donner ?
Nous avons espéré que l’alternance de 1998 allait créer  les conditions d’une transition démocratique. Nos espérances ont vite croulé devant la continuité des méthodes passéistes et le peu de résultats par rapport aux temps pris. Les élites du Makhzen ont fini par dominer l’équipe de Si Abderrahmane El Youssoufi et ont réussi à mettre  la plupart des  dossiers de réforme  dans les placards et à anesthésier, au passage, certains leaders. Les réactions des bureaux politiques n’ont été qu’à la hauteur des ambitions personnelles sous couvert de la nécessaire continuité des projets. La référence à la « crise cardiaque» qui guettait le pays a été outrageusement exploitée pour justifier le maintien de certains ténors «de la gauche»  aux sérails  du pouvoir. Le rendez-vous historique de 2002 a été lamentablement manqué par défaut d’appréciation du respect de la méthodologie démocratique. Le laconique communiqué de presse du parti ayant gagné la première place aux élections a, presque, été sans objet.  Le reste est connu. L’USFP a perdu le contact avec ses militants et avec les forces populaires. De profondes mutations de ce parti sont nécessaires pour qu’il puisse retrouver le crédit dont il bénéficiait. Une certaine reprise du slogan tunisien qui nous est  désormais  familier  « dégage ! » est fortement légitime pour ne pas dire historiquement nécessaire.  Comparé à Abdelilah Benkirane, Si Abderrahmane  n’a que timidement communiqué et n’a que très partiellement offert aux Ittihadis une équipe gouvernementale qui les représentait. La méthode Benkirane a, en ce début de mandat, innové en matière de communication et d’ouverture. Les perdants de 2011, y compris ceux ayant intégré l’actuelle majorité, doivent ouvrir les yeux et avoir la modestie d’apprendre de leurs collègues pjdistes. Ceci dit, le PJD peut   royalement donner des leçons aux partis ayant fait fi des attentes des électeurs tout en  meublant  notre paysage politique depuis  plusieurs décennies.
La réplique politicienne consacrée et chantée par les artistes de la langue de bois qui ne cessaient de répéter : «Nous n’avons de leçons à recevoir de personne …nous sommes un parti enraciné dans l’histoire nationale » est désormais dénuée de tout sens  pour ne pas dire de tout crédit. La vox populi nous a rendu espoir et une certaine confiance en l’avenir de notre pays. Les coups de balai, qu’elle a donnés, ont atteint en plein cœur des leaders artificiels sans âme, sans ressources, sans passé et sans aucune ardeur pour défendre les vrais intérêts du peuple. C’est une réelle fierté que d’espérer que les sièges de la première Chambre de notre Parlement, souvent  déserté, ne seraient plus un signe de désolation pour des citoyens ayant envie de voir leurs représentants déranger le gouvernement et  porter leurs doléances, sur le petit écran, devant les décideurs. Le PJD est en droit de donner des leçons en matière de présence de ses députés aux sessions du Parlement depuis deux législatures.
La deuxième leçon est encore plus importante. Il s’agit de l’espoir que tout militant est en droit d’avoir pour  se projeter dans l’avenir en ayant la conviction de pouvoir accéder aux hautes responsabilités et de contribuer à la mise en œuvre du programme de son parti. Les fameux réseaux d’influence, qui ont  fait beaucoup  de mal à la crédibilité de la politique et qui ont permis à des incapables de tenir les gouvernails de nos administrations et entreprises   publiques, ont cassé le moral de beaucoup de cadres  compétents et ont par la même occasion inhibé toute ambition légitime pouvant consacrer le pouvoir de la compétence et de la probité. Le PJD a permis à ses militants de réaliser cette ambition dans la transparence. Les cent sept députés de ce parti sont sortis des rangs du militantisme islamo-politique et ont la conviction de porter un message de réforme empreint d’une certaine morale. L’important est que les valeurs soient au service du développement économique et social et non servir les tenants d’un ordre moral. Les attentes sociales et politiques sont hélas plus  grandes et plus pertinentes. Le PJD a bousculé les méthodes d’un âge révolu de désignation des héritiers des pouvoirs. Ses ministres ont été choisis par les instances du parti et non par un chef amnésique aux penchants «boutiquistes » glissant les noms des ministrables dans de minuscules feuillets non détectables par la technologie anti-mensongère. Le gendre, le frère, le cousin, la belle-fille, le beau-fils, l’ami, le vieux compagnon et l’«inconnu » ont  malheureusement toujours la possibilité de se frayer un chemin gouvernemental à travers les alliés du PJD. Ceux-ci n’ont que faiblement écouté la voix du peuple. Ils finiront par renforcer l’admiration de leurs membres pour les pratiques pjdistes. Des troubles intra-partisans sont  inévitables. Le Parti de l’Istiqlal est en train de dessiner caricaturalement le schéma de son implosion contre une identité familiale décriée d’abord  par les Marocains et maintenant et enfin par les Istiqlaliens. Les autres alliés sont historiquement et politiquement dans l’impasse. Le destin de leurs dirigeants prime sur celui du pays. Il n’y a aucun besoin de clarifier davantage. La nécessité liée à la consolidation du nombre finira par nuire à la qualité de l’équipe gouvernementale et, à très court terme, à sa crédibilité.
Comment ne pas reconnaître l’exemplarité de la méthode du PJD lorsqu’on voit de très hautes responsabilités se confier à ses militants issus des quartiers populaires, de l’école marocaine, que d’autres ont ravalée,  de la lutte associative et point de salons des familles distinguées mettant les cuillères en or dans les petites bouches de leurs bébés nés dans les luxueuses maternités aux suites très coûteuses ? Les réseaux  chantant la maturité précoce de la progéniture  élue et sa propension naturelle à mieux comprendre et agir, avec génie, ont longtemps envoyé les valeurs d’égalité dans les ténèbres de l’oubli. Les pratiques démocratiques doivent, en principe, réintroduire le mérite  dans l’accès aux charges publiques et bannir le réseautage familial, enclin à devenir mafieux. La femme acteur politique a été mise, en ce début de mandat, au banc des absents par contumace. Le tribunal des états-majors politiques a ainsi jugé la compétence, la participation féminine et les années de lutte pour l’égalité.
La troisième leçon que le PJD peut légitimement donner est l’exclusion des méthodes, presque, secrètes des démarches de formation du gouvernement. Les citoyens ont suivi les tractations et ont exprimé quotidiennement  leurs opinions sur les ministrables. Les resautés ancrés dans la famille, dans le clan et dans l’intérêt personnel ont survécu à la volonté de rompre avec le passif du passé. Le risque qui guette l’équipe Benkirane est inhérent au réseautage des ministres issus des équipes alliées. Les autres risques sont d’ordre structurel et systémique et sont en relation directe avec les choix politiques et avec l’impondérable facteur exogène. Amplifier ce dernier reviendrait à déclarer les limites de  la volonté politique et partant à sombrer dans la justification de l’existant.
 Cela étant dit, le combat ne fait que commencer. Les intentions, les méthodes et la volonté de mieux faire ne peuvent résister au manque de résultat. Le passif de gouvernance et le large éventail des revendications sociales sont le principal adversaire à défier. La moitié du chemin est dans la méthode, mais l’autre moitié est dans les réalisations des promesses électorales. Beaucoup de dirigeants ont, par le passé, juré loyauté et abnégation pour le pays et ont fini par convertir leur conscience à l’enrichissement illicite. Ils ont accumulé des richesses et disposent d’un patrimoine gigantesque. Porter l’étendard de la moralisation et de la lutte contre les rentiers et les corrompus est une affaire de lutte politique, seul gage de la réconciliation du citoyen avec la politique.
Telle est la lecture intéressée d’un croyant laïc du paysage politique dominé par  le PJD.


