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Dans le cadre de la commémoration du 20ème anniversaire de la chute de ce Mur aux grandes dimensions historiques, la fondation allemande Friedrich Ebert (FES) a organisé une formation politique entre Berlin et la ville de Leipzig au profit de 11 jeunes maghrébins sur la réunification de l’Allemagne, dite : Révolution allemande pacifique. Libération était présente lors de cette formation. Impression, témoignages et réalités…
A Berlin, Je garde en mémoire l’image fraiche de cette femme enceinte devant le seul petit guichet du consulat d’Allemagne à Rabat. Elle était debout au milieu d’environ 300 personnes qui attendaient leur tour pour avoir la réponse. Toutes et tous avaient le rendez-vous à la même heure : 14h00. Le soleil était torride et dardait ses rayons droits sur la foule. Ils se protégeaient par des feuilles et classeurs contre ce soleil automnale. Plusieurs, insultaient le système des visas en balbutiant des injures. Certains d’entre eux échangent des opinions. Quelqu’un a déclaré : « c’est vraiment une humiliation. C’est de la Hogra ». Certains s’interrogent : « pourquoi il y a un seul guichet ? Pourquoi on doit attendre toutes ces heures pour avoir la réponse, qui peut être négative et injustifiable ? ». Pourtant, « dans leur pays, les allemands sont ponctuels comme une montre » riposte un citoyen marocain qui attendait plus de trois heures l’arrivée de son tour. « Un Européen peut prendre le premier avion qui vient au Maroc une fois il est décidé. Seul son passeport lui suffit » annonce une concitoyenne avec amertume.
Pour effectuer une demande de visa d’Allemagne, le simple citoyen marocain doit postuler au moins 10 jours avant la date de voyage. Le dossier comporte plusieurs documents et un très long formulaire à remplir. Plus que cela, nos concitoyens doivent payer 60 Euros pour le traitement du dossier. Cette somme est non-remboursable. Si on vous refuse le visa, on ne te rend pas ton argent. Pire encore, on ne vous communique pas la cause du refus.
Ces réalités me rappellent l’affaire de la regrettée Aicha El Mokhtari. Une citoyenne marocaine qui s’est retrouvée devant l’obligation de voyager en France pour se soigner d’une maladie grave qui ne peut être traitée au Maroc. On leur a refusé sa demande. Par la suite elle est morte laissant derrière elle un débat sans précédent sur les conditions d’octroie du visa. Seul, malheureusement, la société civile et la presse ont déclaré leur opinion et ont protesté jusqu’à la destitution du consul français de la ville de Fès. Les institutions politiques, notamment le parlement et le gouvernement ont bien gardé le silence devant cette affaire, et le gardent toujours devant la complexité des conditions.
Une fois à l’aéroport de Rabat-Salé, j’ai bien compris pourquoi les services consulaires européens manquent de considération pour les marocains. Devant les pratiques à la fois despotiques et bureaucratiques des autorités marocaines, on ne peut qu’excuser les ambassades des Etats européens. Nos autorités ne savent rien faire qu’humilier et vexer les citoyens. Avant de quitter l’aéroport pour rejoindre le siège au bord, tas de questions ont été posées. « Pourquoi vous aller en Allemagne ? Montrez-nous vos invitations, le visa seul ne suffit pas… ». Plus de 20 min de questions-réponses. Une véritable enquête ! D’ailleurs ces agents n’ont le droit qu’au contrôle des visas et des passeports. Au contraire, ils m’ont humilient. Moi et Yassine Bazzaz, jeune représentant du Mouvement Nouvel Horizon à cette formation. Une fois à Berlin ; le consulat d’Allemagne à Rabat ne ressemble en rien à ce pays/à cette ville. Un ordre mécanique règne ! Des constructions géantes, des ruelles propres, une circulation organisée, des voitures luxueuses, des couleurs vives animent la ville. A l’aéroport, on ne vous pose qu’une seule question avec un sourire aimable : vous avez du liquide dans votre sac ?! Là bas, à Salé, nous étions contraints de passer quatre barrages, ils nous ont épluché ! L’approche sécuritaire était flagrante. « Cela confirme l’Etat de gendarme que le Maroc est censé de jouer » me dit mon compagnon de voyage. « C’est la contrepartie de la PEV !» répondis-je. Le projet de formation politique destiné aux jeunes maghrébins est intitulé : « Les citoyens bouleversent la politique - exemple de la révolution pacifique et les 20 ans après la chute du Mur en Allemagne ». Il vise à expliquer aux jeunes participants les péripéties de cette révolution dite paisible, et leur faire savoir le processus de la réunification des deux Allemagnes qui ont été divisées en République Démocratique d’Allemagne (Est) et République Fédérale d’Allemagne (Ouest). Ainsi, plusieurs ateliers ont été organisés pour que les jeunes comprennent le rôle de chaque institutions et dynamiques dans cette réunification. Entre autres on cite des ateliers sur le rôle des partis politiques, la société civile, le parlement (Bundestag), les mouvements citoyens, les médias, l’église…
