La lettre adressée par l’ONG au sujet des détenus politiques de Tindouf est restée sans lendemain : L’OMDH s’inquiète du silence algérien sur le sort des prisonniers sahraouis


M’Hamed Hamrouch
Jeudi 20 Mai 2010

La lettre adressée par l’ONG au sujet des détenus politiques de Tindouf est restée sans lendemain : L’OMDH s’inquiète du silence algérien sur le sort des prisonniers sahraouis
Un silence complice, pour ne pas dire coupable, est opposé par les autorités algériennes à la demande de l’Organisation marocaine des droits de l’Homme de rendre visite aux trois détenus d’opinion incarcérés à Tindouf depuis maintenant plus de six mois. L’OMDH affirme n’avoir toujours pas reçu de réponse à sa demande, un mois après avoir saisi par lettre la présidence algérienne.
Amina Bouayach a assuré dans une déclaration hier à « Libé » que les autorités algériennes avaient bel et bien reçu la lettre, comme cela aurait été confirmé par un responsable à la Primature algérienne contacté par l’ONG. Seulement voilà, ce responsable n’a pas été en mesure de dire si la demande de l’Association marocaine a été acceptée ou rejetée. Du côté de l’ambassade d’Alger à Rabat, motus bouche cousue également. Silence troublant mais qui cache de manière à peine voilée le refus algérien de donner suite à l’appel de l’OMDH de rendre visite aux Sahraouis marocains aujourd’hui sous torture à la prison secrète « 9 juin », à Tindouf. Le cas d’Ahmed Bellouh Ould Hammou est jugé critique par l’OMDH, d’autant plus qu’il observe une grève de la faim illimitée. Interpellé il y a maintenant plus de six mois, puis arrêté, torturé, avant d’être jeté en taule, pour avoir osé dénoncer le détournement des aides humanitaires par la direction du Polisario, l’enrichissement des riches et l’appauvrissement des pauvres, et pour avoir également exprimé son adhésion à la solution d’autonomie, Ahmed Bellouh est aujourd’hui menacé de la peine capitale. Un verdict sans appel et de plus en plus certain, d’autant plus que le Polisario a décidé de faire comparaître la victime devant un tribunal militaire. Décision contre laquelle les ONG sahraouies unionistes s’étaient élevées vigoureusement. Pour rappel, l’Association sahraouie de défense des droits de l’Homme (Assadeh) avait également saisi les autorités algériennes sur le sort préoccupant d’Ahmed Bellouh, en vain. Cette action était intervenue au lendemain d’un appel téléphonique de la part d’un dirigeant séparatiste au frère de Bellouh à Laâyoune, lui disant que son frère risquait la peine de mort. Menace qui a été prise très au sérieux par la famille Bellouh, ainsi que par les acteurs associatifs actifs dans les provinces du Sud. Ramdane Ould Messaoud, président de l’Assadeh, à l’origine de la plainte déposée en 2008 auprès de l’Audience nationale (la plus haute autorité judiciaire en Espagne) contre les tortionnaires du Polisario, avait mis les autorités algériennes face à leurs responsabilités, mettant en garde contre toute tentative de liquidation de l’opposant sahraoui marocain au Polisario. Possédant la double nationalité marocaine et espagnole, Ould Messaoud a annoncé son intention de mener campagne à Madrid pour attirer l’attention de l’opinion publique espagnole sur le sort de l’opposant marocain. « Nous tenons les autorités algériennes pour responsable de tout ce qui pourrait arriver à notre compatriote. Notre concitoyen est incarcéré à Tindouf, et donc sur le sol algérien, du coup, c’est le pays souverain sur cet endroit qui porte la responsabilité de ce qui s’y passe », prévient Ould Messaoud, en faisant part de sa « préoccupation » quant à l’état d’Ahmed Bellouh. Préoccupation d’autant plus forte que la victime est déterminée à aller jusqu’au bout de sa grève … de la faim. L’acteur associatif sahraoui ne s’en prend pas uniquement aux autorités algériennes. « J’en ai déjà assez vu avec ces autorités-là », lance cet ancien détenu de Tindouf. Pour ce dernier, il y a également ce silence plus qu’insignifiant de la part des ONG internationales de défense des droits de l’Homme. « Je ne comprends franchement pas pourquoi ces ONG-là veulent bien ouvrir l’œil sur les droits de l’Homme dans nos provinces sahariennes, après tout meilleurs qu’ailleurs, et fermer un autre sur le sort de nos compatriotes séquestrés dans les camps de Lahmada. C’est d’une bouleversante partialité », s’indigne Ould Messaoud, dans une allusion à peine cachée à Human Rights Watch, la flamboyante ONG américaine qui veut bien voir des « anges » du côté de Tindouf et ne voir que des « diables » de ce côté-ci. « Je me demande pourquoi cette ONG ne s’intéresse pas par exemple au sort d’Ahmed Bellouh », lance Ould Messaoud, en dénonçant l’hypocrisie bouleversante de cette ONG, pour ne citer qu’elle. 


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