La guerre PAM-PJD va se poursuivre dans les prétoires. Benkirane et Aftati devant la justice pour diffamation

C’est une longue dépêche de l’agence officielle Maghreb Arabe Presse qui en fait l’annonce. Le Parti Authenticité et Modernité, PAM, poursuit en justice le patron des islamistes du PJD, Abdelilah Benkirane et le député d’Oujda, Abdelaziz Aftati, récemment démissionnaire du PJD après sa désormais tristement célèbre lettre à l’ambassadeur de France.
Ainsi en a décidé le Bureau national du PAM après un long débat interne. Cette décision est loin de constituer une surprise. La semaine passée, un communiqué des troupes de Mohamed Cheikh Biadillah faisait très clairement allusion aux intentions de cette formation politique d’aller en justice après les propos tenus par certains dirigeants du PJD.
Les déclarations à la presse de MM. Benkirane et Aftati ont mis les feux aux poudres, alors même que PAM et PJD ne sont pas exactement en odeur de sainteté. « Eradicateurs », «terroristes », «gang à Biadiallah» : Abdelilah Benkirane et Abdelaziz Aftati ne se sont pas, à l’évidence, embarrassés de précautions d’usage pour étaler à la « Une » de journaux de la place tout le mal qu’ils pensaient de ceux et celles du PAM. La réaction de l’instance exécutive de ce dernier ne s’est pas fait attendre. Une plainte a été déposée pour diffamation contre MM. Benkirane et Aftati.
« La coupe est pleine. Cela fait plusieurs mois que notre parti fait l’objet d’attaques virulentes, d’invectives, d’injures, bref un lexique qui se situe à mille lieux du débat politique. Jusque-là nous avions choisi de garder notre calme car nous sommes de ceux qui estiment que le débat est ailleurs et jamais dans la diffamation. Le PJD n’a jamais débattu du fond, de notre programme, de nos propositions. Il s’est contenté de l’injure et de la diffamation», soutient avec vigueur le porte-parole du PAM, Salah El Ouadie.
La famille politique de l’ancien ministre délégué de l’Intérieur, Fouad Ali Himma, explique via un communiqué que « le recours à l’institution judiciaire s’inscrit en harmonie avec l’approche différente que le PAM a de la pratique politique ». Autrement dit, ceux du Parti Authenticité et Modernité ont choisi de s’en remettre à la justice pour demander réparation.
Joint au téléphone ce vendredi 24 juillet, le leader du PJD affirme ne pas avoir été notifié. « Je n’ai encore rien reçu. Ni convocation, ni notification. Je ne ferai aucune déclaration sur les intentions du PAM et je me refuse de déplacer ce procès dans la presse. Il se fera à l’intérieur du tribunal, » a déclaré Abdelilah Benkirane à « Libération », choisissant ainsi de garder le silence jusqu’à l’ouverture du procès.
Dans l’entourage du patron des islamistes, on ne décolère pourtant pas. « C’est une vengeance politique. Le PAM n’a pas réussi à nous combattre et a échoué dans la bataille des villes. Ils n’ont d’ailleurs remporté que deux villes. Maintenant, ils veulent jouer les Zorro de la classe politique et démontrent qu’ils n’acceptent ni la contradiction ni la critique », tempête un PJDiste en vue.
Une accusation que le porte-parole du PAM balaie d’un revers de la main. « Notre message à la classe politique est clair. En allant devant les tribunaux, nous démontrons que nous entendons pratiquer la politique autrement, et surtout dans le respect des adversaires politiques. C’est cela la normalité politique. Il n’est plus permis d‘insulter, de diffamer, d’injurier sans autre forme de procès », conclut Salah El Ouadie.