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« L’éducation est notre avenir », pouvait-on lire parmi les revendications inscrites sur les banderoles portées par des parents d’élèves très inquiets qui s’étaient retrouvés devant le lycée Lyautey à Casablanca. Ces derniers répondaient à l’appel à la grève lancée par les associations de parents d’élèves de l’enseignement français au Maroc pour condamner les récentes mesures de l’Agence de l’enseignement du français à l’étranger (AEFE). Qui prévoient l’augmentation de 12% des frais d’admission dans les établissements scolaires français à partir de la rentrée prochaine, déclenchant ainsi l’ire des parents qui jugent cette hausse excessive. D’autant plus, craignent-ils, qu’elle devait se poursuivre à un rythme et des taux inhabituels.
« Les frais de scolarité seront progressivement relevés à un rythme que bien de familles ne pourront supporter. Ils atteindront 40% d’ici trois ans, 57,53% dans quatre ans et 76,23% un an plus tard. Pour atteindre 97,38% d’ici six ans. Ils vont quasiment doubler. Nous payerons à la rentrée prochaine 32.000DH/an contre environ 23.000DH/an aujourd’hui. C’est dire combien ces mesures sont lourdes de conséquences, notamment pour des familles aux modestes moyens et ayant plus d’un enfant scolarisé», déplore Mme El Arif, parent de deux élèves.
Une inquiétude partagée par de nombreux autres parents, à l’instar de Mme Latifa qui exprime sa déception en des termes on ne peut plus clairs. « Nous avons choisi ces établissements pour la qualité de leur enseignement, tout en tenant compte des modestes moyens dont nous disposions. Cette hausse pose de sérieux problèmes financiers que nous ne saurions surmonter du fait qu’elle est trop importante. C’est le motif principal de cette grève», nous a-t-elle confié, regrettant toutefois que cette grogne n’ait pas mobilisé assez de parents. « Si certains n’étaient pas au courant, d’autres ne se sont pas joints, parce qu’ils n’ont sûrement pas de soucis financiers. Ce qui n’est pas le cas pour tout le monde », précise-t-elle.
Un taux moindre aurait-il pu calmer les esprits ? Oui, répondent nos interlocutrices. Une augmentation de l’ordre de 5% aurait pu être compréhensible, ont-elles laissé entendre.
Malgré ces protestations et de nouvelles grèves en vue, les parents restent sceptiques quant à la suppression de ces hausses, décidées depuis la France. Sans pour autant baisser les bras, puisqu’ils comptent initier d’autres grèves voire devant l’Ambassade de France.
La suppression des postes d’enseignants titulaires désole également ces derniers. Et pour cause : « Non seulement on nous inflige cette hausse, en plus on veut rabaisser le niveau d’enseignement. Ce dont on est sûr, c’est qu’on va recruter des expatriés (contrats locaux et résidents) certes diplômés mais n’ayant pas reçu la formation adéquate pour enseigner dans les Missions. C’est de l’enseignement au rabais », regrette Mme El Arif.
Face à cette situation, les parents seraient-ils tentées d’inscrire leurs enfants dans les écoles privées ou publiques ? Certainement pas. « On aurait bien aimé les inscrire dans des écoles d’enseignement marocain. Le problème est que les élèves seront confrontés à la langue. L’enseignement se passe en arabe dans le public et dans les deux langues dans le privé. Ils seront lésés », pensent-elles.
L’enseignement français au Maroc
Le réseau des établissements scolaires d'enseignement français au Maroc est le plus dense au monde. Il a scolarisé cette année 28.100 élèves, dont plus de 60 % sont marocains, dans des établissements couvrant les principales villes du Maroc à tous les niveaux d'enseignement.
Ces établissements dépendent, pour 23 d'entre eux, de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (A.E.F.E.). L'Office scolaire universitaire et international (O.S.U.I.) compte 7 établissements. Enfin, 7 établissements supplémentaires, tous basés à Casablanca, bénéficient de l'homologation du ministère français de l'Education nationale.
Créée en 1990, l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), établissement public placé sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères et européennes, est chargée du suivi et de l'animation d'un réseau de 253 établissements à programme français (73 en gestion directe et 180 conventionnés) répartis dans près de 135 pays à travers le monde sur les 440 établissements actuellement homologués par le ministère de l'Education nationale français.