La Toile fait corps contre l’ordre moral intégriste

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Narjis Rerhaye
Jeudi 25 Juin 2015

La Toile fait corps contre l’ordre  moral  intégriste
«C’est comme un élan citoyen. Des citoyens 2.0 qui se mobilisent pour mener des actions sur la Toile pour s’opposer à la vague intolérante, moralisatrice sur laquelle surfent les islamistes au pouvoir ».  Depuis quelques jours, ce jeune très actif sur les réseaux sociaux suit le mouvement.  La Toile  est le premier réceptacle de l’indignation et  de la colère d’hommes et de femmes qui se donnent rendez-vous sur les réseaux sociaux pour commenter une actualité brûlante en terre marocaine. 
« Et tous ceux qui pensent que tout cela n’est que du virtuel et que le Net s’est substitué aux conversations de salons feutrés ont tout faux. Même s’il s’est mal terminé dans de nombreux pays de la région, le Printemps arabe a commencé par des appels lancés sur les réseaux sociaux », tient à rappeler ce bloggueur de la place. 
En moins d’une semaine, pas moins de trois initiatives sont nées sur le digital  soit pour exprimer le soutien fort aux libertés individuelles et condamner la dérive conservatrice qui frappe le pays, soit pour appeler, en ces temps pré-électoraux, les édiles à rendre des comptes. « Ces trois actions ont un dénominateur commun, l’approche des échéances électorales. Il ne faut pas perdre de vue, qu’à défaut de bilan économique et social, ce gouvernement s’est déplacé sur le terrain dangereusement populiste des mœurs et de la morale sur fond de religion. Quant à la reddition des comptes des élus réclamée par des citoyens, c’est une initiative qui témoigne de l’implication des citoyens se sentant concernés par la gestion communale et le prochain scrutin », explique cet influenceur de la place
Au lendemain de l’arrestation de Mohcine et Lahcen –les deux jeunes qui ont été condamnés vendredi dernier à 4 mois de prison ferme pour homosexualité et atteinte à la pudeur –une pétition mondiale a été mise en ligne par le collectif Asswat pour appeler à la libération des deux hommes.  Le collectif qui se bat contre les discriminations fondées sur la sexualité et le genre a ainsi pu recueillir quelque 65.000 signatures. «Ce qui peut expliquer la relative clémence des juges. Ils ont échappé à 3 années de prison ferme, même si ces deux jeunes hommes n’ont rien à faire en prison et que  l’article 489 est un anachronisme sans nom », fait valoir cette avocate.  
Une pétition en chasse l’autre. Ou presque. En début de semaine, une nouvelle pétition mondiale a été mise en ligne par des citoyens sur avaaz.org, le site des pétitions citoyennes. 
« Mettre une robe n’est pas un crime »
« Au ministre de la Justice et des Libertés : mettre une robe n’est pas un crime », une pétition a été dictée par les poursuites judiciaires contre deux jeunes filles pour « atteinte aux mœurs ».  Cela s’est passé dans la région d’Agadir, au souk d’Inezgane.  Les jeunes femmes en question ont été violemment  prises à partie par des individus qui ont estimé que leurs tenues vestimentaires étaient indécentes. Elles seront arrêtées, passeront la nuit au commissariat avant d’être présentées au procureur qui a décidé de les poursuivre. L’audience est prévue le 6 juillet prochain. 
« Ceci est une atteinte aux libertés individuelles et aux droits de l'Homme! Une partie significative des femmes marocaines s’habillent en robe ou autres, depuis des décennies. Sont-ce les lois en vigueur qui gèrent aujourd'hui l'espace public ou est-ce bien les individus ayant le moins de respect pour les libertés et droits d’autrui, au nom de normes qui leur sont propres? Ceci est une régression et un cas qui ouvre la voie à ceux qui veulent s’insurger en moralisateurs ou prêcheurs pour imposer leurs propres lois! Nous sommes tous concernés! Mettre une robe n’est pas un crime ! », peut-on lire dans le texte de la pétition qui a reçu plusieurs milliers de signatures en 48 heures. 
Des régressions en matière de libertés individuelles aux défaillances de la gestion communale, il n’y a qu’un pas que  des citoyens ont franchi en fondant le groupe « nthassbou » sur Facebook.
Ce groupe est né d’une indignation et d’une colère, expliquent ses administrateurs. « Indignés par les images d’une gestion communale défaillante,
inquiets de sortir dans nos rues dans le noir, énervés de voir des gosses transformer les chaussées en terrain de foot en l’absence d’infrastructures et enfin fatigués des détritus qui s’amoncellent, des routes crevassées, des trottoirs inachevés, des demandes d’autorisations bloquées sans raison, d’élus invisibles, nous avons lancé l’action nthassbou pour demander des comptes. Parce que la voix de chacun d’entre nous compte. Les élections communales sont toutes proches et notre voix doit peser de tout son poids pour une gestion communale faisant le pari de la proximité et du développement ». 


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