Le Maroc ne consacre que 0,8% du PIB au financement de la recherche

L’Etat initie timidement des projets relatifs au secteur des nanotechnologies


Mohamed Kadimi
Mercredi 29 Juillet 2009

Le Maroc ne consacre que 0,8% du PIB au financement de la recherche
Le développement économique requiert impérativement une diversification des ressources de richesse. L’agriculture, le tourisme, l’industrie et les matières premières sont importantes, mais tout change surtout avec la place de plus en plus consacrée à l’économie du savoir et aux nouvelles technologies de communication. Dans cette optique, le secteur des nanotechnologies constitue désormais un indicateur de développement économique et social, un outil de compétitivité des entreprises et de la performance industrielle à l’échelle mondiale. En dépit des projets lancés au Maroc, les résultats demeurent en deçà des impératifs du développement du pays.
Deux raisons fondamentales justifient cet état des lieux: Insuffisance des ressources financières publiques consacrées à la recherche-développement et non implication du secteur privé.
La Direction des études et des prévisions financières indique que le financement de la recherche est assuré dans sa quasi-totalité par l’Etat. Actuellement, il est de l’ordre de 0,8 % du PIB, avec la perspective d’atteindre 1% à l’horizon 2010 et 1,5% en 2015 grâce au plan Envol. Ce financement est assuré à travers les budgets de fonctionnement et d’investissement ou à travers un compte d’affectation spéciale.
Durant la période 1996-2004, les fonds alloués à la recherche dans le cadre du budget de l’Etat, ont servi au financement de plusieurs programmes et projets (PARS, PROTARS, Pôles de compétences, équipement des laboratoires universitaires, projets d’établissements, etc.).
Sur un autre niveau, l’infrastructure d’enseignement et de recherche est composée de 22 établissements publics de recherche et de 18 pôles de compétences qui ont leurs points focaux nationaux répartis entre Rabat, Casablanca, Marrakech et Fès. Parmi ces pôles, 4 sont destinés à œuvrer dans le domaine des nanotechnologies.
En termes d’effectifs, les statistiques recueillies auprès du ministère de la Recherche scientifique font état en 2008 d’un vivier de 700 chercheurs marocains à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc. Parmi ces chercheurs, 400 résidents au Maroc dont 100 œuvrent dans des domaines ciblés dont les nanotechnologies. Le Maroc table sur la formation de 300 nouveaux chercheurs dans ces domaines et la création d’une dizaine de laboratoires spécialisés à l’horizon 2015.
La Direction des études et des prévisions financières rapporte qu’en termes de brevets, plus des 2/3 des dépôts sont des dépôts des étrangers. Les dépôts des nationaux représentent moins de 20% dont plus de 80% sont des brevets de personnes physiques, ce qui est un indicateur de l’attractivité du pays.
Les brevets déposés relatifs au domaine de la nanotechnologie restent faibles par rapport aux dépôts de brevets dans les secteurs de la médecine hygiène et des industries chimiques.
En ce qui concerne le secteur privé, il suffit de constater d’après l’association R&D Maroc qui a mené une enquête en 2005 auprès de 2.000 entreprises (dont1.000 ont répondu) que les dépenses estimées par les entreprises en matière de R&D sont d’environ 0,1% du PIB. De même, 80% des entreprises ont recours à l’autofinancement pour leur R&D, ce qui peut constituer un frein dans la mesure où il n’existe pas de fonds public de soutien.
En ce qui concerne les ressources humaines, actuellement les 2/3 des chercheurs dont dispose le Maroc ont plus de 45 ans et une relève par des jeunes chercheurs n’est pas observée. A ce rythme, dans 15 ans, le Maroc présentera un sérieux déficit en ressources humaines.
Le budget consacré aux enseignants chercheurs est de l’ordre de 10.000 dirhams par enseignant par an, ce qui est jugé faible et ne valorise pas les activités de recherche au Maroc.
Il ressort du diagnostic de la situation du secteur des nanotechnologies au Maroc un ensemble d’insuffisances. Il est même difficile de dresser un état des lieux de la nanotechnologie au Maroc pose d’emblée un problème qui est dû principalement à l’absence de données chiffrées sur le secteur. Cela démontre le peu d’intérêt manifesté jusque-là pour cette branche, pourtant devenue essentielle dans l’économie du savoir et de la connaissance.
Force, cependant, est de constater que ces dernières années, les entreprises, notamment celles qui exportent ou qui opèrent sur des marchés très concurrentiels, commencent à percevoir l’importance de l’innovation et de la R&D.
Le gouvernement et l’autorité gouvernementale en charge de la recherche scientifique ont également multiplié les initiatives ces dernières années: création en 2002 d’un Comité interministériel de la recherche scientifique et du développement technologique, premières évaluations visant à accréditer les unités de formation et de recherche (UFR) induisant des regroupements d’équipes, premiers financements nationaux, mise en place de la Stratégie nationale de la recherche scientifique à l’horizon 2025 et lancement du programme.
Emergence, qui exprime pour la première fois une vision relativement prometteuse sur des secteurs stratégiques où le Maroc peut se positionner.
