«C' est un nouveau pas en avant qui ouvre une nouvelle étape ». C’est avec ces mots que le chercheur marocain Moussaoui Ajlaoui a commenté la reconnaissance par Israël de la marocanité du Sahara. C’est le Cabinet Royal qui a annoncé cette bonne nouvelle dans un communiqué rendu public lundi dernier informant l’opinion publique de la lettre que le Souverain a reçue du Premier ministre de l’Etat d’Israël, Benyamin Netanyahu. «Par cette lettre, le Premier ministre israélien a porté à la Très Haute Attention de Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste, la décision de l’Etat d’Israël de "reconnaître la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental"», lit-on dans ce communiqué. « L'importance de cette reconnaissance réside avant tout dans le développement des relations bilatérales entre le Maroc et Israël surtout dans les domaines économique, sécuritaire, militaire et financier », a déclaré Moussaoui Ajlaoui, chercheur associé à Ames-Center, dans une déclaration à Libé. Il y a lieu de noter que « le Premier ministre israélien a indiqué que la position de son pays sera reflétée dans tous les actes et les documents pertinents du gouvernement israélien » et « que ladite décision sera transmise aux Nations unies, aux organisations régionales et internationales dont Israël est membre, ainsi qu’à tous les pays avec lesquels Israël entretient des relations diplomatiques ». En outre, Benyamin Netanyahu a informé le Souverain qu’Israël « examine positivement l’ouverture d’un consulat dans la ville de Dakhla ». « Cela signifie qu’on pourrait assister prochainement à l'élévation du statut du bureau de liaison à Rabat au rang d'ambassade. Car, l’on ne peut concevoir l’ouverture d’un consulat israélien à Dakhla sans l’ouverture préalablement d’une ambassade à Rabat. Et c'est peut-être ce qu'ont relevé les médias israéliens à propos de la nomination du premier attaché militaire au Maroc », a fait savoir notre interlocuteur. Selon Moussaoui Ajlaoui, cette reconnaissance était prévisible surtout depuis la visite du président de la Knesset, Amir Ohana, au Royaume en juin dernier. « Je l’ai dit avant et je le redis maintenant, en tant que président de la Knesset, très clairement: Israël devrait aller de l’avant vers cet objectif de reconnaissance de la marocanité du Sahara, tout comme notre allié le plus proche, les Etats-Unis d’Amérique », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse tenue à l’issue d’une rencontre avec le président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami. Par ailleurs, Moussaoui Ajlaoui a rappelé le discours Royal du 20 août 2022, et dans lequel S.M le Roi Mohammed VI a souligné clairement que le développement des relations de Rabat avec les autres pays du monde est intimement lié à leur position quant à la question du Sahara marocain. « Je voudrais adresser un message clair à tout le monde : le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international. C’est aussi clairement et simplement l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats qu’il établit », a précisé le Souverain dans ledit discours prononcé à l’occasion du 69e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple. Cette nouvelle reconnaissance est, selon Moussaoui Ajlaoui, un message aux autres pays qui hésitent encore à faire un pas décisif ou « à sortir de la zone de confort », notamment la France. « Ou bien ces pays s’inscrivent dans le processus qui est en marche en appuyant la souveraineté du Maroc sur son Sahara, ou bien ils resteront à l'écart », a martelé le chercheur marocain. Dans son analyse, Moussaoui Ajlaoui a mis l’accent sur un autre point lié à l'accord tripartite signé en 2020 entre le Maroc, les Etats-Unis et Israël. « Il ressort du cours des événements que la reconnaissance israélienne de la marocanité du Sahara n'a rien à voir avec l'accord tripartite, qui restera ouvert, car il y a des engagements à honorer par les parties prenantes à cet accord », a précisé notre interlocuteur. Et d’ajouter : « A titre d’exempe, l'accord contient des engagements particuliers pour les États-Unis, notamment l’ouverture d’un consulat dans le Sahara. Certes, un pas a été franchi en ouvrant un consulat virtuel et l'administration Biden ne fait plus la distinction entre les provinces du Sud et le reste du Royaume dans tous ses rapports et cartes officiels, mais le Maroc attend toujours que les Etats-Unis d'Amérique remplissent ce qu'ils ont signé dans ledit accord. Ils l'ont compris et ont commencé à envoyer des délégations à Dakhla et à Laâyoune, mais dans le cadre de programmes de jeunesse, de développement, entre autres. Mais pour le Maroc, cela ne suffit pas. Pour cette raison, nous ne pouvons pas lier la reconnaissance israélienne de la marocanité du Sahara à l'accord tripartite ». Par ailleurs, Moussaoui Ajlaoui a souligné que le développement des relations entre Rabat et Tel-Aviv ne peut se faire en aucun cas au détriment des droits des Palestiniens. « Israël connaît cet état de fait et sait que le Souverain a un statut particulier en tant que président du Comité Al-Qods. Pour cela, la position du Maroc vis-à-vis de ce qui se passe dans les territoires palestiniens reste inchangée. C’est pourquoi, le Maroc a condamné à plusieurs reprises ce qui se passe à Al Qods ou à Jénine», a conclu Moussaoui Ajlaoui, tout en souhaitant que cette nouvelle reconnaissance ouvre la voie au déblocage de la situation au Proche-Orient.