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“Ils veulent transformer le Printemps arabe en un printemps chiite”, a accusé Abdellatif al-Mahmoud, un dignitaire sunnite de Bahreïn, où un mouvement de contestation mené par la majorité chiite de la population a été réprimé dans le sang au début de l'année.
“Le Printemps arabe a attisé l'appétit de nos chiites”, a-t-il déclaré à l'AFP, en marge d'un séminaire qui s'est achevé jeudi à Doha sur le thème du “Rôle de la diversité confessionnelle dans l'avenir de la région du Golfe arabe”.
L'islamiste sunnite koweïtien Walid Tabtabaï, a été encore plus virulent.
“Dès lors que les chiites sont majoritaires, ils s'en prennent aux sunnites”, a-t-il dit, citant le cas de l'Iran mais aussi celui de l'Irak après la chute du régime sunnite de Saddam Hussein en 2003.
“Cette approche est inappropriée”, a répliqué cheikh Ali Salmane, chef du Wefaq, le groupe le plus représentatif des chiites de Bahreïn.
“Le Printemps arabe qui souffle sur l'ensemble de la région arabe implique toutes les confessions et toutes les communautés, y compris les amazighs”, a-t-il ajouté en référence aux berbères libyens qui ont contribué à la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi.
La répression à la mi-mars du mouvement de contestation chiite à Bahreïn, menée avec le soutien d'autres monarchies du Golfe, a accentué la tension parmi les minorités chiites, notamment au Koweït et en Arabie Saoudite où quatre personnes ont été tuées fin novembre dans des heurts avec les forces de sécurité.
“Le problème est politique et non confessionnel”, soutient cheikh Ali Salmane, dont la communauté chiite appelle à des réformes démocratiques pour assurer l'égalité des citoyens à Bahreïn et enrayer toute discrimination.
Son analyse est partagée par l'intellectuel koweïtien Mohamed al-Rumaïhi, qui estime qu'il faudrait “promouvoir le sens de la citoyenneté” pour annihiler tout communautarisme confessionnel ou tribal.
“Le faible sentiment de citoyenneté favorise le confessionnalisme et crée un fossé entre l'Etat et les jeunes”, a averti une militante chiite saoudienne des droits de l'Homme, Faouzia Hani, présente au séminaire de Doha.
Mais la proximité de l'Iran, un pays majoritairement chiite, suscite la méfiance des dirigeants de ses voisins arabes qui redoutent que leurs propres communautés chiites ne soient à la solde de Téhéran, lequel ne cache pas ses ambitions de s'imposer comme une puissance régionale.
Scission de l'islam orthodoxe, le chiisme est né d'un conflit politico-religieux à propos de la succession du Prophète Mahomet.
La branche sunnite, majoritaire dans l'islam, se définit quand à elle comme tenante de l'orthodoxie, celle qui applique les doctrines, normes et usages établis par le Prophète Mahomet. Les sunnites se conforment à la sunna (“tradition du Prophète”).
“Nous devons nous déconnecter de cet héritage historique qui nous bloque tous”, a estimé Saïd Hareb, un intellectuel des Emirats Arabes Unis, avant d'ajouter: “Nous ne pouvons pas changer l'histoire, mais nous pouvons changer l'avenir”.
Or, la réalité est plus dure. “Nous ne savons pas comment les choses vont se dérouler la semaine prochaine dans la région de Qatif”, dans l'est de l'Arabie Saoudite, à l'occasion du deuil de l'Achoura, a dit Faouzia Hani, en allusion aux heurts meurtriers de fin novembre dans cette région.
L'Achoura commémore le martyre de l'imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet et troisième imam du chiisme, tué en 680 par les troupes du calife omeyyade Yazid à Kerbala.