La crise du ciment menace de paralyser les chantiers en Algérie

Forte demande, pénuries récurrentes et renchérissement des prix


Mohammed Taleb
Mardi 21 Mai 2013

La crise du ciment menace de paralyser les chantiers en Algérie
L’Algérie vient de franchir récemment un pas important dans le cadre d’un programme global sur quatre ans (2010 – 2014), et qui prévoit la réalisation de 2,4 millions de logements, par la garantie du financement d’une tranche  de 300.000 logements. En effet, le Crédit populaire d'Algérie (CPA) et un consortium des banques publiques vont financer pour 1200 milliards de dinars, 12 milliards d’euros (€), la construction de 300.000 logements de type location-vente et promotionnel public (LPP), dans le cadre de la plus grosse opération de financement par concours bancaire dans l'histoire de l'Algérie.
Un effort, parmi d’autres, qui risque fort d’être gâché. Pourquoi?  La raison est simple, l’Algérie qui n’est pas autosuffisante en ciment, ingrédient essentiel pour la mise en œuvre de cette tranche, voire de l’ensemble de ce programme, se trouve obligée d’aller le chercher sur les marchés mondiaux.
  Les pénuries récurrentes de cet  ingrédient essentiel pour le bâtiment impactent gravement la réalisation de ce programme, qui bat son plein durant la période «sèche» d’avril à octobre, qui connaît les plus importantes  mises en chantier des projets publics.
 A cet effet, des centaines de chantiers sont ainsi bloqués, des livraisons de projets retardées sans oublier que le ciment se vend sur le marché à des prix atteignant parfois le triple à sa sortie d’usine, à cause de la spéculation. A titre d’exemple, un sac de ciment de 100 kg qui vaut  habituellement 470 DA est cédé, au marché parallèle, à 1200 DA, voire plus.  
Face à cette donne, l’importation reste le seul recours pour combler le déficit. Les importations du groupe public Gica, chargé des achats à l'international de ciment, ont enregistré une hausse de l’ordre de 101,7% au premier trimestre 2013, passant ainsi à 795.608 tonnes contre 394.345 tonnes à la même période en 2012.
Mais cela n’empêche pas que le problème du déficit persistant, dépassant les 3 millions de tonnes,  reste posé face à un plan de charge prévoyant la réalisation de 200.000 logements par an, abstraction faite des autres projets d'équipements publics et privés. Et ne permet pas également d’arrêter l’envolée des prix du ciment sur le marché local.
 Pire, les besoins de l’Algérie en ciment devront encore progresser avec le lancement d’autres tranches dudit programme et bien sûr d’autres projets dans des secteurs économiques.
Face à cette situation complexe, le pouvoir algérien privilégie de mettre en cause tout un programme, dont la population locale attend les résultats,  rien que pour ne pas «rabaisser» son orgueil, voire sa mégalomanie face à un pays frère tel que le Maroc.
Etant donné que ce matériau est abandonnement disponible dans ce pays, où la production du ciment se trouve actuellement dans une situation de sous-emploi et peut donc répondre à tout moment à une quelconque demande algérienne.
Au lieu de se procurer ce matériau du Maroc, les autorités algériennes continuent de chercher midi à quatorze heures en s’orientant vers les marchés internationaux, même si ce recours ne fait pas l’affaire.
 Ce n’est qu’un cas illustratif, entre autres, de l’absence d’une intégration économique entre les pays du Maghreb. Une absence qui pénalise en premier lieu les citoyens du Grand Maghreb, mais également les PME voire les grandes entreprises de cet espace «commun». Mais qui reste très éloquent pour ceux qui en doivent tirer des enseignements.
En attendant, place au rêve! Espérons qu’il y aura une union économique maghrébine.  L’Algérie pourrait alors se procurer cette matière auprès de son voisin, à des prix bonifiés par rapport aux cours mondiaux.
Au niveau de cette absence d’intégration économique, les chiffres  parlent d’eux-mêmes. En termes d’échanges commerciaux, l’absence d’«intégration»  fait perdre à ces deux économies environ 3 milliards de dollars par an. Une somme colossale dont les populations locales ont besoin plus que jamais en ces temps de crise.
Reste à dire, qu’en politique, il n’y a pas d’alliés ni d’ennemis, il n’y a que des intérêts, qu’il est du devoir du politicien de défendre. Cet adage politique, devenu au fil du temps une «loi» qui régit les décisions et les stratégies des gouvernants, ne semble pas inspirer les décideurs de notre voisin oriental.


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