La torture, une réalité tenace au Maroc

Le slogan “Plus jamais ça” demeure un vœu pieux


Hassan Bentaleb
Vendredi 27 Juin 2014

La torture, une réalité tenace au Maroc
La torture est une réalité tenace au Maroc. Elle est loin d’avoir disparu  dix ans après le lancement du processus initié par la mise en place de l’Instance équité et réconciliation et destiné à  réconcilier le peuple marocain avec son passé. Passages à tabac, viols, humiliations, privation de sommeil, etc… ces horreurs inimaginables sont encore pratiquées en toute impunité. Une réalité amère sur laquelle Amnesty International et l’AMDH ont tenté de  mettre la lumière en observant un sit-in, hier à Rabat. 
« La torture continue à exister au Maroc. Un état de fait reconnu par le CNDH lui-même puisque dans son dernier rapport, il révèle plusieurs cas de torture constatés dans les commissariats de police ou dans les prisons contre des étudiants ou des activistes politiques », nous a déclaré Abdelilah Benabdeslam, vice-président de l’AMDH.   Selon lui, cette situation est due à l’impunité des tortionnaires et au retard enregistré au niveau de la mise en application de la stratégie de la lutte contre la torture lancée par l’Instance équité et réconciliation. « Tout le processus de réconciliation lancé en 2004 a été basé sur le slogan : « Plus jamais ça », mais dix ans plus tard,  la répétition des actes de «peine ou traitement cruel, inhumain ou dégradant» sans poursuite des responsables remet en cause tout ce processus », nous a-t-il lancé. 
Notre source estime que malgré les avancées enregistrées par le Maroc au niveau législatif, la fin de ces pratiques odieuses n’est pas pour demain. « Si le Maroc a bel et bien promulgué une loi criminalisant la torture en 2004, il n’en demeure pas moins que les cas de torture n’ont pas disparu pour autant », nous a-t-il précisé avant d’ajouter : « Ce dispositif a aujourd’hui l’air  obsolète  par rapport aux conventions internationales. Il est en retard par rapport à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants qui définit la torture comme «tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne aux fins notamment d’obtenir d’elle ou d’une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la punir d’un acte qu’elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir commis, de l’intimider ou de faire pression sur elle ou d’intimider ou de faire pression sur une tierce personne, ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination quelle qu’elle soit, lorsqu’une telle douleur ou de telles souffrances sont infligées par un agent de la fonction publique ou tout autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou avec son consentement exprès ou tacite. Ce terme ne s’étend pas à la douleur ou aux souffrances résultant uniquement de sanctions légitimes, inhérentes à ces sanctions ou occasionnées par elles».
Mais qu’en est-il des efforts déployés par l’actuel gouvernement pour mettre un terme à la pratique de la torture ? « Il y a des signes dans ce sens dans la nouvelle révision du Code pénal mais les textes ne manquent pas. Ce qu’il faut, c’est plutôt mettre fin à l’impunité et poursuivre les responsables. Il s’agit là des bases de l’Etat de droit sans lesquelles la torture continuera à être pratiquée par les tortionnaires sans qu’ils soient inquiétés », nous a-t-il  expliqué. 
Que proposent donc l’AMDH et Amnesty International pour lutter contre cette pratique barbare et inhumaine que rien ne saurait justifier ? Elles exigent l’arrêt immédiat de ces pratiques ainsi que la mise en adéquation de la loi marocaine avec les dispositions de la Convention internationale contre la torture. Les deux ONG demandent également la mise en place d’un mécanisme national pour contrôler les lieux de détention.  


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