Cette conclusion est tirée d'une importante étude menée par John Beddington, le principal responsable scientifique du gouvernement britannique, et publiée par la Royal Society. Mais même avec une utilisation intensive de nouvelles technologies comme les modifications génétiques et les nanotechnologies, des centaines de millions de personnes pourraient souffrir de la faim dans 40 ans résultant d'une combinaison de facteurs dont le réchauffement climatique, la pénurie d'eau et l'augmentation des besoins alimentaires.
Dans une série de 21 articles, des scientifiques de nombreuses disciplines et de nombreux pays expliquent que de très peu de terres cultivables sont aujourd'hui disponibles à l'échelle de la planète. Pour autant, le défi consistant à augmenter la production alimentaire de 70% dans les quarante prochaines années n'est pas insurmontable. Et cela même si aujourd'hui un homme sur sept n'a pas assez de protéines et d'énergie dans son alimentation.
Il y a ainsi quelques bonnes nouvelles. Des scientifiques de Rothamsted, le plus grand centre de recherche agricole du Royaume-Uni, estiment que le surcroît de dioxyde de carbone dans l'atmosphère et le réchauffement combinés avec l'utilisation de meilleurs engrais et produits chimiques pour protéger les terres fertiles devraient à la fois accroître les rendements et diminuer la consommation d'eau.
Sans surprise, le problème crucial est celui des ressources en eau. Un groupe de scientifiques américains estime que nourrir 3 milliards de personnes en plus pourrait nécessiter de doubler la consommation d'eau dans le monde. Mais le Professeur Kenneth Strzepek de l'Université du Colorado affirme que la quantité d'eau disponible sur la planète pour irriguer les cultures alimentaires va baisser de 18% d'ici 2050. "Cela pourrait être dramatique dans des régions clés comme l'Afrique du nord, l'Inde, la Chine, certaines parties de l'Europe et l'ouest des Etats-Unis", explique M. Strzepek.
Seules de nouvelles technologies pourraient permettre de surmonter cette équation impossible. Le Dr Philip Thornton du International Livestock Research Institute à Nairobi évoque deux jokers: "L'un est la viande artificielle produite dans des cuves et l'autre les nanotechnologies qui permettront, entre autres, de soigner le bétail".
Les 21 articles publiés par la Royal Society sont une première étape. Un rapport final sera rendu public avant la fin de l'année avant la réunion des Nations-unies à Cancun au Mexique sur l'évolution du climat et ses conséquences.