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Déclaration finale du Forum national des intellectuels ittihadis
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Forum national ittihadi des intellectuels
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Driss Lachguar : La rencontre d'aujourd'hui a pour but de mettre à nu les violations des droits de l'Homme dans la prison Errachid sur le sol algérien
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Driss Lachguar préside la rencontre régionale avec les militants de la région de Casablanca-Settat
Pour l’USFP, cette grand-messe intellectuelle témoigne de sa volonté de réaffirmer l’importance de la culture dans le champ politique et des liens indéfectibles entre les acteurs du savoir et les forces vives de la nation.
Plaidoyer contre le marasme culturel
La séance d’ouverture du forum a été marquée par l’allocution du Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar, lue en son nom par Ahmed El Aked, membre du Bureau politique du parti. Le Premier secrétaire a exprimé sa satisfaction de voir autant de figures culturelles se réunir pour discuter de l'avenir de la culture au Maroc. Il a souligné que cette rencontre intervient dans un contexte de "gel" de l’action culturelle, une situation que l'USFP ne peut accepter. « Nous n'avons pas accepté, en tant qu'acteurs de parti historique qui n’hésite pas à plaider pour la question culturelle et sa priorité, qu'une sorte de marasme culturel soit imposé, ou pour le dire franchement : un gel délibéré de l'action culturelle à des fins inconnues», a-t-il soutenu.
Driss LachguarIl a fait savoir que «les figures culturelles présentes ici ont accumulé des années de lutte et de contribution intellectuelle. Leur interaction avec cette initiative témoigne d’une volonté sincère de faire de la culture un véritable vecteur d’ancrage des valeurs de liberté, de rationalité et de modernité ». Il a ajouté que « dans un monde en mutation rapide, nous devons repenser ensemble la place actuelle de la culture, son rôle à l’ère du numérique, et la mission de l’intellectuel dans une société où les relations deviennent de plus en plus complexes ».
Nous n'avons pas accepté, en tant qu'acteurs de parti historique qui n’hésite pas à plaider pour la question culturelle et sa priorité, qu'une sorte de marasme culturel soit imposé, ou pour le dire franchement : un gel délibéré de l'action culturelle à des fins inconnues
Driss Lachguar a insisté sur le fait que ce forum s’inscrit dans une dynamique visant à faire de 2025 « une année de la culture par excellence », soulignant que « le parti a constaté un recul de l’action culturelle et une marginalisation des voix intellectuelles dans des moments cruciaux de la vie politique et sociale ».
Le Premier secrétaire a dénoncé un état de « gel intentionnel de l’action culturelle » pour des motifs inconnus, alors que « le Maroc, en pleine mutation économique et institutionnelle, a plus que jamais besoin de la culture comme moteur de ce changement, en modifiant les mentalités et en favorisant l’ouverture et le progrès ».
Il a insisté sur le rôle clé des intellectuels dans la consolidation des libertés et des droits, et sur leur contribution au renforcement du double choix constitutionnel du Maroc: la démocratie et le développement. Il a également mis en avant la nécessité d’impliquer pleinement les acteurs culturels dans la construction démocratique et le développement global du pays, notamment à l’approche de l’organisation de la Coupe du monde 2030, un événement qui attirera l’attention du monde entier sur le Maroc.
La culture comme levier de progrès et de modernisation
Driss Lachguar a souligné que « le Maroc, qui occupe une position de leader régional et international dans plusieurs domaines, a choisi de s’engager irréversiblement sur la voie de la modernisation et du progrès. Or, le levier principal de cette avancée est une culture nationale ouverte et dynamique ».
Il a rappelé que l’histoire a prouvé que « toutes les grandes révolutions et renaissances ont été précédées par un mouvement d’illumination intellectuelle et culturelle, porté par des penseurs qui ont su libérer leurs sociétés des carcans du dogmatisme et du conservatisme ».
Le Premier secrétaire a également mis en garde contre la séparation artificielle entre culture et politique, affirmant que «l’indépendance de la culture ne signifie pas son détachement de la politique, mais plutôt sa capacité à jouer un rôle critique et constructif». Il a rappelé que «dans les moments historiques décisifs, l’harmonie entre intellectuels et acteurs politiques a permis des avancées démocratiques majeures dans notre pays».
En revanche, il a mis en évidence «les dangers d’un fossé profond entre la culture et la politique ayant souvent laissé le champ libre aux forces conservatrices». Il a insisté sur le fait que «culture et politique doivent se renforcer mutuellement pour incarner les valeurs de justice sociale, d’égalité et de solidarité».
