L’exemple par Mohammedia : Micmacs fonciers et autorisations de construire malgré l’avancée de l’océan
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Mohammedia enclavée entre des oueds et non des moindres (Al Maleh et Nfifikh), de par sa biodiversité, est donc une zone concernée par excellence et qui plus est, bénéficie d’un statut particulier en étant l’une des rares en milieu urbain.
Les intervenants, au nombre de quatre, Abderrafi Samir (SG de l’AESVT), Mohamed Benelkaïd, Tarik Azeriah, membres de l’ARS, et Abdeslam Rihane, enseignant-chercheur au CRMEF de Casablanca, membre du labo de biologie de la Faculté de Ben M’Sik et Grepom Birdlife Maroc, un éminent spécialiste en ornithologie, ont surtout mis l’accent sur les dangers que représente l’intervention humaine dans la dégradation biologique et écologique de la région et surtout à l’assèchement des zones humides de par ces états de faits.
Des comportements inciviques qui, contre tout entendement, ont un écho certain auprès des décideurs et profitent souvent, intérêts et cupidité obligent, à la spéculation immobilière qui, elle, en tire amplement partie en faisant fi des périmètres inondables ou autres constructibles ou pas, de droit ou non. A Mohammedia, à chaque jour que Dieu fait, on y va de sa plus belle pelle, tous les terrains sont bons à bâtir dès lors que l’impunité règne.
Sur l’embouchure de l’oued Al Maleh, en plus des deux barrages des oueds Hassar et Al Maleh construits en amont, deux canaux, l’un de délestage et l’autre éliminant les méandres du capricieux oued, ont été apposés à la zone. Sur la dizaine que compte le delta, neuf zones ont été desséchées et seule (la ZH9) s’acharne à résister envers et contre tous, mais jusqu’à quand ? Les clubs de golf et de tennis de la ville l’avoisinant ont des convoitises certaines à ce qu’elle perde de son eau, l’extension à des fins mercantiles n’en serait que plus profitable.
D’ailleurs, la zone humide de l’embouchure de l’oued Al Maleh n’est pas le seul milieu naturel qui voit sa faune et sa flore dépérir de jour en jour par la faute de la main de l’homme (construction, pollutions industrielle, ménagère ou autres), les forêts périurbaines de Chellalate, Benyekhlef et oued Nfifikh et tout le littoral des Zenatas sont concernés.
Ajouter à cela quelques scandales fonciers çà et là, et vas-y que la mayonnaise prenne à merveille, et ce en toute impunité. A titre d’exemple, on a loti des dunes anciennes de plus de 100.000 ans sur la plage des Sablettes côté ouest nonobstant la sécurité de tout un quartier sachant en cela que l’océan a gagné en un peu plus d’une trentaine d’années, une cinquantaine de mètres de terrain. Les résidents du quartier, en se mobilisant, ont empêché le projet de construction d’une villa et la wilaya usant quelque peu de son autorité ‘’pour un instant seulement’’ comme dirait la chanson, l’a gelé.
En droit, il est possible d'avoir raison contre des faits aussi scandaleux d’autant plus, quand ils ont été commis en toute illégitimité. Devant ceux-là, qui d’une emprise telle, nuisent aux écosystèmes que le Royaume héberge avec ses microsomes d’espèces, il est temps de se dire que la devise des trois fameux singes est révolue. Etre impuissant devant certains lobbyings en observant, bouche cousue, sans voir, en écoutant sans entendre à l’heure des réseaux sociaux, en devient vraiment dérisoire.
Ce patrimoine n’est pas que nôtre, il appartient à l’humanité tout entière et nous nous devons de ne pas le gâcher.
La biodiversité grandement menacée
Au Maroc, la biodiversité connaît une érosion sérieuse du fait de l’occupation généralisée du terrain et de formes d’utilisation inappropriées des ressources.
Le drainage des zones humides, essentiellement pratiqué dans la zone côtière (Gharb, Loukkos, etc.) pour des fins agricoles ou d'urbanisation a occasionné la perte d'habitats estimée à 34.000 ha de zones humides, notamment la disparition d'habitats pour les oiseaux migrateurs, des poissons, de la flore et de faune aquatiques. Tel a été la cas pour les marécages des cours inférieurs de la Moulouya, du Bou Areg, de Tahaddart, de Smir.
