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Les pierres extraites des très riches gisements de Marange sont désormais admises dans le circuit officiel, après avoir reçu le feu vert en novembre du Processus de Kimberley, le régulateur mondial chargé de lutter contre la commercialisation des “diamants du sang”.
Ces mines situées dans l’est du pays avaient été envahies en 2008 par l’armée zimbabwéenne qui en a expulsé les milliers de prospecteurs, avant de forcer des civils à les remplacer. Selon des groupes de défense des droits de l’Homme, près de 200 personnes ont été tuées et d’autres battues ou violées.
Le Zimbabwe, ruiné dans les années 2000, compte maintenant sur le produit de leur vente pour financer son redressement. L’Etat prévoit que les diamants lui rapporteront 600 millions de dollars cette année, 17% de son budget.
Mais la valeur des gemmes échappant au contrôle officiel se monteraient en milliards de dollars.
“Lorsque vous combinez ce que les entreprises prennent pour elles-mêmes, ce que les groupes publics alignés sur la Zanu-PF (parti du président Mugabe) prennent, et ce qui disparaît des comptes de la ZMDC (la compagnie publique), alors vous verrez que le chiffre peut être supérieur à 2 milliards de dollars par an”, a indiqué à l’AFP un proche du dossier, sous couvert d’anonymat par crainte pour sa sécurité.
“Ce qui arrive jusqu’au Trésor est une goutte dans l’océan”, ajoute-t-il.
“C’est très difficile à estimer car toute la filière des diamants est très opaque”, renchérit Melanie Chiponda du Chiadzwa Community Development Trust, une ONG engagée dans la défense des droits des populations locales. “Nous soupçonnons que les montants seraient de plusieurs milliards de dollars!”
Pendant la frénésie minière qui a précédé l’intervention de l’armée, il suffisait pour acheter une pierre de Marange de s’arrêter au bord des routes.
Taurai Maswere, un villageois déplacé de force qui se présente sous un faux nom, affirme ainsi avoir vendu un diamant de 12 carats (2,4 grammes) pour 18.000 dollars, tandis qu’un chef local donnait des vélos pour récompenser les enfants qui lui ramenaient des gemmes.
L’accès aux mines est désormais réglementé. Mais le marché noir n’a pas disparu.
“Chaque jour, des diamants sortent. (...) Il y en a juste moins qu’avant”, constate Taurai Maswere.
Un prospecteur a été vu en train de remettre des pierres cachées dans ses chaussures à des policiers en civil tandis que les acheteurs étrangers sont légion à Mutare, la principale ville de la région, à la frontière mozambicaine.
En août, Mutare a enterré en grande pompe Bothwell Hlahla, un magnat des diamants proche de la Zanu-PF, et le pedigree de l’assistance, qui incluait des trafiquants patentés, “a permis de montrer que le commerce illicite des diamants est tout simplement entré dans la clandestinité, mais qu’il se porte bien”, a ironisé une source proche du dossier.
Officiellement, l’accent est désormais mis sur la transparence. Mais “les abus sont encore très courants et nous recevons des rapports réguliers des équipes locales d’observateurs des droits de l’Homme”, note Mme Chiponda.
Et de citer les violences des vigiles de la joint-venture sino-zimbabwéenne Anjin Investments, tandis qu’une société sud-africaine travaillant pour Mbada Diamonds “utilise toujours des chiens pour chasser les demandeurs d’emploi”.
“Rien que la semaine dernière, des demandeurs d’emploi ont reçu cinq coups de fouet chacun car ils ne s’étaient pas dispersés assez vite quand on leur a dit qu’il n’y avait pas de travail”, soupire Mme Chiponda.