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«Faux», nous a répondu Maryam Loutfi, de la division de la communication et de la documentation au CSEFRS. D’après elle, le Conseil n’a rien décidé à propos de la gratuité de l’enseignement public. «Cette question a été débattue par les membres lors de la 9ème session. Il s’agit d’un débat d’idées concernant une étude en cours d’élaboration supervisée par la Commission de la gouvernance relevant du Conseil et qui concerne le financement du système éducatif et la réforme», nous a-t-elle précisé. Et d’ajouter : «Cette étude a été discutée pour la première fois et aucune recommandation n’a été faite à ce sujet. Le débat est encore en cours et il n’est pas encore tranché puisqu’il reste beaucoup de détails à affiner et c’est ce qui a été décidé lors de la réunion de la Commission générale».
Notre source s’est dite surprise qu’un tel tollé ait été soulevé à propos de cette question. D’autant qu’il ne s’agit pas d’une question nouvelle. «La question du financement de l’enseignement public a été déjà soulevée lors de la présentation de la Vision stratégique pour la réforme 2015-2030 et il a été mentionné noir sur blanc que les familles aisées devront financer les études universitaires publiques ainsi que l’instauration d’un enseignement public payant au niveau de l’enseignement qualifiant dans le moyen terme», a fait remarquer Maryam Loutfi.
Ceci d’autant plus que le Conseil a déjà défendu la gratuité dans son rapport présenté en mai 2015 et intitulé « Pour une école de l’équité et de la qualité : vision stratégique pour la réforme 2015-2030». Une gratuité qui doit être de mise dans la mesure où il considère que c’est un devoir que doit prendre en charge l’Etat. «Il est inconcevable de priver un citoyen d’enseignement pour des raisons matérielles», a indiqué le document du CSEFRS.
Une vision qui ne semble pas être partagée par le gouvernement Benkirane dont l’un des membres qui n’est autre que Lahcen Daoudi, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres, a déclaré récemment de manière qui frise la vulgarité que «celui qui veut voir ses enfants étudier, n’a qu’à mettre la main à la poche». Des propos qui rappellent d’autres qu’il a tenus en 2014 lorsqu’il a déclaré à un quotidien de la place qu’il faut «en finir avec l'absurdité du tout-gratuit à l'université». Et d’ajouter : «Les ménages qui ont les moyens doivent contribuer à l'effort de financement de la formation».
Des arguments qui ne tiennent pas la route selon Mohamed Sadouki, expert en pédagogie, qui estime que l’enseignement est un service public qui doit être garanti par l’Etat qui a la charge de le financer. «Les propos de Daoudi ou du chef du gouvernement à propos de la fin de la gratuité ne sont que des avis qui rappellent les tendances capitalistes et libérales de l’Etat mais qui sont confrontés à une résistance forte de la part de la quasi-totalité des citoyens», nous a-t-il expliqué en estimant que ce débat atteste du nombre important de personnes chargées de cette question. «Aujourd’hui, on assiste à la multiplicité des acteurs intervenants. Il y a d’un côté le CSEFRS et de l’autre le ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle et le ministère de l’Enseignement supérieur sans omettre des commissions comme celle qui vient d’être instaurée par Benkirane», nous a-t-il déclaré.
Pourtant, notre source se demande si vraiment la non gratuité constituera le remède miracle pour venir à bout des maux de l’enseignement public. «Rien ne garantit qu’un enseignement payant soit de grande qualité», nous a-t-elle expliqué. Un avis que partagent d’autres experts qui estiment que le problème de l’enseignement marocain n’est pas seulement celui des ressources financières mais plutôt de la gestion puisque ce secteur absorbe un budget important sans grand résultat. «Aujourd’hui, ce sont les enfants des familles pauvres et de la classe moyenne qui poursuivent leurs études dans l’enseignement public. Mettre fin à la gratuité, c’est priver purement et simplement ces couches sociales d’un droit universel reconnu par les conventions internationales», a conclu Mohamed Sadouki.