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1.Posté par futurbarbu le 05/02/2012 08:54
Vous décrivez le PJD comme l'envoyé divin au maroc ,autant dire Moise à son peuple d'Isreal,et vous oubliez de dire clairement et nettement que l'administration a un pouvoir ancré auquel aucun gouvernement n'a pu s'attaquer d'une façon méthodique et continue ,sans administration au service des citoyens ,rien ne sera réalisé meme avec la volonté que vous attribuez au PJD ,mais ce qui est sur à 100 % ,l'echec du gouvernement BK ,qu'aucun marocain ne souhaite,fera froid au dos et aura des conséquences que les anarchistes et les barbus attendent ,l'opposition au gouvernement doit etre constructice pour ne pas aider les aventuristes à exiter les masses populaires .

2.Posté par nopasaran le 05/02/2012 12:55
je dirai le pjd a t il des lecons a recevoir de partis corrompus et qui ont servi le makhzen avec zele.a vrai dire pour moi c'est blanc bonnet et bonnet blanc.il faut une veritable revolution au maroc pour venir a bout de ce modele.j'espere que mon commentaire sera publié mais j'en doute.vive la liberté d'expression

3.Posté par futurbarbu le 05/02/2012 18:56
Mr nopasaran: vous révez d'une révolution ,et Lénine l'avait déjà faite et a duré 70 ans et à la fin c'est boris elsine un arriviste du parti communiste soviétique qui a tout balayé et a livré gratuitement l'union sovietique au capitalisme sauvage qui a donné naissance en 20 ans à de gros milliardaires avec des truands qui avalent la russie .Si Lénine se réveillait ,il regreterait d'avoir fait une révolution .L'histoire sert à apprendre la vie Mr nopasaran et continuez à rever car le reve allonge la vie!

4.Posté par Abou-elAzaim le 06/02/2012 04:40
Rien , Rien ne sera fait au profit de la masse populaire (les pauvres,les jeunes ,et surtout les chômeurs .BK a donné beaucoups de promesses, est sans cesse ,soit a la télé ou à la presse,Entretien réalisé par le journaliste Mustapha el Alaoui et autres Mr BK a utilisé sa démagogie connue ,un bon parleur qui fera de notre Maroc surtout la classe moyenne un demi-tour en arrière pour s'aligner aux pauvres , parce que le but réel de BK comme tt autres el fassi ou X le poste -Rappelez vous ce qu'il a dit Abderrahmane el Majdoub sur le Maroc : Nadrak Kbir ya El Maghreb ,ou maykhamlouk mdari ------ou khawfi 3alik kbir ila yahakmou fik adrari ,c'est malheureux mais .......vive notre Roi bien aimé et notre Maroc pas notre Gouvernement , parce qu’il fera de même que les précédentes -rien de rien =0

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