Le 4ème Art célèbre aujourd’hui sa journée mondiale : Ni fleurs ni couronnes, le théâtre national va mal


M’Hamed HAMROUCH
Samedi 27 Mars 2010

Le 4ème Art célèbre aujourd’hui sa journée mondiale : Ni fleurs ni couronnes, le théâtre national va mal
Aujourd’hui est un grand jour pour le théâtre. Comme à chaque 27 mars, le monde entier met les petits plats dans les grands pour célébrer celui que l’on surnomme, à juste titre, «le père des arts». Bien sûr, à l’instar des journées précédentes, on ne va pas tarir d’éloges sur cet « ancêtre » des arts qui, malgré la révolution numérique, continue de merveilleusement séduire le public. Il faut rendre au théâtre ce qui appartient au théâtre. Simplement, peut-on se demander au risque de gâcher la fête à celles et ceux qui ont fait le choix difficile de vivre de la scène : Qu’allons-nous fêter cette fois? Peut-on dormir sur ses lauriers et dire que tout va bien dans le meilleur des mondes? La situation critique dans laquelle se trouve le théâtre dans le monde en général, au Maroc en particulier, exige de tout un chacun un minimum d’honnêteté et de courage pour dire : «Ni fleurs ni couronnes, le théâtre va mal». Le 4ème art n’a malheureusement pas su se hisser au niveau des défis que pose la nouvelle société mondiale. Au Maroc, puisque c’est de lui qu’il s’agit, on est resté «en queue du train» pour emprunter une expression au lexique ferroviaire. Il est curieux de constater que, de ce côté de la planète-théâtre, l’obligation de moyens n’a pas été accompagnée de l’obligation de résultats. Parlons clair, parlons vrai. La création du Fonds d’aide à la production théâtrale en 1998, - une excellente idée de l’ex-ministre de la Culture Mohamed Achaâri -, n’a pas donné les résultats souhaités. On se rend compte, 12 ans après l’installation de la Commission nationale du Fonds d’aide, qu’on est encore loin de cette étape où l’on peut dire sans sourciller que le théâtre marocain est sorti de l’ère de l’amateurisme pour épouser celle du professionnalisme. Si en amont l’Etat s’acquitte bel et bien de sa responsabilité vis-à-vis du théâtre, à travers la subvention, quand bien même l’enveloppe annuelle allouée (environ 4 millions DH) resterait en-deçà des attentes, on constate, la mort dans l’âme, que la qualité de la production théâtrale laisse souvent à désirer. Certes, cette politique a favorisé l’émergence d’une jeune génération rompue aux nouvelles techniques dramatiques et qui ne voit dans le texte qu’un prétexte, jetant ainsi les bases d’un théâtre plutôt visuel, mais il faut dire que les professionnels n’ont pas réussi à réconcilier le public avec les salles de théâtre. On est plusieurs à penser  que ce théâtre, abstraction faite de quelques exceptions, n’interpelle qu’une infime partie du public marocain. A vrai dire, ni le choix textuel, ni la construction dramatique, encore moins le niveau d’interprétation, ne répondent à cette exigence de «proximité» (à prendre au sens politique, culturel, social, etc). Les spectacles, en tout cas la majorité d’entre eux, restent loin des réelles préoccupations de Monsieur et Madame tout le monde. Un théâtre qui ne colle pas aux soucis réels de la population n’est pas digne de ce nom. Notre théâtre est appelé à descendre de sa légendaire tour d’ivoire, car ce n’est pas d’un théâtre qui se cache derrière l’érudition que l’on veut, à plus forte raison en cette période où ce même théâtre est appelé à dire son mot sur l’évolution indéniable que connaît la société marocaine.
Mais passons, là est une autre question. Si en amont, disions-nous, l’Etat a honoré son engagement, on remarque qu’en aval le résultat n’a pas toujours suivi. Et ce serait erroné de réduire la problématique du théâtre marocain à sa simple expression pécuniaire, car c’est de manque de moyens imaginatifs qu’il convient de parler. On regrette que l’exigence d’un théâtre professionnel ait été sacrifiée sur la foi de simples considérations sonnantes et trébuchantes. On est plusieurs à constater aujourd’hui que la politique d’aide a favorisé l’apparition de troupes-bidon, plus intéressées par l’assistanat de l’Etat que par le théâtre lui-même. C’est pour cela qu’une réforme de fond en comble de la politique d’aide s’impose aujourd’hui. C’est à cette condition, et à cette condition principalement, que l’on peut sauver «le plus beau métier du monde». 


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