Ceci s’est traduit d’abord par le lancement, en avril 2006, d’un programme national préliminaire prenant la forme d’une Initiative nationale pour les nanosciences et nanotechnologies (I3N). Cette initiative visait la mise en réseau national des compétences issues de laboratoires de recherche et d’entreprises afin de faire émerger au Maroc des activités au standard international dans le domaine des nanosciences.
L’I3N a été ensuite renforcée par le lancement du plan Envol. Il s’agit de cibler, à l’horizon 2012, des secteurs technologiques très avancés et à très forte valeur ajoutée tels que la nanotechnologie, la microélectronique, la biotechnologie, l’énergie, l’environnement.
Suite aux recommandations emmenant des résultats de l’évaluation du système national dans les domaines des sciences exactes, des sciences de la vie et des sciences de l’ingénieur visant à dresser sur le long terme une vision stratégique portant sur les 20 prochaines années, les pouvoirs publics ont mis en place en 2005 une commission composée d’experts nationaux ayant pour principal objectif la proposition d’un projet de vision et de stratégie de développement de la recherche scientifique et technique à l’horizon 2025.
Des initiatives ont également vu le jour sous l’impulsion de jeunes compétences marocaines à l’étranger. Il s’agit du projet «MASCIR» (Moroccan Association for Scientific Innovation and reaserch), du triangle de recherche et d’innovation de la vallée du Moyen Atlas « MAVRIT » et du projet initié par l’université Al akhawayne d’Ifrane en partenariat avec les Universités Moulay Smail de Meknès et Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès.
Ce sont ces expériences qui ont, probablement, encouragé les pouvoirs publics à lancer le plan national baptisé Envol, jouant le rôle fédérateur et accélérateur de toutes ces petits projets. Ceci a été notamment concrétisé par la création d’une cité intelligente « Rabat technopolis » composée d’un parc dédié aux secteurs de la microélectronique et aux nanotechnologies et d’un centre de développement technologique pour les activités de recherche et développement dans ce domaine. La Technopolis de Rabat était toute désignée pour renforcer cette orientation adopté par MedZ, filiale de CDG Développement.
Il est à souligner que le plan Envol assure la continuité des projets auparavant mentionnés dans le cadre de l’initiative I3N.
De son côté, le projet Mascir, qui a pour objet de mettre en place l’infrastructure physique et technologique, est le fruit d’un partenariat novateur entre plusieurs opérateurs. Ce projet, qui a pour objectif de promouvoir la recherche scientifique dans la région, consiste à mettre en réseau les ressources matérielles et humaines des différents partenaires du projet, en vue de créer un triangle de recherche et de développement dans cinq domaines notamment les nouvelles technologies de l’information et des communications (NTIC), les biotechnologies, les nanotechnologies, l’environnement ainsi que les matériaux et les polymères. Le montant d’investissement qui a été consacré à la réalisation du projet Mascir est de 564 millions de dirhams.
Figure, en dernier lieu, la zone Technopolis, financée à 100% par MedZ. Elle s’étend sur une assiette globale de 300 hectares, dont une première tranche a été finalisée (107 ha) avec un coût de 3.214 millions de dirhams. Cette zone repose sur le concept de parc technologique qui développe quatre composantes à savoir l’offshoring, le multimédia et l’audiovisuel, le développement de logiciels et la haute technologie (Nanotechnologie).
A titre de comparaison, l’effort mondial, académique et industriel, pour les nanotechnologies a été estimé, en 2006, à 10,5 milliards de dollars. Parmi les 4,6 milliards de dollars de dépenses publiques consenties au domaine, les Etats-Unis représentent 35% (1,6 Md$), l’Asie 35%, l’Europe 28% (1,3 Md$) et le reste du monde 2%. Dans le secteur privé, les 3,8 Md$ représentent 46% de l’ensemble pour les Etats- Unis (1,75 Md$), 36% pour l’Asie (1,4 Md$), 17% pour l’Europe (500M$) et moins de 1% pour l’ensemble des autres pays du monde.
A noter que les nanotechnologies couvrent à la fois la recherche fondamentale (nanosciences) et la recherche finalisée (nanotechnologies). Elles suscitent l’intérêt sur différents plans : la recherche, l’innovation et le transfert technologique. Les nanosciences sont souvent qualifiées de disciplines «horizontales», «clés» ou encore «habilitantes» car elles s’immergent dans pratiquement tous les autres secteurs technologiques et tirent parti de démarches interdisciplinaires ou «convergentes».
Elles réunissent fréquemment plusieurs disciplines scientifiques dont en particulier, les technologies de l’information et de la communication : moyens de stockage de données présentant des densités d’enregistrement très élevées ; les technologies de l’énergie : énergie renouvelable (cellules solaires photovoltaïques) ou énergie embarquée sur des « mobiles » (piles à combustible) ainsi que les technologies dans le domaine médical (medtech) et neurotechnologique : chirurgie, ingénierie tissulaire et de matériaux biomimétiques, implants, aide au diagnostic précoce des maladies.


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