Lancement d’un site Internet dédié à cette pratique : Le covoiturage fait halte à Casablanca

A l’école maternelle, au primaire et même au secondaire, les parents « font souvent du ramassage». En effet, chaque mère ou père en tant que chauffeur vient récupérer à tour de rôle, les enfants à l’école pour les accompagner à la maison ou ailleurs.
Othman Filali et Younès Mellouki ont voulu redonner vie à ce « ramassage » à travers ce qu’on appelle le covoiturage. Dans une ambiance chaleureuse, lumière tamisée et buffet, Othman et Younès ont choisi le café nommé Coffee House Sugar Hill de la rue Ahmed El Mokri dans le quartier Racine à Casablanca pour donner le coup d’envoi de leur site Internet.
Le covoiturage représente le « partage de tout type de véhicule pour effectuer
un trajet, en tant que conducteur, en tant que passager et pour aller au travail, pour les accompagnements scolaires, pour les loisirs ».
Othman Filali et Younès Mellouki sont deux jeunes d’une trentaine d’années qui ont fait des études en finances et entrepreneuriat en Europe. Ces deux jeunes hommes présentent un certain nombre d’«atomes crochus » et de « complémentarités ». Ces affinités et cette complémentarité ont poussé Othman et Younès à créer leur propre entreprise intitulée Tesmeem.  Cette start-up a été créée en 2008 et comporte pour l’instant trois personnes –« multi-tâches »-. La troisième personne de l’équipe est chargée de la communication. Les entrées d’argent d’Othman et Younès proviennent de la publicité.
Les locaux de Tesmeem se trouvent à Casablanca, à côté des anciens abattoirs. Une présentation power point était prévue, mais Othman et Younès ont préféré répondre aux diverses questions des journalistes présents. L’équipe de Tesmeem considère qu’il est nécessaire « d’améliorer les conditions de déplacement et d’accès en milieu urbain/extra-urbain », de « contribuer à réduire le nombre de véhicules en circulation en milieu urbain », de « limiter les émissions de produits polluants », d’ « optimiser la consommation énergétique dédiée au transport » afin de « rationaliser les coûts liés au transport ».
Younès a utilisé le film récemment sorti dans les salles du monde entier, Home, pour illustrer l’importance de la préservation de l’environnement et où en tant que citoyens du monde nous devons faire des économies en tous genres dans notre vie quotidienne. Le covoiturage fait partie des économies à faire.
Othman faisait la navette entre Rabat-Agdal et Casa-Port – le trafic à Casablanca est infernal d’ailleurs- pendant trois ans. Il garait à Rabat-Agdal sa voiture et prenait le train pour Casa-Port. Il rencontrait les mêmes têtes tous les jours. Par timidité, il n’osait pas proposer l’option de covoiturage. Un jour il l’a fait, en tant que citoyen marocain.
L’objet de cette rencontre, à savoir le lancement officiel du site Internet cocovoiturage.com est une interface gratuite offrant des services aux particuliers et aux entreprises sur le thème du transport en partage. Il s’agit d’un outil de mise en relation permettant la simplification de l’accès à un lieu donné, la facilitation du contact entre des personnes habitant des secteurs proches et à effectuer des économies sur les frais de transport.
Ce site est à 100% développé –dans le domaine de l’informatique, développer signifie trouver des algorithmes pour mettre en œuvre un site Internet et ses applications internes- par Othman et Younès.  Ce dernier a l’avantage d’être entièrement gratuit contrairement à la majorité des sites Internet de covoiturage à l’étranger. Othman précise en effet que d’ici 2012, l’année du  lancement officiel du tramway, les problèmes de transports continueront. C’est la raison pour laquelle, le covoiturage est une alternative au transport de manière écologique et efficace. Plusieurs modules sont disponibles sur le site Internet, au jargon spécial. Le covoiturage -pour faciliter, dans un but professionnel ou non, le déplacement au sein d’une même ville ou inter-villes, de ou vers l’étranger, les accompagnements scolaires et le covoituplage-, le colivoiturage - pour faciliter l’acheminement, entre membres du site, de colis et de biens divers- et le taxipartage afin de partager un taxi entre membres.