Rares sont les pays qui, ayant connu des années noires de leur histoire, ont instauré des projets et programmes visant la réconciliation avec le passé. En Allemagne, certes, on ne parle pas de réconciliation avec le passé des années marqué par le nazisme noires, mais cette réconciliation s’est réalisée par le choix de la démocratie et la voie du développement et du progrès. Pour la deuxième partie de l’histoire contemporaine allemande, caractérisée principalement par la division et la séparation des deux Allemagne, elle connait une propagande grave. Cela s’illustre par les différents exposés qu’on nous a présentés. Cette propagande est bien en faveur de la culture de l’ouest. Elle admet que la RDA était un point noir et négatif dans l’histoire de l’Allemagne, et l’histoire de l’humanité en général. Ainsi, des institutions telles que « la fondation pour la recherche sur la dictature du Parti Communiste de la RDA (le SED) » ont été créées. Son rôle est celui de préserver la mémoire et de faire des recherches sur le mode jugé absolu dans l’Est. Cette fondation encourage la recherche liée à cette thématique dans les universités. Ainsi plus de 2000 projets de recherches ont eu lieu depuis la réunification de l’Allemagne. Le Bundestag, de son côté, entre 1992 et1998 a lancé deux commissions d’enquête pour traité l’histoire de la RDA. Ces commissions ont été composé d’environs 150 personnes, en majorité des ex-prisonniers politiques en RDA et des opposants du régime soviétique. Les travaux de ces commissions d’enquête ont abouti à 18 livres, un total de plus de 27 000 pages, qui exposent l’histoire de la RDA et les causes et conditions de la division d’Allemagne. Parmi les missions de la fondation pour la recherche sur la dictature du Parti (crée en 1998), on trouve : l’apport de soutien aux « victimes » du régime de la RDA et le dédommagement des gens ayant souffert de ce régime. Cette fondation, par le billet de ses responsables ont affirmé aux jeunes maghrébins que son travail repose sur une scientificité et objectivité claires. Pourtant, on ne peut pas parler d’objectivité alors qu’on indique dès le départ qu’il s’agit des victimes de la RDA. Et qu’en Allemagne de l’Est, la torture et la dictature étaient la règle. Dans une rencontre avec les jeunes maghrébins, un représentant de la fondation, Jens Hüttmann, a indiqué qu’en RDA, « on s’espionnait dans la même famille, dans les entreprises et dans les écoles. Les élèves espionnaient leurs professeurs, et vis-versa » ! Il a ajouté qu’il s’agissait de tragédies humaines dans la société de l’Est causées par le parti communiste, parti unique de la RDA. Il a souligné que « la RDA était surtout la STASI (la police secrète de l’Allemagne de l’Est) » ! Ce membre de la fondation, comme plusieurs d’autres responsables, considère que la RDA n’était pas « un état de droit » mais c’était surtout une société de crime et d’absolutisme. Il a résumé le régime politique au Parti communiste unique qui régnait « avec une dictature sans limites ». Plus encore, il regrette le fait que les membres du bureau politique de ce parti ainsi que les responsables qui étaient à la tête de la SASI ne soient pas jugés. Il a indiqué également que l’un des rôles majeurs de cette fondation est celui de convaincre les citoyens allemands et surtout les jeunes des avantages de ce nouveau système démocratique de l’Allemagne actuelle et de leur signaler la dictature qui régnait en RDA. En conclusion de cette rencontre, je peux dire qu’on entend parler qu’une seule voix. C’est celle de la droite qui gouverne en ère actuelle en Allemagne. Je pense que si les allemand ont bien réussi à détruire le Mur, se sont de nouveaux murs qu’ils construisent dans les têtes. Se sont des murs de la falsification de l’histoire et l’opinion unique. Alors je me demande, est-il possible que la RDA se limite à la dictature du parti unique. Pire encore, on va voir dans les lignes qui suivent que le gouvernement de l’Allemagne a instauré plusieurs institutions ayant pour fin d’éclabousser et salir tout l’héritage de la gauche. C’est une lutte acharnée contre ce « monstre » qui est le communisme, et qui a su s’installé dans une partie de l’Allemagne. Cette lutte se traduit par les messages qu’on fait passer aux jeunes citoyens via les médias, les livres scolaires, la publicité et autres méthodes : le communisme c’est un cauchemar qui ne diffère en rien du nazisme. Je trouve que ces gens ont bien pris l’habitude d’oublier que c’est bien ce communisme qui a libérer l’Allemagne, et avec elle le monde entier des idéologies absolutistes et inhumaines à savoir le nazisme et le fascisme.
Cette guerre menée contre une partie lumineuse de l’histoire de l’humanité, qui est l’URSS et le socialisme, dopée par les différents outils de la propagande, se fait sur tous les niveaux. Cette guerre est n’est pas menée seulement par la droite qui règne en Allemagne, mais par tous les régimes capitalistes du monde entier, notamment par les Etats-Unis. Seules les facettes négatives des soviets et des Etats socialistes sont exposées. Pourtant, les tueries du Viêt-Nam, les massacres des nationalistes en Amérique Latine, les guerres contre l’humanité en Iraq et en Palestine… et autres grands points noirs de l’histoire du capitalisme sauvage reposant sur le profit comme moteur de l’économie et l’impérialisme comme garant de l’existence ne sont point évoqués. Pourtant, l’Allemagne de l’Est (la RDA), comme l’Union Soviétique, ne connaissait pas seulement la dictature comme le prétend aujourd’hui le gouvernement allemand. C’est un Etat qui a participé à la promotion de l’Allemagne moderne. Une Allemagne forte en matière économique (deuxième force mondiale en industrie), une Allemagne des institutions démocratiques, et une Allemagne de la recherche scientifique. La RDA était aussi une force mondiale sur tous les niveaux : l’éducation et l’enseignement, les services publiques, l’agriculture, les industries lourde, l’industrie mécanique… cette force se traduit par les infrastructures et constructions géantes qui existent toujours dans la région Est de l’Allemagne. Plusieurs des citoyens ont la nostalgie pour la gratuité de l’enseignement, des services sanitaires, des écoles et universités… avec la crise économique mondiale qui a influé négativement l’Allemagne, le parti de la gauche allemand Delinke, issu du parti communiste allemand s’est davantage implanté dans la scène politique allemande avec 12,15% des sièges du parlement. Ce retour de la gauche dérange la droite qui gouverne actuellement. Cette montée, désormais, est une réalité.