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A Chersky, en Russie, un journaliste de l’agence Associated Press a suivi le scientifique Sergey Zimov. Pour montrer que la glace contient bien du méthane, le Russe se déplace dans un lac gelé afin de dénicher un amas de bulles emprisonnées. Un briquet d’une main, un couteau de l’autre, il perce la glace. Résultat : du méthane gicle et explose dans une fine flamme bleue.
Certains scientifiques pensent que la fonte de ce pergélisol pourrait devenir la cause principale du changement climatique. Ils estiment que 1.500 milliards de tonnes de carbone, piégé dans la glace depuis le temps des mammouths, représentent une bombe à retardement climatique qui n’attend qu’une chose : exploser en étant relâchée dans l’atmosphère.
Si l’activité humaine (l'utilisation des voitures et l’électricité, par exemple) remplit l’atmosphère de dioxyde de carbone, de méthane et autres gaz qui retiennent la chaleur, le réchauffement climatique est encore plus important dans les régions polaires. Ce qui semble être une augmentation modeste des températures est suffisante pour faire fondre les glaciers du Groenland, réduire l’épaisseur de ceux de l’océan Arctique et accélérer la fonte du pergélisol.
Cette menace liée aux fuites de méthane est si récente qu’elle n’a pas été mentionnée dans le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) publié en 2007, qui s’alarmait de la montée des eaux pouvant inonder les villes côtières, des bouleversements au niveau des précipitations et de l’extinction d’espèces.
Le manque de données sur une longue période rend incertaine l’étendue de cette menace. Un article publié en août dernier dans la revue Science, citait plusieurs experts qui affirmaient qu’il était trop tôt pour prédire si le méthane présent dans l’Arctique était un point essentiel du changement climatique ou non.