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Quoi qu’il en soit, d’une liste de recommandations étayée par la publication d’un témoignage d’une dénommée Jihan, certes poignant mais non moins sujet à caution, en passant par l’appel à utiliser un hashtag pour demander à Bassima Hakkaoui, de tout mettre en œuvre afin d’aider toutes ces femmes victimes de violence conjugale. L’initiative est donc louable et permet de tirer la sonnette d’alarme et de faire un retour sur une triste réalité.
Chiffres à l’appui, il est, en effet, aisé de constater que s’il est vrai que de nombreux pays ne sont pas épargnés des formes de violences conjugales et familiales qui laissent d’aucuns perplexes, le Maroc, en particulier, et les pays arabes, en général, enregistrent d’inquiétants pourcentages de ce type de maltraitance. En effet, à en croire une étude du Haut- commissariat au plan (HCP) sur la prévalence de la violence à l'égard des femmes, réalisée en 2009 et publiée récemment, plus de la moitié des femmes mariées (55%) âgées de 18 à 64 ans, auraient subi au moins une fois dans l’année un acte de violence en milieu conjugal. Toujours selon la même source, les violences faites aux femmes en milieu familial ont fait 1,3 million de victimes, soit un taux de prévalence de 13,5%notant que le taux de prévalence des violences conjugales a atteint 56,1% en milieu urbain contre 53,3% en milieu rural.
L’enquête dévoile également un taux de prévalence des violences dans le cadre familial de l’ordre de 14,3% en milieu urbain et 12,3% en milieu rural soulignant que les victimes de violence conjugale ont moins de 40 ans (61,6%) et qu’elles sont issues généralement des zones urbaines (60,3%), en plus de n’avoir aucun niveau scolaire (56,8%). Et de faire savoir que la plupart d’entre elles se sont mariées avant l'âge de 25 ans. Et ce n’est pas tout. En milieu familial, la violence toucherait plus les femmes de moins de 30 ans (69,8%) venant pour la plupart du milieu urbain (63,1%), a relevé le HCP précisant que la répartition selon les formes de violences en milieu conjugal place en tête du podium la violence psychologique et l'atteinte aux libertés individuelles avec des taux de prévalence respectifs de 38,7 % et 30,3%. Et de faire observer que parmi les violences les plus répandues figurent les insultes, la violence verbale et l'humiliation de la part du conjoint (22,4%) ou de sa famille (6,1%), les agressions physiques (5,7%) ou les menaces d'agressions (6,6%). Il est évident que les données statistiques disponibles sur la violence envers les femmes ne concernent que les victimes qui l’ont signalée, mais les chiffres communiqués par le HCP demeurent éloquents sur la souffrance des femmes mariées dans le Royaume.
Véritable drame social, la violence est devenue d’ores et déjà une tare qui entache nos mœurs.
L’énorme stupéfaction de l’ONG face à l’insouciance dont fait preuve l’actuel Exécutif devant une situation aussi dramatique, indique que le temps est venu pour lever le voile sur cette répugnance et ne plus adopter la politique de l'autruche lorsque d’aucuns entendent parler de la violence domestique.
Résultat des courses, HRW, en prenant de court l’actuelle ministre de la Femme qui ne paraît pas être sensible à la problématique, a pris les devants afin de demander un renforcement du projet de loi sur les violences faites aux femmes, ainsi que des réformes du Code pénal et du Code de procédure pénale.
Concrètement, l’ONG internationale a recommandé de prendre d’importantes mesures à l’instar de la mise sur pied de projets de loi qui devraient définir clairement la notion de « violence domestique » et de pénaliser le viol conjugal.
Aussi propose-t-elle comme autres mesures préventives, le fait de prévoir dans lesdits projets de loi des activités de sensibilisation, des modules dans les programmes d’enseignement, ainsi que des actions de sensibilisation des médias. De fil en aiguille, HRW pointe du doigt la responsabilité des forces de l’ordre et du Parquet en soulignant que les projets de loi à mettre dans le pipe législatif devraient spécifier les obligations de la police et des procureurs du Roi dans les cas de violence domestique avérée. «Ces projets de loi devraient exiger que les forces de l’ordre et les magistrats se concertent et communiquent directement, au lieu de demander aux plaignantes de trimballer leurs doléances entre ces services», a-t-elle fait savoir avant de rappeler que lesdits projets de loi devraient aussi spécifier que le témoignage des plaignantes devrait, dans certains cas, constituer une preuve d’inculpation.
De même, l’ONG indique que les projets de loi en question devraient spécifiquement prévoir des mesures de protection, d’urgence et de longue durée. «En application de ces ordonnances, il serait interdit aux agresseurs de s’approcher des victimes de leurs violences, sous peine d’encourir la force de la loi», explique-t-elle déplorant que le droit marocain ne prévoit pas de telles ordonnances.
Last but not least, pour HRW, ces projets de loi devraient prévoir le soutien et la prestation de services aux victimes de violences domestiques via des lieux de refuge, des soins physiques et psychologiques, des conseils juridiques et des lignes d’appel gratuites. Et de conclure que le gouvernement devrait affecter un fonds spécial, ou tout autre type d’assistance financière, aux survivantes de violences domestiques.
L’heure est donc venue pour le gouvernement actuel d'ôter ses œillères et d’éradiquer ce fléau qui gangrène notre société.