Driss Lachguar a dénoncé la manière dont «certaines tendances populistes et conservatrices ont, au cours des deux dernières décennies, freiné la liberté d’expression et entravé le pluralisme culturel». Il a pointé du doigt «l’acteur technocratique qui considère la culture comme un secteur non productif, ce qui explique l’absence d’une gestion rationnelle et efficace des budgets culturels ».
Il a également critiqué « le favoritisme dans le financement de certaines initiatives culturelles au détriment d’un soutien transparent et équitable à la diversité créative ».
Driss Lachguar a plaidé pour une réforme institutionnelle profonde, avec la mise en place d’un pacte national pour la culture, rassemblant les acteurs culturels, politiques et économiques afin de définir les grandes orientations culturelles du pays et de renforcer son identité et son rayonnement international.
L’importance de la diplomatie culturelle
Le Premier secrétaire a insisté sur « la nécessité d’une diplomatie culturelle efficace, qui valorise le patrimoine et la diversité culturelle marocaine dans les relations internationales». Il a aussi appelé à «un investissement patriotique dans l’industrie culturelle ne visant pas seulement la rentabilité économique, mais aussi la création d’emplois et l’intégration de la culture dans la stratégie de développement du pays».
Abdelhamid JmahriEnfin, Driss Lachguar a plaidé pour une meilleure gouvernance des ressources culturelles, dénonçant le paradoxe entre « les budgets culturels disponibles et la situation de précarité des artistes, écrivains et créateurs marocains».
La diplomatie culturelle doit être renforcée, modernisée et dotée de tous les outils et mécanismes nécessaires pour défendre les causes de la nation
Pour sa part, Abdelhamid Jmahri, membre du Bureau politique de l’USFP, a mis l’accent sur l’importance de l’intellectuel collectif incarné par l’USFP en tant qu’acteur fondamental dans le champ politique national, afin de répondre aux questions importantes et vitales qui hantent les esprits des intellectuels.
Dans sa présentation de la plateforme de ce forum, Abdelhamid Jmahri a souligné que les intellectuels sont appelés à jouer un rôle majeur et important aujourd’hui, à la lumière des dispositions de la Constitution de 2011 et des mutations profondes que connaît actuellement le Maroc.
Il a indiqué que la culture peut aujourd’hui jouer ce rôle important à la lumière des évolutions que connaît notre pays dans la relation entre l’intellectuel et l’homme politique et vice-versa, affirmant que le forum vise à répondre à de nombreuses questions soulevées au sein de la société.
Abdelhamid Jmahri a également pointé du doigt la faiblesse de la diplomatie culturelle qui doit donc être modernisée et dotée de tous les outils et mécanismes nécessaires pour défendre les causes de la nation.
La plateforme met l’accent sur l’importance de la culture pour la démocratie et le développement dans notre pays. Selon ce document, la culture est essentielle pour le développement de la démocratie, le sentiment national et la participation civique. Il met en évidence trois moments historiques où la culture a joué un rôle central dans la construction de l'identité nationale, la lutte pour l'indépendance et les transitions politiques.
La plateforme reconnaît la contribution des intellectuels et des penseurs dans l'élaboration de réponses aux questions cruciales lors des transitions politiques, notamment en ce qui concerne l'indépendance, la justice transitionnelle, la mémoire historique et l'identité ouverte.
Le document appelle aussi à la création d'un nouveau pôle culturel à même de traduire les principes de démocratie, de modernité, de liberté et de rationalité, en mettant en œuvre les dispositions constitutionnelles, en respectant la diversité et en renforçant le sens de la citoyenneté.
L’USFP met en évidence le rôle historique de l'Union des écrivains du Maroc et la nécessité de surmonter les obstacles organisationnels pour qu'elle puisse contribuer au développement démocratique du pays. Il propose des pistes pour renforcer son rôle, notamment en tenant compte du contexte national et régional en mutation, en s'impliquant dans les politiques culturelles et en développant une diplomatie culturelle efficace.
Le document souligne l'importance de la création de "Dar al-Fikr", un espace dédié à la culture, et appelle à ce qu'il soit utilisé pour relever les défis culturels nationaux et contribuer à l'élaboration de politiques culturelles publiques.
Il insiste sur la nécessité de renforcer la diplomatie culturelle du Maroc en développant des relations avec d'autres organisations culturelles, notamment en Afrique et en Asie et appelle à une diplomatie culturelle défendant les droits des écrivains, la liberté d'expression et les valeurs de modernité.
Mourad TABET