La cession de la plage “Sahb Addahab” de Harhoura provoque l’ire du Réseau marocain de défense des biens publics

Une plainte va être déposée afin qu’une enquête soit diligentée à propos de la cession de ce site


Naîma Cherii
Mercredi 25 Juin 2014

La cession de la plage “Sahb Addahab” de Harhoura provoque l’ire du Réseau marocain de défense des biens publics
Le Réseau marocain de défense des biens publics vient de jeter un pavé dans la mare. Son président, Mohamed Meskaoui, met en garde contre des magnats du bâtiment qui veulent exploiter le domaine public maritime au détriment de l’équilibre des écosystèmes. Et comme si cela ne suffisait pas, des responsables et des hauts fonctionnaires de l’administration, censés pourtant protéger le domaine public maritime, sont impliqués dans des opérations de cession du domaine public maritime, dénonce le président du Réseau, lequel évoque le scandale qui a dernièrement fait la Une de la presse ; à savoir l’opération de cession de la plage de « Sahb Addahab », à Harhoura dans la région de Temara. 
Mohamed Meskaoui nous a déclaré à ce propos que son Réseau compte, dans les tout prochains jours, déposer plainte auprès du procureur du Roi près la Cour d’appel de Rabat pour qu’il diligente une enquête au sujet des circonstances ayant conduit à la cession de ce site. Une opération, rappelons-le, qui a fait couler beaucoup d’encre depuis 2011, et dont la presse a récemment rendu compte du  lancement des travaux de fouilles et de dragage du sable, dans l’objectif d’entamer la réalisation des premières constructions. 
« Avec les travaux qui viennent d’être lancés, on commence, en fait, à mettre à exécution le complot qui a été malheureusement ourdi par d’anciens responsables et de hauts fonctionnaires pour s’accaparer de ce qui reste encore de cette belle plage publique de « Sahb Addahab »», souligne un communiqué diffusé par le Réseau, lundi 23 juin. Selon Mohamed Meskaoui, le bureau du Réseau doit se réunir, la semaine prochaine, pour décider des procédures qui doivent être entamées par l’avocat du Réseau, Me Chmaou, pour l’ouverture d’une enquête concernant la « légalité de cette opération ». 
Dans des lettres envoyées, ce mardi 24 juin, au chef du gouvernement, Abdelillah Benkirane et au ministre de tutelle, Aziz Rebbah, le Réseau demande à ces derniers d’assumer leurs responsabilités pour la préservation du domaine public maritime. 
« Au Réseau marocain de défense des biens publics, nous estimons que la situation est très préoccupante. On assiste de plus en plus à des opérations de cession de terrains relevant du domaine public maritime. Malheureusement, on ne fait rien pour arrêter l’hémorragie et pour préserver les plages publiques qui n’ont pas encore été cédées à des hérauts  de la mafia de l’immobilier », lance l’associatif. Pour ce dernier, « le chef du gouvernement ainsi que le ministre en charge du domaine public maritime sont responsables de cette situation très inquiétante. Et il faut qu’ils assument leurs responsabilités pour demander des comptes à tous les responsables mis en cause dans pareilles opérations de cession du domaine public maritime ». « Le chef du gouvernement ne cesse de crier haut et fort que son objectif est de lutter contre la prévarication. Mais comment peut-on appeler le fait de vendre des plages, censées faire partie du domaine public maritime, si ce n’est de la prévarication ? A cause de ce genre d’opérations, on empêche des milliers de Marocains d’accéder à des plages qui pourtant demeurent une propriété de tous les citoyens, pauvres ou riches fussent-ils», déplore le président du Réseau. Ce dernier ajoute, non sans exacerbation, « nous ne voulons pas devenir comme l’Egypte où, sous l’ère de Hosni Moubarak, les gens payaient pour accéder à une plage, à cause des magnats de l’immobilier qui ont accaparé pratiquement toutes les plages de ce pays, privant ainsi les citoyens pauvres d’y accéder gratuitement ». Ce genre d’opérations, dénonce notre interlocuteur, contribue « à renforcer davantage l’économie de rente dans notre pays et surtout à la victoire de la prévarication ». Pourtant, dit-il, « le slogan scandé par les responsables est la lutte contre la prévarication, sous toutes ses formes. Or avec ce genre d’opérations illégales, la prévarication va se renforcer davantage sous le mandat de ce gouvernement qui adopte en fait la politique de l’impunité ».
Depuis le protectorat, les autorités ont toujours refusé d’autoriser des constructions sur le site du Val d’or à Temara, tient à rappeler Mohamed Meskaoui. Car, explique-t-il, « non seulement ce site relève du domaine public maritime et qu’il ne doit donc pas être cédé, mais parce qu’il a surtout une histoire très ancienne et des particularités environnementales au niveau de la région. Son positionnent géographique fait de « Sahb Addahab » un site très particulier, et c’est ce qui explique d’ailleurs l’engouement de ces magnats de l’immobilier pour s’accaparer un tel site ». Aujourd’hui, « avec la cession de cette plage, on prive des dizaines de milliers de familles marocaines d’y accéder », regrette le président du Réseau marocain de défense des biens publics. 
Parmi les noms ayant profité de cette cession, lit-on dans le communiqué du Réseau, il y a d’anciens responsables et des cadres de l’administration, qui ont bénéficié de cette opération de cession du « Val d’or ». On accuse même l’ancien ministre de l’Equipement et du Transport, Karim Ghellab, de s’être servi de sa fonction ministérielle pour bénéficier d’un terrain sur le site.
Dans une déclaration à la presse, le ministre avait réfuté "toutes les allégations tendancieuses" rapportées par certains médias, selon lesquelles il se serait servi de son poste de ministre pour bénéficier d'un lot de terrain relevant du domaine public maritime dans la plage Petit Val d'or, près de Témara. L’ancien ministre istiqlalien a assuré que,  «  par respect de l'opinion publique que certains tentent d'induire en erreur en colportant ces mystifications, il ne ménagera aucun effort pour défendre sa réputation en faisant valoir ses droits à cet effet ».
La même source indique que « dans le cadre de leur incitation, certains fonctionnaires s'étaient vu attribuer en 1997 des autorisations d'occupation temporaire du domaine public maritime conformément aux lois en vigueur en vue de réaliser un projet au profit des cadres de ce département, sous forme de résidences de vacance ». Le responsable a aussi relevé que « face aux difficultés rencontrées par le projet concernant l'obtention du permis de construire à titre individuel, les fonctionnaires concernés se sont organisés dans le cadre d'une association baptisée « Association du lotissement Sahb Addahab pour l'estivage », créée le 8 février 2006 pour la mise en œuvre du projet.


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