L’inscription au site web est gratuite, cela permettra « un accès à un réseau social pour réaliser des trajets en covoiturage » et également l’avantage de créer des profils de membres, complets et modernes (images, préférences, etc.), attribuer des réseaux d’appartenance (entreprises, écoles, collectivités, administrations), proposer et rechercher des trajets, gérer une messagerie avec Coco et enfin faire une évaluation entre membres de la communauté.
Le moteur de recherche du site Internet est efficace si la recherche au sein des différents modules proposés s’effectue « par statut, destination, quartier, date, tranche horaire, fréquence et recherche réseau. Le moteur de recherche mémorise des recherches et des trajets proposés et enfin, il est possible de procéder à une recherche de membres, par réseau, par nom, par adresse ou par adresse mail.
Le logo comporte une tête de chameau portant un costume de cadre. Cette tête de chameau, appelée Coco, a été choisie par l’équipe jeune de Tesmeem car d’après Younès, le chameau « est utilisé par les bédouins du Sahara pour son coût faible ». En effet, « le chameau ne consomme pas d’essence et est très économique ». Selon Othman, la tête du chameau a été choisie par l’équipe « car les étrangers ont le préjugé qu’au Maroc les gens se déplacent à dos de chameau!».  
Le covoiturage aidera à réduire « l’explosion du parc automobile national ». Selon la direction de la sécurité des transports routiers, la croissance annuelle du parc est de 6% en moyenne. 100.000 véhicules neufs apparaissent sur les routes marocaines. Cette apparition crée de la pollution. Pour Othman et Younès, le trafic est l’ennemi de l’environnement et du citoyen car tout d’abord, c’est une source de pollution atmosphérique à travers le monoxyde de carbone (CO), les oxydes d’azote (NOx), les oxydes de soufre (SOx) et les composés organiques volatils (COV). Ensuite, le trafic représente l’émission de gaz à effet de serre. Puis, le trafic à long terme dégrade la santé des citoyens. De plus, il représente une énorme consommation d’énergie. Enfin, il crée des nuisances sonores et visuelles. Jusqu’à maintenant au Maroc, les citoyens ont eu à leur disposition des moyens de transport inadaptés. C’est pourquoi, il y a un besoin urgent d’un transport en commun de qualité, d’un arrêt d’encombrement des lignes de bus, d’un professionnalisme des taxis qui maîtrisent les trajets et la conduite et d’une alternative fiable en cas de grève.
Les préséances pour les utilisateurs intéressés seront une diminution des coûts liés au transport, plus de convivialité,  plus de ponctualité, plus d’accessibilité (éloignement des gares et aéroports), plus de solutions de transport et moins de stress. Les avantages pour l’entreprise seront multiples. En effet, la politique du département Ressources humaines sera focalisée sur le relationnel, le renforcement de la culture d’entreprise et une meilleure ambiance de travail. Dans un deuxième temps, l’image de la firme et le potentiel de communication seront renforcés. L’entreprise sera engagée en faveur de l’environnement et sera socialement responsable.  Elle fera plus d’économies et maîtrisera son budget de transport –amélioration de la productivité, maîtrise des dépenses en parking- et une rationalisation des coûts de déplacements professionnels et des véhicules de service. Enfin, les salariés seront plus ponctuels. Le covoiturage aura aussi des avantages pour la collectivité par une « réduction de  la circulation automobile en augmentant le taux de remplissage des voitures particulières », par une réduction significative des embouteillages, du bruit et des accidents de circulation, une meilleure rentabilisation des infrastructures routières et un perfectionnement de la « gestion de la voirie et des parkings en zone urbaine », précisent les initiateurs de cocovoiturage.com.
Selon les concepts de développement et de mobilité durables, le covoiturage semble être la solution la mieux adaptée à notre environnement actuel. A l’avenir, en attendant de voir les résultats du lancement du premier site Internet de covoiturage, Othman et Younès prévoient de mettre en ligne un site web qui guiderait les entreprises à utiliser Internet en période de crise financière.