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Intervenant lors d’une séance des questions orales à la Chambre des conseillers, au cours de la semaine dernière, Mohand Laenser a indiqué que 50% de ces crimes concernent les agressions physiques et les atteintes aux biens privés et publics. Quant aux 50% restants, ils concernent ce que le ministre a qualifié de «criminalité normale» comme le vol. Un propos qui en dit long sur la prise de conscience par le ministre des préoccupations sécuritaires des citoyens marocains.
En effet, le ministre n’est pas à sa première intervention sur le sujet. C’est son cinquième passage qui ne fait que ressasser les propos qu’il a tenus depuis son investiture en tant que ministre de l’Intérieur il y a plus d’un an. Un discours en déphasage avec la réalité comme en atteste son intervention en avril 2012 assurant que le taux des crimes graves a baissé de 2% alors que des statistiques officielles ont confirmé que les six premiers mois de 2012 ont enregistré une augmentation du taux de criminalité estimé à 12% par rapport à la même époque de 2011. Autrement dit, l’année 2012 a enregistré 289.000 crimes contre 196.000 en 2011 soit 19 affaires pour 1.000 habitants contre 17 en 2011.
Des contredits défendus par le chef du gouvernement lui-même qui n’a pas hésité à déclarer, lors d’une séance mensuelle devant la Chambre des représentents au courant de cette année, que le taux de criminalité au Maroc n’a guère augmenté durant la dernière décennie puisque le nombre de crimes enregistrés en 2011 ne dépasse pas 445.566 contre 400.300 en 2002.
Des affirmations qui balayent d’un revers de main les déclarations de deux anciens ministres de l’Intérieur, à savoir Chakib Benmoussa (2006-2010) qui a précisé, le 22 novembre 2006, devant les députés que le taux de criminalité avait augmenté de 2%. Une hausse qui sera étayée en juin 2010 par son successeur Taïb Cherkaoui qui indiquait, toujours à la première Chambre, qu’en 2009, la criminalité avait augmenté de 3,46%.
Qui croire ? Loin de toute surenchère politique, les chiffres sur la criminalité au Maroc posent problème. En effet, les statistiques sur le nombre et le type d’affaires criminelles sont établies et diffusées par la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Il s’agit des rapports annuels présentant une analyse des variations des taux de crimes déclarés par la police dans les villes du Royaume. Lesdits repports fournissent des renseignements sur le nombre d'affaires déclarées par la police survenues dans une population donnée. Chaque affaire criminelle, quel que soit le type ou la gravité de l'infraction, a la même valeur dans le taux.
Or, les experts sont unanimes à considérer que la variation du taux de déclaration des crimes constitue l'un des inconvénients de base liés à l'utilisation des données de la police. La déclaration à la police dépend de la gravité du crime. Ainsi, les infractions moins graves sont moins susceptibles d'être signalées à la police et du coup, elles ne font pas partie des statistiques officielles. Les chiffres sur la criminalité pèchent également par leur silence sur certains aspects qui peuvent fournir des précisions relatives à la gravité des différents crimes, comme c’est le cas de la perception du public à l'égard de la criminalité et son coût financier.
Des lacunes qui remettent au goût du jour un certain projet de loi portant création de l’Observatoire de la criminalité par le gouvernement en 2012. Il s’agit d’un nouvel organe qui sera chargé, entre autres, de suivre le développement des crimes, l’analyse de leurs causes, la collecte des données statistiques ainsi que la mise en place d’indicateurs sur le développement du crime en coopération avec les autres parties judiciaires, administratives et sécuritaires. Des travaux qui seront, par ailleurs, mis à la disposition du grand public.
Au jour d’aujourd’hui, aucune information n’a filtré sur ce projet. Les responsables du ministère assurent qu’il est dans le pipe. En attendant, ce sont les chiffres du ministère de l’Intérieur qui font loi.