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S’exprimant lors d’une conférence de presse à l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, célébrée cette année sous le thème "La peine de mort ne protège personne", Mme Bouayach a indiqué que l'instauration d'un moratoire sur la peine capitale, alors qu'elle est toujours stipulée dans les lois, est plus sévère que sa mise en application, eu égard à l’impact psychologique et social qui en découle, appelant à mettre un terme à cette lourde situation d’attente que vivent les condamnés et leurs familles.
Elle a souligné, dans ce cadre, que la peine de mort ne protège personne tant sa mise en exécution ne saurait être une source de quiétude ni pour les familles des victimes, encore moins pour la société, ajoutant que le CNDH "va œuvrer cette année à sensibiliser sur sa vision à ce sujet".
Mettant en avant la position ferme du CNDH au sujet de l’abolition de la peine de mort, la responsable a indiqué que celle-ci trouve son fondement dans la nature absolue du droit à la vie sur lequel reposent les autres droits, ainsi que sur la mission du CNDH en tant qu’institution nationale veillant à la défense de ce droit et appelant le législateur à mettre les dispositions juridiques en cohérence avec l’article 20 de la Constitution, ainsi qu'avec les conventions et pactes ratifiés par le Maroc.
Elle a relevé que dans le sillage de la célébration du vingtième anniversaire de l’Instance équité et réconciliation (IER), l’ambition est de réaliser une avancée vers la ratification du protocole facultatif annexe au Pacte international visant à abolir la peine de mort, lors de la réunion de la Troisième commission en décembre prochain.
Cette ambition explique en effet le souci du CNDH, en tant qu'institution chargée du suivi de l’application des recommandations de l’IER, de veiller à ce que ses avis consultatifs en matière pénale prennent en compte ses appels sans équivoque à l’abolition de la peine de mort, a-t-elle soutenu.
Le coordinateur de la Coalition marocaine contre la peine de mort, Me Abderrahim Jamai, a, pour sa part, relevé que le plaidoyer en faveur de l’abolition de la peine capitale de mort au Maroc est un "combat à dimension humaine" pour le droit à la vie, soulignant la nécessité d’être à l'écoute des revendications du mouvement de défense des droits de l’Homme pour abolir cette peine.
Il a, dans ce sens, relevé que la peine de mort "n’a aucun impact coercitif en termes de prévention du crime, comme en témoignent les études scientifiques et pénales publiées par nombre d'institutions et universités, en plus du fait qu’elle implique des risques juridiques, judiciaires, législatifs et culturels pouvant rendre iniques les jugements à la peine capitale".
Le secrétaire général de l’Observatoire marocain des prisons (OMP), Abdellah Mesdad, a de son côté relevé que le contexte mondial actuel milite en faveur de l’abolition de la peine de mort, mettant en avant l’adhésion de l’OMP aux efforts destinés à mettre fin à cette sentence aux niveaux africain et maghrébin.
La directrice exécutive de la Coalition mondiale contre la peine de mort, Aurélie Plaçais, a mis en avant, dans une intervention vidéo, l’importance de répondre aux revendications de la société civile marocaine et des organisations de défense des droits de l’Homme appelant à abolir la peine capitale, en adéquation avec les engagements et les efforts du Maroc dans le domaine des droits de l’Homme.
Elle a à cet égard insisté sur la nécessité de ratifier en décembre prochain à New York le deuxième protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, visant à abolir la peine de mort.
Ont pris part à cette rencontre plusieurs ambassadeurs et représentants du Corps diplomatique accrédités à Rabat, ainsi que des représentants d’institutions nationales et internationales des droits de l’Homme.