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« La petite Marrakech » qui surprenait par la couleur fauve de ses remparts, le pittoresque de ses souks et l’agitation fébrile de ses petits cafés, fait désormais fuir les visiteurs.
Cette pénurie d’eau potable dont la canicule a accentué les méfaits n’est, en réalité, que le reflet de l’état général de la cité. L’absence d’une véritable gestion de la ville et d’une politique urbaine cohérente se sont traduites par des décisions apparemment populaires mais dont les effets ont été catastrophiques. Les nouvelles constructions d’habitat ont généré des extensions que les services de l’Etat ne parviennent à couvrir que fort difficilement et où les infrastructures de base nécessaires à toute vie urbaine font défaut. A cela s’ajoutent la surexploitation de la nappe phréatique du Souss-Massa par les grandes propriétés agricoles et le creusement illégal de puits.
Les étés passent à Taroudant, mais les habitants de cette vaste province n’en finissent pas de souffrir le martyre en raison du manque d’eau, des interruptions du service jusque dans les zones urbaines, faisant ainsi de cette pénurie de l’or bleu un problème structurel chaque fois que la température vient à grimper. Le centre de Taroudant a été ponctué ces deux dernières semaines, les plus dangereuses, le mercure ayant frôlé dangereusement les 48°, avec des nuits insoutenables, par des perturbations du service de distributeur de l’eau courante dans les foyers, transformant les longues journées chaudes des ménagères roudanaises en de longues heures d’attente stressantes. Les quartiers Oulad Bounsouna, Hita, sidi Belkas, Zraïbe Oulad Bounouna, douar Mich… manquent d’eau potable et sont condamnés à guetter les robinets pour boire ou encore pour faire leurs ablutions. La vue d’enfants chargés de bidons de dimensions et couleurs différentes, sillonnant, aux premières heures les quartiers de la ville à la recherche d’un peu d’eau, fait partie du triste quotidien des Roudanis cet été encore. Les fréquentes et longues coupures d’eau stressent les populations qui bouillonnent et commencent à se constituer en groupes pour réclamer le droit à un même service pour tous en allusion à la politique deux poids, deux mesures adoptée par les responsables.
En effet, si une bonne partie de la ville a soif, pour ne parler que de ce premier besoin vital, une minorité ne semble pas être concernée par ces coupures. Les quartiers huppés de la ville disposent d’eau à volonté de telle sorte que les deux fontaines au quartier administratif fonctionnent normalement. Les réclamations auprès des responsables du service, n’ont rien donné, hormis des promesses sans effet que l’approvisionnement en eau sera rétabli incessamment, ce qui a poussé les citoyens à faire circuler des pétitions à diffuser auprès des autorités compétentes à Taroudant, à Agadir mais aussi aux plus hauts niveaux pour attirer l’attention sur le sort des milliers de personnes privées d’eau en cette période de canicule meurtrière. D’après nos sources, ces mêmes populations ont reporté un sit-in prévu devant la résidence du gouverneur de Taroudant vendredi dernier, celui-ci étant en déplacement pour la cérémonie d’allégeance. Pour résumer l’histoire, ceux qui n’ont pas besoin d’eau parce qu’ils sont en vacances en dehors de Taroudant en disposent et ceux qui en ont besoin parce que ne pouvant pas s’offrir de vacances n’y ont pas accès.
Pour expliquer la pénurie en eau à Taroudant et le service au compte-gouttes appliqué aux populations, il faut savoir que le problème vient de la nappe phréatique entamée, suite aux années successives de sécheresse. La pluviométrie exceptionnelle de cette saison a certes renflouée les barrages mais le déficit enregistré au niveau des nappes phréatiques du Souss-Massa est toujours d’actualité. Ajoutons à ce phénomène naturel, l’intervention humaine destructrice qui se caractérise par l’exploitation intensive des ressources en eau par les grandes fermes agricoles qui sont concentrées dans la région, et on comprend mieux pourquoi des milliers de citoyens qui paient leurs redevances mensuelle de consommation en eau manquent dangereusement de cette denrée rare.
Selon toujours la même source, le creusement nocturne, des puits à des profondeurs inégalées et en dehors de toute légalité par les grandes exploitations ne fera qu’empirer une situation jugée explosive. Pour preuve, les nombreux meetings tenus à cet effet.
La situation à Taroudant est en passe d’exploser tant la souffrance des populations de cette ville est réelle et vivace. Les mouvements de protestation prennent une allure de revendication sociale à un droit inaliénable, des mouvements qui ponctueront ce mois d’août alors que nous sommes à quelques jours du mois sacré de Ramadan.