Une convention internationale
A l’échelle mondiale, une convention internationale du nom de Ramsar (de la ville iranienne où a été tenue la première édition de la convention en 1971) constitue le cadre des mesures prises au niveau national et de la coopération internationale en matière de conservation et d’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources. La convention compte 133 parties contractantes dont le Maroc.
La convention de Ramsar définit une zone humide de la manière suivante : « Les zones humides sont des étendues naturelles où l’eau joue un rôle dominant pendant au moins une partie de l’année. Les marais, marécages, ruisseaux, rivières, lacs, mares, prairies humides, estuaires, vasières et même certaines étendues peu profondes de la mer, s’inscrivent dans cette définition. »
Elle définit aussi un nombre de «critères» différents pouvant caractériser une zone humide donnée. Quand un certain nombre de ces critères s’appliquent dans une zone humide, elle devient éligible en tant que zone classée « Ramsar » et par ce fait, bénéficie du statut et des mesures de sauvegarde prévues par ladite convention et par ses signataires.
Liste des zones humides inscrites au Ramsar
. Merja Sidi Boughaba (650 ha classé site Ramsar en 1980)
. Merja Zerga (7300 ha classé site Ramsar en 1980)
. Zones humides de l’Oued El Maleh (1200 ha classé en 2005)
. Embouchure de la Moulouya (3000 ha classé en 2005)
. Barrage Mohammed V (5000 ha classé en 1980)
. Complexe du bas Tahaddart (11000 ha classé en 2005)
. Complexe du bas Loukkos (3600 ha classé en 2005)
. Cap des trois fourches (5000 ha classé en 2005)
. Aguelman Afenourir (800 ha classé en 1980)
. Lacs Isly et Tislit (800 ha classé en 2005)
. Archipel et dunes d’Essaouira (4000 ha classé en 2005)
. Barrage El Massira (14000 ha classé en 2005)
. Aguelman Sidi Ali Tifounassine (600 ha classé en 2005)
. Marais et côte du plateau de Rmel (1300 ha classé en 2005)
. Sebkha Bou Areg (14000 ha classé en 2005)
. Oasis du Tafilalet (65000 ha classé en 2005)
. Complexe de Sidi Moussa-Oualidia (10000 ha classé en 2005)
. Zones humides de Souss Massa (1000 ha classé en 2005)
. Embouchure de l’oued Draâ (10000 ha classé en 2005)
. Moyenne Draâ (45000 ha classé en 2005)
. Baie de Khnifiss (20000 ha classé en 1980)
. Sebkha Zima (760 ha classé en 2005)
. Embouchures des Oueds Chbeyka Al Wa’er (8000 ha classé en 2005)
. Baie de Dakhla (40000 ha classé en 2005).
Sous bénéfice d’inventaire ...
L’inventaire des zones humides du Maroc a permis d'énumérer quelque 900 sites, sans compter les milliers de sources et de mares temporaires.
Le Maroc compte 24 zones humides classées sites Ramsar. Afin de contrecarrer les difficultés auxquelles sont confrontés ces écosystèmes, le Plan directeur des aires protégées, élaboré en 1996, avait identifié 154 Sites d'intérêt biologique et écologique (SIBE) classés pour leurs valeurs écologique, scientifique, socioéconomique ou patrimonial, en proposant le classement en parcs nationaux d'une dizaine d'entre eux.
Répartis sur une superficie de 2,5 millions d'hectares, ces SIBE représentent la quasi-totalité des écosystèmes naturels du pays, y compris les zones humides.
Cependant, ces fragiles écosystèmes sont sous le coup de menaces de diverses natures : irrégularité des précipitations, pression démographique et urbaine, pollution, barrages qui risquent de les assécher… Mais le problème le plus grave tient au fait que les décideurs continuent de céder les zones humides aux promoteurs, alors que ces dernières contribuaient à la survie des populations locales.
De plus, elles jouent un rôle écologique de premier ordre et sont le relais obligatoire pour des millions d'oiseaux migrateurs eurafricains.