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La chute de l'URSS s'était traduite par un spectaculaire déclin du secteur de la recherche. L'ambitieux projet du président vise à métamorphoser le pays en pôle de modernité. Il s'agira de faire surgir en trois à sept ans de la terre nue de Skolkovo, une banlieue chic de Moscou, une "ville de l'innovation" (en russe "Innograd"), a expliqué Vladislav Sourkov, chef-adjoint de l'administration présidentielle. Elle sera dédiée aux priorités définies par le président Medvedev: l'énergie, les technologies de l'information, les télécommunications, le biomédical et le nucléaire. Le site qui n'accueille pour l'heure qu'une Business school, devra à terme héberger "les quartiers généraux des entreprises les plus importantes et les plus modernes" et attirer des spécialistes du monde entier, a-t-il déclaré à la télévision. "Si, au bout du compte, nous n'avons pas deux, trois ou quatre lauréats du Nobel qui vivent et travaillent dans cette ville, cela voudra dire que nous n'avons pas réussi", a-t-il ajouté. Le projet sera coordonné par l'un des oligarques les plus en vue du pays, le milliardaire Viktor Vekselberg, patron du conglomérat industriel Renova.
La ville pourra, le cas échéant, se voir attribuer un "régime juridique spécial", a précisé M. Medvedev.
Selon une source citée par le magazine Rousski Newsweek, il s'agirait de créer "un genre d'oasis", dont les habitants seraient protégés de certaines réalités quotidiennes fâcheuses de la vie économique russe comme la corruption ou les pressions abusives des fonctionnaires.
Malgré ces promesses, les spécialistes préfèrent faire preuve de prudence, rappelant que les autorités ont accumulé les échecs en la matière dans le passé. "Sans aucun doute, Innograd sera construit. C'est un projet lancé par le président. Mais sera-t-il utile?", s'interroge Ilia Ponomarev, député à la Douma (Parlement) et spécialiste des technologies de l'information. Rien ne garantit la fidélité des futurs employés d'élite de la cité: "Au moindre problème, ils quitteront Innograd pour d'autres lieux, y compris la vraie Silicon Valley", indique-t-il à l'AFP. Dan Medovnikov, spécialiste de l'innovation auprès du magazine Expert, se montre plus compréhensif. Selon lui, la nomination d'un oligarque à la tête du projet est effectivement susceptible d'apporter "l'air frais" indispensable à l'innovation, là où un fonctionnaire agirait de manière "bureaucratique". "Avant, les efforts des autorités étaient mal coordonnés. Il y a un espoir que cette fois, avec l'aide du monde des affaires et des experts, le pouvoir parvienne à faire fonctionner un système national d'innovations. Si l'Etat ne s'en occupe pas, rien ne marchera", juge-t-il. Les autorités russes, après plusieurs tentatives, ont renoncé à bâtir à partir des infrastructures héritées de l'URSS jugées trop rigides, souligne-t-il. D'où ce projet qui part de zéro.
Olga Ouskova, présidente de l'Association nationale pour les innovations et le développement des technologies de l'information, est beaucoup plus sceptique: "Au bout du compte, nous aurons un projet qui a coûté et coûtera encore très cher. Et cela portera un nouveau coup au thème de l'innovation. La confiance s'envolera définitivement", déplore-t-elle dans le quotidien Vremia Novosteï.